
Opération lancée par des grands-parents, les familles, soutenus par des ONG, des parlementaires, des personnalités de la société civile et citoyens solidaires.
Association loi 1901 laïque & républicaine pour la défense des droits fondamentaux
Opération lancée par des grands-parents, les familles, soutenus par des ONG, des parlementaires, des personnalités de la société civile et citoyens solidaires.
Communiqué du » Collectif des Familles Unies » du 3 avril 2021
Ce que nous redoutions depuis un an et qui était prévisible est en train d’arriver. Au moins six femmes malades, dont des Françaises, ont été testées positives au COVID-19 dans le camp de prisonniers Roj, dans le nord-est de la Syrie. Les femmes ont été placées à l’isolement dans le camp, et sont « traitées » avec du Doliprane. Leurs enfants ont été répartis dans d’autres familles ou sont sous la surveillance d’autres femmes. Dans ce camp où la distanciation physique est quasiment impossible à respecter, où des centaines d’enfants sont détenus dans des conditions indignes avec leurs mères, il est à craindre que le nombre d’infections soit d’ores et déjà bien plus élevé, et que le virus se répande rapidement. De nombreuses femmes et de nombreux enfants présentent des pathologies diverses (asthme, diabète, infections pulmonaires…) qui les exposent directement à un danger de mort. Les moyens sanitaires et les prises en charge médicales pour contrer ou traiter la maladie, dans la région et encore plus dans le camp, sont quasiment inexistants.
Dans ce camp, géré par les Forces Démocratiques Syriennes (prokurdes), des dizaines d’enfants français et leurs mères sont détenus depuis deux ans, et pour certains depuis trois ans et plus. Les enfants survivent dans ce camp sans protection, sans école, sans soins appropriés. Tous les appels au rapatriement, lancés par les familles, mais aussi par l’ONU, la Croix-Rouge, l’UNICEF, le Parlement européen, des parlementaires, le CNCDH, par toutes les organisations de défense des droits humains et par l’Administration kurde elle-même, sont restés lettre morte face à un gouvernement figé dans une posture tout aussi inhumaine face à la détresse des enfants qu’irresponsable face aux enjeux sécuritaires.
Le Président de la République sait que des vies sont en jeu, que depuis des mois la situation se dégrade, et qu’aujourd’hui un nouveau palier est franchi. L’épidémie de COVID-19 peut faire des ravages dans ce camp. Ces enfants et ces femmes auraient dû être rapatriés depuis longtemps. Il s’agit maintenant d’arrêter ce jeu de massacre, d’intervenir avant que ne meurent des enfants et leurs mères, et de prendre la seule décision qui corresponde aux valeurs de justice, de droit, d’humanité, d’éthique : rapatrier ces enfants et leurs mères pour éviter le pire.
Le 3 avril 2021
Le « Collectif des Familles Unies »
Nous, familles d’enfants et de femmes détenus dans les camps de prisonniers du nord-est de la Syrie, nous vous demandons de garder la distance et le recul nécessaires qu’imposent leurs conditions de détention.
Vous êtes autorisés à accéder aux camps, pourtant interdits d’accès à nous, parents et grands-parents, oncles et tantes, mais aussi aux avocats, ou aux députés et eurodéputés français.
En recueillant la parole de celles que vous « interviewez » et mettez en scène, vous n’avez jamais fait mention de cette interdiction qui aurait pourtant dû vous interroger. Car depuis trois semaines, il s’agit bien de cela ; d’une mise en scène orchestrée par la propagande de ceux qui les détiennent à laquelle vous vous prêtez en toute connaissance de cause. La parole de ces femmes n’est pas libre, et vous le savez : elles sont prisonnières, et chacun de leurs mots est un risque qu’elles font peser sur leur sécurité et sur celle de leurs enfants. Elles sont tenues à la place que leur assignent leurs conditions de détention et leurs geôliers. Et quand vous les interrogez, vous ne pouvez oublier que c’est tout ce qui les entoure que vous interviewez : leurs gardiens, les autres femmes plus ou moins radicalisées, et finalement vous et votre recherche du scoop « quoiqu’il en coûte »… La presse est libre, mais leur parole ne l’est pas. Loin de nous la volonté de transformer ces femmes qui sont nos filles, nos sœurs, nos belles-filles en victime. Mais leur parole ne peut avoir de sens et de portée qu’en dehors de ces camps où plus rien n’est pensé, réfléchi et conscientisé : il n’est question, à Roj et Al Hol, que de survie. Quelles paroles et quelles images diffusez-vous exactement ? Celles du désespoir, de la souffrance, du malheur, ou celles qui vous sont offertes sur un plateau par ceux qui détiennent arbitrairement des enfants et leurs mères dans des camps de prisonniers en zone de guerre ?
