32 enfants et leurs mères rapatriés de Syrie. Il reste une centaine d’enfants dans les camps. Pas une seul enfant français ne doit rester dans les camps en Syrie

Communiqué du Collectif des Familles Unies du 240123

32 enfants français et 15 femmes viennent d’être rapatriés de Syrie. Ils étaient détenus dans le camp de prisonniers Roj, dans le nord-est de la Syrie, depuis quatre ans ou plus. 

C’est la troisième opération d’ampleur effectuée par la France depuis que notre pays a abandonné la politique du « cas par cas » (qui n’avait permis que le rapatriement de 35 enfants, la plupart orphelins, entre 2019 et 2021) et le refus systématique de rapatrier les mères, qui prévalaient jusqu’en juillet 2022. 

La France a été condamnée par le Comité des droits de l’enfant des Nations Unies en février 2022 pour violer le droit à la vie des enfants français en ne les rapatriant pas, elle a été condamnée en septembre 2022 par la Cour Européenne des droits de l’homme pour l’arbitraire de sa politique de non-rapatriement, elle vient d’être condamnée par le Comité contre la torture des Nations Unies pour exposer des enfants à des traitements inhumains et dégradants en les abandonnant dans des camps de prisonniers. Triste avalanche de condamnations internationales pour un pays dont les dirigeants se réclament des droits de l’homme, de l’Etat de droit, de l’esprit des Lumière, de la protection de l’enfance ou de l’humanisme.

Ce rapatriement de 32 enfants est donc bien sûr une bonne nouvelle : 32 enfants ont été sauvés de l’enfer des camps, après des années de captivité. Ces enfants auraient pu être rapatriés depuis des années, et personne ne leur rendra ces années d’enfance perdues derrière des barbelés, mais ils vont pouvoir enfin revivre dans la sécurité, retrouver une vie d’enfant, aller à l’école, rejoindre leur famille qui les attend depuis si longtemps.

Mais il reste encore une centaine d’enfants français dans le camp de prisonniers Roj. La France a le devoir de les protéger et de les rapatrier, comme les autres. Après la politique du « cas par cas », la nouvelle « doctrine » française est à présent de ramener les enfants dont la mère a demandé expressément le rapatriement. Pour notre Collectif, c’est l’intérêt supérieur de l’enfant, et lui seul, qui doit être pris en compte dans la politique de rapatriement.

Parmi la cinquantaine de femmes françaises qui restent avec leurs enfants dans le camp de prisonniers Roj, il y a des femmes qui demandent depuis longtemps leur rapatriement. D’autres femmes ont exprimé d’une manière ou d’une autre leur refus de retourner en France, pour des raisons qui peuvent être diverses (fidélité à l’idéologie de Daech, espoir d’être rapatriée dans un pays tiers, refus d’être séparée de leurs enfants après des années de vie en symbiose sous une tente, pression d’autres femmes, effets d’un enfermement prolongé avec les enfants…) D’autres enfin n’ont encore rien demandé, ou ont exprimé des avis confus et fluctuants.

Pour le Collectif des Familles Unies, le refus de certaines femmes d’être rapatriées en France ne saurait prévaloir sur l’intérêt supérieur de l’enfant. Et l’intérêt supérieur des enfants français des camps syriens, ce n’est pas de croupir indéfiniment dans un camp de prisonniers, sans protection, sans soins ni école, soumis à des traitements inhumains et dégradants, en contact permanent avec l’endoctrinement extrémiste qui prévaut dans les camps. L’intérêt supérieur des enfants est également d’être rapatrié avec leur mère, d’autant que les autorités kurdes ont maintes fois affirmé qu’elles refusaient le rapatriement des enfants sans les mères (même si elles ont dérogé plusieurs fois à ce principe). Dès lors, TOUS les enfants doivent être enlevés de l’enfer des camps et rapatriés, pour respecter leur intérêt supérieur, que leur mère soit d’accord ou pas. L’intérêt supérieur des enfants, tout comme des raisons de sécurité pour notre pays souvent évoquées, exigent un rapatriement des enfants et de leurs mères. Nous rappelons que toutes les femmes françaises détenues en Syrie font l’objet d’un mandat d’arrêt international ou d’un mandat d’amener émis par un juge français. Ces femmes sont par ailleurs détenues sans droit ni titre par un acteur non étatique, sans possibilité d’accès à un avocat, et ne seront jamais jugées sur place. Elles doivent donc être ramenées, volontairement ou pas, car elles ne sont judiciarisées qu’en France.

En tout état de cause, et dans tous les cas de figure, c’est l’intérêt supérieur de l’enfant qui doit prévaloir, comme l’a rappelé la Cour Européenne des Droits de l’Homme, comme l’ont rappelé les Comités des droits de l’enfant et contre la torture des Nations Unies. Il est grand temps de mettre fin au calvaire de tous les enfants français prisonniers depuis tant d’années dans des camps sordides. Pas un seul enfant français ne doit rester dans les camps du Nord-Est syrien.

Le 24 janvier 2023

Le Collectif des Familles Unies