L’ÉTAT FRANÇAIS LAISSE MOURIR UNE FRANÇAISE DE 28 ANS DANS LE CAMP DE PRISONNIERS ROJ, NORD-EST DE LA SYRIE

Communiqué de presse

Camp de prisonniers en Syrie où des enfants français sont détenus avec leur mère.

Elle avait 28 ans. Depuis le mois de février 2019, elle était prisonnière avec sa petite fille de 6 ans dans le camp de prisonniers Roj, au nord-est de la Syrie. 

Elle fait partie des 80 femmes françaises qui se sont rendues aux forces kurdes avant la chute du dernier bastion de l’EI, ou qui ont été emmenées dans ces camps pendant la bataille de Baghouz. 

Elle était diabétique, insulino-dépendante, et gravement malade. Dès le premier trimestre 2019, sa famille et Me Marie Dosé ont informé l’Élysée et le quai d’Orsay de la dégradation de son état de santé, et ont demandé un rapatriement sanitaire pour elle et sa petite fille. Ces demandes de rapatriement ont été réitérées auprès des autorités françaises durant trois ans. 

En vain. En janvier 2021, les membres de la délégation française venus chercher 7 enfants arrachés à leurs mères sont passés devant la tente de cette jeune femme et de sa petite fille : ils ont fait le choix de les laisser sur place en toute connaissance de cause.

Durant presque trois ans, cette femme a souffert le martyre, sous une tente, devant sa petite fille. Mal soignée, elle a vécu une longue agonie, alternant des périodes où elle ne pouvait plus se mouvoir et des moments de rémission. Sa famille a toujours espéré que le gouvernement français, régulièrement alerté et informé de son état, finirait par la rapatrier.

Le président de la République et le gouvernement ont préféré laisser souffrir une femme durant des années, sous les yeux de sa fille, plutôt que les rapatrier toutes deux. Ils ont choisi de la laisser mourir dans l’horreur d’un camp de prisonniers, en prenant sa petite fille à témoin de son agonie.

Pour Emmanuel Macron, la présidence française de l’UE sera marquée par l’humanisme, l’esprit des Lumières, le respect des droits de l’homme. Ce qu’il nous donne à voir avec cette mort sordide, qu’il devra assumer, c’est une immense inhumanité, une absence totale d’éthique et de responsabilité, un mépris glacial pour les droits humains et pour la vie. 

Aujourd’hui, c’est une femme qui meurt, une femme qu’on aurait pu, qu’on aurait dû sauver. Demain, un enfant ? Aujourd’hui, une petite orpheline de plus est livrée à elle-même dans le camp Roj, ce Guantanamo pour enfants, cette honte de notre République. Emmanuel Macron va-t-il assumer aussi des morts d’enfants ou d’autres femmes ? 

Cette ignominie n’a que trop duré : combien de morts faudra-t-il pour que la France se décide à rapatrier les enfants français et leurs mères détenus dans le camp de prisonniers Roj depuis des années ?

Elle avait 28 ans. Elle est morte sous les yeux de sa petite fille un 14 décembre 2021 au matin, après trois années de souffrance. Son corps a été enterré quelques heures après sa mort, dans un coin de terre, à côté du camp Roj, loin de sa famille. Parce qu’on ne rapatrie ni les vivants ni le corps des morts… Jusqu’à quel degré d’inhumanité la France va-t-elle tomber ?

Le 15 décembre 2021.

Le « Collectif des Familles Unies »