Nous, familles de ces femmes et de ces enfants, savons comment ces « interviews » sont menées. Les gardiens de ces camps décident de qui parlera aux journalistes : des mères sont emmenées jusqu’à vous, qu’elles le veuillent ou non, et certaines d’entre elles ont refusé de répondre à vos questions et s’en souviennent encore… Et vous, de retour en France, ne saurez jamais rien de leur silence et de ses conséquences.
Nous vous demandons de ne pas soumettre ces mères et leurs enfants à une pression médiatique qui répond davantage à la recherche d’un « scoop » qu’à la quête d’une information objective sur ce qui est : elles ne sont libres de rien. Elles sont prisonnières et les mots qu’elles prononcent appartiennent à leur pays qui refuse de sauver leurs enfants… Des images scandaleuses prises par une pseudo-journaliste dans le camp de Al-Hol aux photos de « mode » obtenues dans le camp Roj (qui ne reflètent en rien la réalité de la vie du camp), les paroles recueillies de ces femmes, à ce stade, les photos ou les films que vous prenez et diffusez en disent plus sur vous que sur elles. Attendez de les entendre dans une salle d’audience du Tribunal judiciaire de Paris pour faire résonner leurs paroles dans une autre enceinte que celle de l’arbitraire et de la violence que charrie cette incarcération. Depuis trois semaines, toutes ces femmes nous racontent à quel point elles ont l’impression d’être des animaux d’un zoo, et certaines d’entre elles ne sortent plus de leurs tentes de peur d’être « choisies » par vous : en avez-vous conscience ? Appelez-vous cela un « reportage » ?
Arrêtons d’alimenter le pire. Il n’existe qu’une priorité, qu’une urgence ; celle de rapatrier ces enfants et leurs mères. Que les mots des enfants résonnent dans des cours d’école et que ceux de leurs mères nous donnent enfin rendez-vous avec leur histoire ; la nôtre.
Le 31 mars 2021
Des proches des familles détenues dans les camps de prisonniers Roj et Al-Ho
Communiqué de presse du 16 février 2021
Il y a deux ans, l’État Islamique perdait à Baghouz, en Syrie, son dernier bastion, et la défaite territoriale de Daech était consommée en mars 2019. Dans cette bataille, des milliers de combattants ont perdu la vie comme des milliers de civils et d’enfants. Les femmes et les enfants qui ont survécu ont été envoyés dans le camp de Al-Hol, où la plupart d’entre eux sont toujours détenus.
Voilà deux ans que des dizaines d’enfants français sont détenus avec leurs mères dans des camps de prisonniers du nord-est de la Syrie. Pour d’autres enfants français, arrêtés avec leurs parents dès 2017 ou 2018 et envoyés dans le camp Roj, voilà trois ans, voire plus, qu’ils sont prisonniers. Des années donc que des détenus étrangers survivent dans des prisons qui sont des mouroirs, sans aucune perspective, sans accès à leurs familles, à un avocat, et sans aucun moyen de communication. Et voilà des années maintenant que des enfants français souffrent dans l’horreur de ces camps. Malades, blessés, traumatisés, ils attendent qu’on leur vienne en aide, mais personne ne veut entendre leur plainte. La souffrance de ces enfants ne semble pas atteindre celles et ceux qui ont le pouvoir et le devoir de les protéger, et tout particulièrement celui qui a le pouvoir et le devoir de les ramener.
Pourtant, l’ONU comme la Croix-Rouge ou l’UNICEF ont clairement insisté sur le fait que ces enfants sont des victimes, et qu’ils doivent être traités comme telles. Ce n’est pas le cas. Profitant honteusement du fait que ces enfants sont prisonniers dans une zone de non-droit entre les mains d’un acteur non étatique, l’État français s’arroge un droit de vie et de mort sur ces enfants : il laisse périr indéfiniment la plupart d’entre eux entre des barbelés, et en sauve discrétionnairement quelques-uns de temps à autre et au compte-gouttes.
