TÉMOIGNAGE – Une Nordiste dont la fille et les petits-enfants sont en Syrie lance « un SOS »

Cécile BidaultFrance Bleu Nord lundi 23 septembre 2019

Le gouvernement français se dit « intraitable » : il refuse de rapatrier les femmes françaises et leurs enfants qui se trouvent actuellement en Syrie. Depuis la France, une Boulonnaise se bat pour faire revenir sa fille et ses quatre petits-enfants, qui se trouvent dans le camp de Al-Hol.

Ce matin-là, Pascale vient d’avoir sa fille au téléphone. À 31 ans, la jeune femme est partie en Syrie il y a quatre ans, avec son compagnon, converti, comme elle, et radicalisé. Lui a été tué, elle a réussi à échapper aux bombardements, et se trouve depuis six mois au camp de Al-Hol, un camp de réfugiés, avec ses quatre enfants, âgés de 18 mois à 10 ans. Pascale ne donnera ni son nom de famille, ni le prénom de sa fille, pour éviter que celle-ci soit victime de représailles dans le camp.

Comme à chaque coup de fil, elle raconte : la promiscuité, l’absence d’hygiène, l’eau non potable qui rend malade adultes et enfants. Pascale se bat pour que sa fille et ses petits-enfants soient rapatriés. « Ça devient de la maltraitance sur des enfants qui n’ont rien fait, c’est inhumain« , estime la Boulonnaise, « il y a une urgence sanitaire majeure. Je lance un SOS, j’ai peur qu’il arrive malheur à mes petits-enfants« .

Le gouvernement « intraitable »

Mais le gouvernement n’a accepté de rapatrier que les enfants orphelins, qui étaient seuls dans ces camps de réfugiés. Ils sont 17 à être revenus en France depuis le printemps dernier. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves le Drian, estime que les adultes sont des combattants partis faire le Djihad aux côtés de Daech, et qu’ils doivent donc être jugés sur place. Pour ces familles, tenir cette posture revient à ne pas porter secours à des enfants en danger, c’est pourquoi une dizaine d’entre elles ont porté plainte contre le ministre.

« Ce sont des enfants français, il faut les secourir »– Pascale

Pascale, elle, étudie la possibilité d’une plainte plus large. Ces quatre dernières années, elle a « tout fait. J’ai écrit à tous les ministres, à Monsieur Macron, aux Nations-Unies, au défenseur des droits. Mais aujourd’hui, on n’a plus le temps. Ce sont des enfants français, il faut les secourir. Il va y avoir un hiver rigoureux, j’ai peur qu’il arrive malheur à mes petits-enfants« .

Surtout des enfants en bas-âge

Pascale a du mal à comprendre les réticences de la France, et de l’opinion publique : « Certes, ces femmes sont du mauvais côté. Mais si elles doivent rendre des comptes et aller en prison, elles le feront. Il y a surtout des enfants en bas-âge, ce ne sont pas des bombes à retardement. Ils veulent juste vivre, ne plus entendre les bombardements, ce sont des éponges pour tout le bonheur qu’on a à leur offrir« .

Par Cécile BidaultFrance Bleu NordFrance Bleu

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