COMMUNIQUÉ DE PRESSE Me Marie Dosé 30 septembre 2020

La garde à vue de six oncles, tantes et grands-parents français d’enfants français détenus dans les camps syriens a été prolongée. Ceux-là ont donc dormi dans des cellules de quelques mètres carrés après avoir été interpellés à l’aube et menottés devant leurs autres enfants. Leurs appartements ont été perquisitionnés, leurs téléphones portables et ordinateurs saisis. 

Ce qui leur est reproché ? D’avoir envoyé de l’argent à leurs neveux, leurs nièces et leurs petits-enfants détenus depuis des mois pour certains, des années pour d’autres, dans ces camps insalubres en Syrie, où règne plus grande détresse. 

Sans l’aide matérielle de leurs familles, ces 200 enfants ne peuvent pourtant survivre dans ces lieux où l’aide humanitaire et l’accès aux soins sont presque complètement inexistants. Sans que cela n’émeuve jamais les autorités françaises, plus de 300 enfants ont déjà péri en 2019 dans le seul camp d’Al-Hol, de malnutrition, de froid ou de maladie.

Voilà deux années au moins que les autorités judiciaires, magistrats du parquet antiterroristes et juges antiterroristes, savent de façon incontestable que les familles envoient de l’argent à destination de leurs enfants prisonniers. Ces familles, régulièrement convoquées par les services de renseignement et par la police judiciaire, transmettent chaque fois toutes les informations dont elles disposent sur ces camps et sur ce qui s’y passe, et mettent un point d’honneur à répondre avec autant de précision que possible aux questions des enquêteurs. Toutes font montre de la plus grande transparence auprès des représentants d’un État qui, pourtant, s’obstine à refuser le rapatriement de leurs enfants innocents. 

Jusqu’à ces derniers mois, chaque famille pouvait adresser de l’argent à destination des camps via Western Union ou Moneygram, en faisant transiter ces sommes par la Turquie. Mais au fil du temps, les familles ont été « bloquées » par ces mêmes agences qui, désormais, leur refusent toute opération de transfert. Le Parquet National Antiterroriste (PNAT) a officiellement été avisé, cet été, de cette difficulté majeure, lequel parquet est parfaitement conscient que les enfants concernés ne peuvent survivre dans ces camps sans la moindre aide matérielle et financière. Toutes ces familles ou presque ont donc eu recours au seul et unique moyen à leur disposition : la cryptomonnaie. 

C’est pour cette seule et unique raison qu’elles ont été interpellées, placées en garde à vue, menottées devant leurs proches, et que leurs appartements ont été perquisitionnés. De fait, la France refuse donc de rapatrier des enfants exposés à un risque grandissant 

de mort, la Justice en venant à traiter leurs familles comme des criminels au seul prétexte qu’elles se refusent à les laisser mourir. 

L’article 122-7 du Code pénal consacrant l’état de nécessité comme cause d’exonération de responsabilité pénale, il est impérieux que les familles des enfants détenus dans ces camps en bénéficient. Quel État pourrait demander à des grands-parents de devenir complices de la mort de leurs petits-enfants ? Comment pourrait-on qualifier un tel État ? Et qui peut exiger d’oncles et de tantes de renoncer à porter secours à leurs neveux et nièces en proie à la faim et à la maladie ?

La France fait donc le choix de laisser mourir des enfants en zone de guerre dans des prisons à ciel ouvert, à l’instar de la justice française qui décide de criminaliser ces familles pour avoir seulement tenté d’assurer leur survie. Or ces familles ne sauraient être tenues responsables du seul moyen mis à leur disposition pour leur porter secours : elles sont aussi innocentes que leurs enfants qu’elles essayent d’arracher au  pire.

Marie Dosé –Avocat à la Cour – 30 septembre 2020 –

Communiqué du Collectif des Familles Unies

Depuis ce matin, des familles dont les petits-enfants, neveux ou nièces, survivent dans des conditions épouvantables dans les camps de Roj et de Al-Hol, en Syrie, font l’objet d’arrestations, de gardes à vue, de perquisitions et de convocations par la DGSI, dans le cadre d’une enquête du Parquet National Anti-Terroriste. Des arrestations ont été effectuées dans des conditions traumatisantes, des parents ont été menottés devant leurs enfants.