35 enfants français ont été rapatriés à ce jour : 17 en 2019, 11 en 2020, et 7 en janvier 2021.
Il en reste près de deux cents
Deux ans de détention, trois ans et plus pour des enfants dont les deux tiers ont moins de six ans. Des années sans droit, sans protection, sans école, sans soins appropriés, sans identité pour beaucoup. Des années à survivre dans des conditions épouvantables, et une situation qui ne fait qu’empirer. Des traumatismes qui s’accentuent, des maladies non soignées, des femmes et des enfants très gravement malades, des enfants qui ont peur, qui ont mal, à qui on vole leur enfance… Voilà le résultat des atermoiements de la politique française, de la « doctrine » française, de cette doxa qui justifie encore cette guerre faite à des enfants deux ans après la chute de Daech. Encore une fois, en ce début d’année, les organisations internationales se sont manifestées pour demander à de nombreux pays de rapatrier leurs ressortissants : l’ensemble des experts de l’ONU ont lancé un appel à 57 pays — dont la France — pour que soit organisé sans tarder le rapatriement des femmes et des enfants prisonniers des camps, estimant que la situation humanitaire et sécuritaire se détériorait de jour en jour. Le porte-parole du Secrétaire-Général de l’ONU déclarait le 11 février : « Vous savez que si nous laissons des enfants de 5 ans, de 10 ans, dans ces conditions, nous détruisons leur avenir et les exposons à un extrémisme potentiel. » De son côté, la nouvelle administration américaine a pris une position claire, par la voix de l’Ambassadeur Jeffrey DeLaurentis, appelant les pays à rapatrier en ces termes : « Au-delà d’être la meilleure option du point de vue de la sécurité, le rapatriement est également la bonne chose à faire. ». Mais rien, pas une réaction, pas un geste, ni un regard de la France pour ces appels à l’humanité et à la responsabilité.
En France, les prises de position sans ambages du Défenseur des Droits et de la CNCDH sont également restées lettre morte. Récemment, le Comité des Droits de l’Enfant de l’ONU a précisé que la France avait juridiction sur les enfants français détenus dans les camps syriens, et avait la capacité et le pouvoir de les rapatrier contrairement à ce qu’elle assénait pour mieux échapper à sa responsabilité. Mais la France, par la voie de son pouvoir exécutif, persiste à s’abstenir, à laisser pourrir la situation et périr ses enfants.
Certains ministres français s’enferrent publiquement dans des déclarations approximatives et mensongères pour tenter, tant bien que mal, de justifier le parti pris honteux de la France d’abandonner en zone de guerre des enfants victimes à leur sort. Pour mieux expliquer ou justifier l’inertie française, des membres de l’exécutif osent ainsi assurer que des difficultés insurmontables en matière logistique et une extrême dangerosité de la zone concernée rendraient ces camps inaccessibles. Et pendant ce temps, de multiples délégations, des humanitaires, et des journalistes se rendent dans ces camps et nous alertent sur les conditions de vie dramatiques dans lesquelles ces enfants survivent. Et pendant ce temps, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan ou le Kosovo rapatrient des centaines d’enfants et leurs mères.
Ces pays n’ont pas les moyens dont dispose la France, mais, contrairement à elle, ont trouvé le courage politique de prendre leur responsabilité : l’Ouzbékistan a rapatrié en décembre dernier 72 enfants et 25 femmes sans aucune difficulté logistique. Un MINISTRE a récemment évoqué l’existence de prétendus « accords internationaux » qui empêcheraient les rapatriements. Mais de quels accords internationaux parle-t-on ? De ceux qui prévoiraient le maintien d’enfants innocents en détention dans des conditions épouvantables, alors que les experts de l’ONU rappellent clairement à de nombreux pays, dont le nôtre, que le refus de les rapatrier est une violation claire du droit international humanitaire et de la Convention Internationale des Droits de l’enfant ? Enfin, on nous ressert en désespoir de cause et pour mieux justifier l’abandon des enfants détenus avec leurs mères l’argument selon lequel les adultes doivent être jugés sur place, mais comme l’affirme Fionnuala Ní Aoláin, Rapporteur Spécial de l’ONU, il ne peut y avoir de procès équitable ni en Syrie ni en Irak, et des acteurs non étatiques (comme l’Administration kurde du nord-est de la Syrie) ne peuvent pas organiser de procès au nom des États. Dire qu’il faut « les » juger sur place est une ineptie, un argument fallacieux et illusoire dont le pouvoir exécutif a parfaitement conscience. Aucun procès n’est à venir et ne viendra du Kurdistan, et la France le sait depuis des années désormais.
