20 NOVEMBRE 2020 JOURNÉE MONDIALE DE L’ENFANCE

APPEL AU RAPATRIEMENT DES ENFANTS EUROPÉENS DÉTENUS DANS DES CAMPS DU NORD-EST DE LA SYRIE

Le 20 novembre, le monde et les pays européens célèbrent la journée mondiale de l’enfance, et commémorent l’adoption à l’unanimité par l’Assemblée Générale des Nations Unies, il y a aujourd’hui 31 ans, de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant. En signant cette Convention, les États s’engagent à défendre l’intérêt supérieur de l’enfant et les droits fondamentaux des enfants.

Le 26 novembre 2019, à l’occasion du 30e anniversaire de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, le Parlement européen adoptait une résolution sur les droits de l’enfant, qui stipulait, dans son article 61 [le Parlement européen] : « se déclare très profondément préoccupé par la situation humanitaire des enfants de combattants étrangers détenus au nord-est de la Syrie et prie instamment les États membres de rapatrier tous les enfants européens, en tenant compte de leur situation familiale propre et de l’intérêt supérieur de l’enfant en premier lieu, et de leur fournir le soutien nécessaire à leur réhabilitation et leur réintégration ; déplore l’inaction des États membres de l’Union à cet égard et l’absence de coordination au niveau de l’Union. » 

Un an a passé depuis cette résolution, et la situation des enfants européens bloqués dans le nord-est de la Syrie demeure inchangée : 600 enfants européens sont toujours détenus avec leurs mères dans les camps Roj et Al-Hol, privés de TOUS les droits prévus par la Convention internationale des Droits de l’Enfant. Les enfants sont dans ces camps depuis maintenant un an et demi au minimum pour certains, et près de trois ans pour d’autres. Les enfants survivent dans des conditions toujours aussi indignes, menacés par l’épidémie de coronavirus qui s’étend dans la région et dans les camps, sans droits, sans protection, sans soins appropriés (1), subissant dans leur chair la canicule durant l’été et le froid glacial sous les tentes l’hiver. Les carences, les traumatismes, les maladies chroniques ne sont pas traitées. Ces enfants n’ont droit à aucun enseignement, et a fortiori aucun enseignement de leur langue maternelle. 

Les deux tiers des enfants européens détenus dans les camps ont moins de 6 ans, et la quasi-totalité moins de 12 ans. Ces enfants sont innocents, et doivent être considérés comme des victimes. À ce jour, les pays européens n’ont rapatrié des camps que quelques enfants (2), pour la plupart orphelins : cette politique du « cas par cas », qui consiste à trier les enfants, est discriminatoire et arbitraire. Le fait d’avoir leur mère en vie devient un handicap pour la survie des enfants, et ce critère transformé en règle est insupportable. Tous les enfants européens détenus dans les camps sont vulnérables, tous sont innocents, tous doivent être protégés et rapatriés.

Que l’engagement affiché des pays européens en faveur des enfants dans les zones de guerre ne puisse pas se concrétiser ni s’appliquer aux enfants européens piégés dans la guerre syrienne paraît incompréhensible. L’abandon de ces enfants dans l’univers sordide des camps syriens constitue la plus grave violation des droits de l’enfant commise par les pays démocratiques d’Europe depuis trente ans. D’autres pays ont rapatrié leurs ressortissants, et à grande échelle : le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Kosovo ont rapatrié de Syrie l’ensemble de leurs ressortissants. Les États-Unis ont fait de même.

Pour que TOUS les enfants soient rapatriés, pour que l’intérêt supérieur de l’enfant soit enfin respecté, pour ne pas ajouter aux traumatismes, il faut rapatrier les enfants avec leurs mères. Ces dernières feront face à la justice de leurs pays respectifs : les systèmes juridiques des pays européens sont solides, et permettent d’organiser des procès équitables, même pour des faits commis à l’étranger, alors qu’une justice reconnue et conforme aux règles internationales ne peut s’exercer in situ. Laisser plus longtemps ces enfants et leurs mères dans les camps comporte un risque sécuritaire sur le moyen et le long terme, que tous les experts de l’antiterrorisme soulignent : le statu quo ne fait que favoriser l’endoctrinement par des groupes extrémistes et joue contre la sécurité de l’Europe.

Un nouvel hiver arrive en Syrie. L’hiver syrien est rigoureux, et les températures la nuit sont négatives, allant jusqu’à moins 10 degrés. La vie sous les tentes, dans ces conditions, est un calvaire, en particulier pour les enfants. Les enfants ne doivent pas subir un autre hiver dans les camps. Les pays d’Europe ne peuvent plus continuer à regarder les enfants européens souffrir et mourir. Il faut agir : pour la sécurité de l’Europe, pour le droit, la justice. Il faut que l’Europe respecte ses propres principes. Ses principes d’humanité. Ses principes éthiques. 

Il faut sauver les enfants européens détenus dans les camps du nord-est de la Syrie et les rapatrier sans tarder.

Le 20 novembre 2020

Le « Collectif des Familles Unies »
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(1) 371 enfants sont morts en 2019 dans le camp de Al-Hol, de malnutrition, de maladies, de blessures.

(2) Depuis un an et demi, la France a rapatrié des camps de Syrie 28 enfants, l’Allemagne 7, la Suède 7, la Belgique 6, les Pays-Bas 2, la Finlande 2, le Danemark 2…

Dessin d’un enfant français détenu dans le Nord-est de la Syrie

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