Communiqué du Collectif des Familles Unies 14 octobre 2020

La France au Comité des Droits de l’Homme de l’ONU : une occasion de transformer les paroles en actes en rapatriant les enfants français détenus en Syrie

L’Administration Autonome kurde du Nord-Est de la Syrie vient d’annoncer une amnistie « générale » pour toutes les familles syriennes détenues dans le camp Al-Hol. Cette amnistie se double d’une autre, qui concerne les prisonniers syriens liées à l’EI, avec des libérations pour certains et d’importantes réductions de peine pour d’autres. Seuls les prisonniers coupables d’espionnage, de viols, de crimes d’honneur, de trafic de drogue ou les responsables importants de Daech échappent à l’amnistie. Les 25 000 femmes et enfants syriens, y compris les épouses des combattants et des membres présumés de l’EI, vont donc quitter progressivement le camp, où la situation humanitaire est catastrophique.

Les prisonniers étrangers, et en particulier les femmes et les enfants détenus dans les camps Roj et Al-Hol, ne sont pas concernés par l’amnistie. Les autorités kurdes demandent depuis des années aux pays étrangers de récupérer et de juger eux-mêmes leurs ressortissants, et de rapatrier en particulier les femmes et les enfants. Le projet de tribunal international au Rojava n’a aucune chance de voir le jour, et la décision kurde de juger les étrangers dans des procès locaux n’a rencontré aucun écho dans les chancelleries étrangères. Les Etats-Unis se sont positionnés clairement pour que se tiennent des procès dans les pays d’origine.

En septembre, la presse allemande a révélé que le gouvernement aurait remis aux autorités kurdes une liste de 25 femmes et enfants en vue d’organiser leur rapatriement, et aurait essuyé un refus de leur part. Abdulkarim Omar, responsable kurde des Affaires étrangères, a rétorqué que ce n’était pas exact, et a assuré que les femmes et les enfants seraient remis à leurs pays respectifs si ceux-ci en faisaient la demande officielle (https://anfdeutsch.com/rojava-syrien/nordostsyrische-autonomiebehoerde-dementiert-ndr-bericht-21888). Quelques semaines plus tard, une délégation suédoise s’est rendue au Rojava. A cette occasion, les responsables kurdes auraient indiqué que les femmes suédoises et finlandaises devaient être jugées sur place, car les tribunaux de ces deux pays n’étaient pas en mesure de les poursuivre… (https://sverigesradio.se/artikel/7572499). Et de demander une « aide internationale » pour « juger » sur place ces femmes et « déradicaliser les enfants en les plaçant dans des centres spéciaux ». Cette dernière proposition (si elle est exacte) consisterait donc à séparer les enfants étrangers de leurs mères et à les placer dans des centres de rééducation « fermés », c’est-à-dire des prisons pour enfants, en violation, encore une fois, de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant. Par ailleurs, comment expliquer que les étrangères puissent être jugées localement alors que toutes les syriennes échapperaient à ces jugements. Rappelons enfin que ces « jugements » n’auraient de, toute façon, aucune valeur juridique, et qu’aucun avocat n’a été autorisé à rencontrer les femmes étrangères détenues dans ces camps depuis des mois et parfois des années.  

Le sort des ressortissants étrangers détenus en Syrie commence à faire l’objet de marchandages sordides. Les atermoiements des pays étrangers, et de la France en particulier, ont créé cette situation de confusion. La France vient d’obtenir un siège au Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU : c’est l’occasion de marquer fermement son attachement affiché aux droits humains en transformant les paroles en actes. Un nouvel hiver arrive en Syrie, le troisième pour ces enfants français détenus arbitrairement, vivant dans des conditions sordides sous de simples toiles de tentes et dans un froid glacial. Aucun enfant ne mérite cela : il faut que ces enfants rentrent dans leur pays et puissent vivre une vraie vie d’enfant. Ces enfants innocents ont assez souffert comme ça.

Le Collectif des Familles Unies estime que les ressortissants français détenus en Syrie et en Irak doivent être rapatriés et jugés en France, pour des raisons humanitaires et de droit, et pour des raisons sécuritaires. Il appelle en particulier au rapatriement immédiat de tous les enfants français prisonniers et de leurs mères.

Le 14 octobre 2020.

Le Collectif des Familles Unies

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