Dans ce tragique abandon de leurs ressortissants, les pays de l’Europe démocratiques se sont distingués par leur inhumanité envers les enfants innocents et leur irresponsabilité sur le plan sécuritaire. Mais depuis quelques mois, l’Italie, l’Allemagne et la Finlande ont commencé à rapatrier des enfants avec leurs mères, jugeant que c’était l’intérêt supérieur des enfants qui devait être la préoccupation principale et que l’on ne pouvait pas, dans cette perspective, rapatrier les enfants sans elles. L’État français, malheureusement, s’échine à les voir rester sur place ou depuis peu, à acculer les femmes à se séparer brutalement de leurs enfants dans les pires conditions. Parce qu’on les arrache à leurs mères en quelques minutes au milieu du camp, parce qu’on sépare des fratries, parce qu’on en laisse certains sous la tente qui regardent partir les frères et sœurs, parce qu’on a fait en sorte que ces mères n’aient plus aucun espoir, pas même celui d’être jugées pour ce qu’elles ont fait, et qu’on veut les rendre responsables de ne pas supporter les cris de leurs enfants qui ne veulent pas être emmenés sans elles dans un pays qui prend le risque, depuis trois ans, de les voir tous mourir plutôt que de les voir rentrer. C’est faire peu de cas des droits et de l’intérêt supérieur des enfants. C’est aussi faire peu de cas de la justice française puisque toutes ces femmes sont judiciarisées en France et nulle part ailleurs, et qu’elles sont toutes sous le coup de mandats d’arrêt internationaux émis par des juges français. Ce faisant, l’État français agit contre l’intérêt des enfants, mais également et contre le droit international, et il le sait : il privilégie une sous-traitance sordide de prisonniers dans un nouveau Guantanamo peuplé d’enfants, interdit d’accès aux avocats et aux familles.
Nous, familles, n’en pouvons plus de voir nos petits-enfants, nos nièces et nos neveux dépérir dans ces camps, s’abîmer de plus en plus au fur et à mesure que le temps passe dans cet univers sordide. Nous n’en pouvons plus des atermoiements de ce pouvoir politique complètement sourd à la détresse des enfants, prêt à sacrifier la vie de dizaines d’enfants victimes et innocents pour satisfaire des intérêts purement électoralistes. En septembre 2020, des familles se réunissaient à Paris pour exhorter la France à rapatrier ces enfants et leurs mères, soutenues par l’appel de 67 parlementaires français appelant au retour de nos ressortissants.
Aujourd’hui, deux parlementaires en appellent à nouveau au pouvoir exécutif et exhortent leurs collègues du sénat et de l’Assemblée nationale à faire preuve d’un courage politique qui manque tant au président de la République qu’au gouvernement.
Cela n’a que trop duré : notre pays proclame à la tribune de l’ONU que la protection des enfants dans les conflits est une priorité absolue de la France, et condamne en même temps des dizaines d’enfants français à la détention dans des camps de prisonniers. Ce double langage est insupportable. Faites enfin ce que vous dites : protéger les enfants victimes des conflits armés, c’est rapatrier les enfants français de Syrie !
Le Collectif des Familles Unies demande une nouvelle fois au Président de la République de rapatrier les ressortissants français prisonniers en Syrie et en Irak, afin que les adultes soient jugés en France et que les enfants puissent être protégés, soignés et puissent avoir une vraie vie d’enfant et un avenir. Nous appelons également à la pleine applicabilité du protocole Cazeneuve, aujourd’hui mis à mal, pour que les femmes et les enfants français détenus en Turquie depuis des mois soient enfin expulsés vers la France.
Le Président de la République a un pouvoir de vie et de mort sur ces enfants prisonniers en Syrie, parce qu’il a le pouvoir de les sauver en les rapatriant. C’est la seule issue possible, la seule qui respecte nos valeurs, celles que le Président de la République aime tant rappeler et appeler de ses vœux : celles de la justice, du droit, de la protection de l’enfance, de l’éthique, de l’humanité et de l’État de droit.
