Témoignage d’une soeur

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«  Elle veut rentrer, payer sa dette »: la sœur d’une femme de jihadiste retenue en Syrie demande son rapatriement en France

La soeur de Sabrina est partie en Syrie en 2014 avec son mari jihadiste. Aujourd’hui, elle se trouve avec son fils de 3 ans dans un camp géré par les Kurdes. 

En 2014, la sœur de Sabrina a suivi son mari parti faire le jihad en Syrie. Depuis, lui est mort au combat. Elle, détenue par les Kurdes avec son fils dans un camp au nord du pays, veut rentrer en France.

Sa sœur est parmi les dizaines de familles ayant porté plainte auprès de la Cour de Justice de la République (CJR) contre le ministre des Affaires étrangères pour « omission de porter secours ». Elles reprochent à Jean-Yves Le Drian, de manière « pesée, volontaire et intentionnelle », de refuser de rapatrier femmes et enfants de jihadistes.

« J’en ai beaucoup voulu à ma sœur », concède auprès de BFMTV Sabrina, qui aujourd’hui se bat pour la faire rentrer. « Maintenant je lui en veux beaucoup moins. Je sens chez elle beaucoup de remords, beaucoup de regrets, de la culpabilité. » « Pour l’instant, j’en veux au gouvernement », poursuit-elle, « parce qu’en fait, c’est le seul à pouvoir résoudre ce problème ». 

« Elle veut retrouver une vie normale »

« En fait, elle veut sauver son enfant, elle veut rentrer, payer sa dette et retrouver une vie normale », affirme Sabrina. Le garçon, 3 ans, vit avec elle dans le camp kurde. 

Sabrina parvient à échanger avec sa sœur par messages. Elle lui envoie des photos de ses conditions de vie, entre rats, scorpions et insectes, le tout au milieu des déchets. Même les produits de première nécessité sont difficiles d’accès. 

« Ma soeur me racontait que juste pour remplir quatre bidons d’eau dont elle a besoin dans la journée, il faut qu’elle s’y prenne à 6h du matin. Il faut qu’elle fasse une queue interminable de 3h pour arriver à remplir quatre bidons d’eau » , illustre sa parente. 

Cette dernière espère aujourd’hui être entendue. Le gouvernement « est le seul à pouvoir les sauver, les rapatrier », martèle-t-elle. Plus personnellement, confie-t-elle, « je veux retrouver ma sœur ». « C’est la seule famille qu’il me reste, donc oui je veux la retrouver », glisse Sabrina. 

« Les Kurdes n’ont de cesse d’exhorter les Etats à rapatrier leurs ressortissants »

Le Quai d’Orsay assure de son côté que sa « priorité » reste le retour des mineurs orphelins ou isolés, même s’il rappelle que ces territoires ne sont pas sous contrôle de la France mais sous celui des Forces démocratiques syriennes. 

« Depuis des mois, les Kurdes n’ont de cesse d’exhorter les Etats à prendre leurs responsabilités et à rapatrier leurs ressortissants », observent les familles dans leurs plaintes. Or, jusqu’ici, le gouvernement français n’a accepté de rapatrier des enfants de ces camps qu’au « cas par cas », déplorent-elles dans leur demande. 

Au début de l’année, les autorités françaises avaient préparé un plan de rapatriement global des jihadistes et de leurs familles, qui n’a toutefois jamais été mis en oeuvre, selon des documents révélés par Libération et consultés par l’AFP.

Le Défenseur des Droits Jacques Toubon a appelé de son côté la France à faire cesser les « traitements inhumains » subis par les enfants de jihadistes et leurs mères dans les camps en Syrie.

BFMTV Raphaël Maillochon et Pierre Corrieu avec Liv Audigane

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