Le 16 février 2021
Le « Collectif des Familles Unies »
Communiqué de presse du 13 janvier 2021
Les autorités françaises ont rapatrié aujourd’hui sept enfants français du camp de prisonniers Roj, administré par les forces kurdes, dans le nord-est de la Syrie. Le Collectif des Familles Unies se félicite du retour de ces enfants, qui vont pouvoir enfin retrouver le chemin d’une vie d’enfant.
Si l’on peut se réjouir du fait que ces sept enfants échappent enfin à l’enfer des camps, après des années de détention, cette opération laisse un goût amer, même si elle prouve encore une fois que la France a la capacité de rapatrier qui elle veut, quand elle veut.
D’abord, c’est toujours la politique du « cas par cas », et donc du goutte à goutte, qui s’applique avec ce rapatriement qui intervient six mois après le précédent : la grande majorité des enfants, environ 200 enfants français, restent dans les camps, affrontent un nouvel hiver syrien et entament une nouvelle année de captivité sans école, sans protection, sans droits, dans des conditions que le Défenseur des Droits a qualifiées d’inhumaines et dégradantes.
Cette « politique » du « cas par cas » ne permet pas de résoudre le problème global des enfants français détenus dans les camps de prisonniers en Syrie. Au contraire, elle les maintient année après année dans des conditions indignes, prisonniers innocents sans perspective dans ce nouveau Guantanamo. Elle consiste à « sauver » quelques enfants de temps à autre et de laisser tous les autres souffrir et périr dans les camps. Elle est injuste et discriminatoire pour les enfants : le CNCDH vient d’ailleurs de redemander au gouvernement d’abandonner cette politique.
Ensuite, des enfants rapatriés sont rapatriés sans leurs mères. Ces dernières, épuisées, ne voyant plus aucune issue à cette crise interminable, ont accepté de se séparer de leurs enfants tout en restant elles-mêmes dans les camps, sans aucune perspective de retour. Attendre que chaque mère « craque » une par une pour rapatrier les enfants ne constitue pas une politique de protection des enfants, et ne permet pas de rapatrier tous les enfants. C’est même le contraire : ajouter aux traumatismes subis par ces enfants une séparation brutale et indéfinie avec leurs mères est non seulement d’une cruauté sans nom, mais en contradiction avec l’intérêt supérieur de ces enfants. Un pays comme la Finlande l’a bien compris, qui a rapatrié récemment des enfants finlandais avec leurs mères : le Ministère des Affaires étrangères de Finlande a indiqué qu’il ne pouvait que rapatrier les enfants avec leurs mères, pour respecter l’intérêt supérieur des enfants, qui doit être la préoccupation principale. L’Allemagne a également rapatrié le mois dernier des enfants avec leur mère.
C’est la voie dans laquelle nous espérons que la France va enfin s’engager : reconnaître qu’il est intolérable que des enfants français soient détenus dans des camps de prisonniers d’un pays en guerre, admettre, comme l’a affirmé le Comité des droits de l’enfant de l’ONU récemment, qu’elle a la responsabilité de la protection de tous ces enfants, respecter enfin la Convention Internationale des Droits de l’enfant, en considérant que l’intérêt supérieur de l’enfant doit être la préoccupation prioritaire. Les mères de ces enfants ne sont judiciarisées qu’en France, et il n’existe aucune perspective de procès reconnu et équitable sur place. La situation dans la région est toujours aussi instable. La prise en compte de l’intérêt et de la protection des enfants, comme les impératifs sécuritaires, impliquent que les ressortissants français adultes soient rapatriés et jugés en France. Il faut rapatrier TOUS les enfants, et rapatrier leurs mères avec eux.
Cette opération de rapatriement laisse encore une fois sur place l’immense majorité des enfants, qui souffrent et attendent le retour, mais aussi des femmes malades, atteintes de pathologies très graves. Il faut que la France se décide enfin à résoudre ce problème qui perdure depuis maintenant des années, et qui ne se résoudra pas par cette politique du goutte à goutte : il faut mettre fin à l’infamie de l’incarcération de TOUS ces enfants innocents, une bonne fois pour toutes, conformément aux impératifs de sécurité, et en respectant l’État de droit, les droits humains, les droits de l’enfant.
Collectif des Familles Unies