Que reproche-ton à ces familles ? Quel est leur crime ? D’avoir envoyé de l’argent à leurs filles ou leurs belles-filles actuellement détenues par les Forces Démocratiques Syriennes et l’Administration kurde du Nord-Est de la Syrie. Depuis maintenant plus de deux ans, ces femmes sont prisonnières avec leurs enfants dans des camps où les rations alimentaires octroyées par les organisations humanitaires (riz, boulgour, huile…) ne suffisent pas à nourrir les enfants. Dans ces camps, tout est payant : la nourriture, les vêtements, l’eau minérale… Seule l’aide envoyée par les familles permet aux enfants de manger de temps en temps des légumes, des fruits, quelquefois de la viande, et de ne pas boire l’eau putride des réservoirs. Seule l’aide envoyée par les familles permet parfois aux enfants d’avoir quelques jouets, de pouvoir se vêtir, et d’avoir accès à certains médicaments.

C’est tout à l’honneur des familles, et c’est leur devoir le plus absolu, d’aider leurs petits-enfants, leurs neveux et leurs nièces, quand l’Etat français les a abandonnés dans ces conditions sordides. Que cherche-t-on ? Non seulement les autorités de notre pays  veulent maintenir des enfants français prisonniers, mais veulent-elles aussi les affamer en leur ôtant la seule aide qui leur permet de vivre encore et d’espérer ?

Cette opération de police est indigne, ces poursuites sont honteuses. Ces aides sont connues des services de police depuis des années, et les familles ont toujours été transparentes là-dessus. L’argent est distribué dans les camps par l’administration kurde elle-même. Les autorités, politiques et judiciaires, doivent comprendre que rien ne peut empêcher des grands-parents, des oncles et des tantes, à vouloir sauver de la mort, de la maladie, et de conditions affreuses, leurs petits-enfants, neveux et nièces. 

C’est de la vie des enfants dont il s’agit. Ces poursuites et ces intimidations doivent cesser. Si l’Etat ne veut pas que les familles aident leurs petits-enfants à survivre, qu’il les rapatrie immédiatement. 

Quant à nous, nous n’abandonnerons jamais ces enfants.

Le 29 septembre 2020.

Le Collectif des Familles Unies

Monsieur le président de la République, plus de 200 enfants français sont détenus dans les camps en Syrie

Monsieur le président de la République,

Vos petits-enfants ont fait leur rentrée des classes la semaine dernière, les nôtres n’ont jamais vu d’école ou se souviennent à peine de leur maîtresse ; 

Votre petit-fils a appris à lire à cinq ans sans que personne ne sache comment, nos petits-enfants n’ont pas un seul livre à ouvrir ;

Vos petits-enfants apprennent le nom des couleurs en regardant autour d’eux, les nôtres ne connaissent que le marron de la boue et le jaune du sable qui les entourent ;

Vos petits-enfants mangent à leur faim et probablement trop de sucreries, les nôtres sont faméliques à force de malnutrition et de diarrhées ;

Vos petits-enfants gambadent et jouent au foot dans la cour de l’Elysée, les nôtres sont coincés sous des tentes de quelques mètres carrés et n’osent en sortir de peur d’être agressés ;

Vos petits-enfants dorment sous des couvertures et des édredons en plein hiver, les nôtres grelottent sous leurs tentes, emmitouflés dans des anoraks troués, et luttent contre le froid syrien avoisinant moins trente degrés ;

Vos petits-enfants sont partis en vacances cet été au bord de la mer, probablement au Touquet, les nôtres ont dû supporter sans bouger une canicule de plus de quarante-cinq degrés des semaines durant ;

Vos petits-enfants sont chéris, vaccinés et soignés, les nôtres sont exposés à toutes les maladies, à toutes les infections, et souffrent dans leur chair sans aucun accès aux soins, 

Vos petits-enfants, parfois, s’interrogent sur la mort et en ont peur, les nôtres assistent à l’agonie de leurs copains atteints de gangrènes, d’infections pulmonaires ou de déshydratation, 

Vos petits-enfants adorent aller chez vous et chez leur grand-mère le week-end, les nôtres ne cessent de nous demander quand ils pourront enfin nous voir « pour de vrai »,

Vos petits-enfants sont punis lorsqu’ils ont fait une bêtise, les nôtres sont punis de n’avoir rien fait,

Vos petits-enfants, comme les nôtres, sont français.

Vous avez souhaité faire des 1000 premiers jours de la vie d’un enfant une priorité de l’action publique ; que faîtes-vous des 1000 premiers jours de la vie de nos petits-enfants ?

Vous avez affirmé que les pouvoirs publics avaient « un droit de regard, d’action, une forme de droit d’ingérence quand il s’agit de protéger nos enfants » ; quand allez-vous protéger nos petits-enfants ?

Vous avez affirmé que « la France n’abandonnait jamais ses enfants, quelles que soient les circonstances et où qu’ils se trouvent » ; pourquoi abandonnez-vous nos petits-enfants ? Un jour peut-être, et grâce à vous, nos petits-enfants s’amuseront dans la même cour de récréation que les vôtres, joueront sur le même terrain de sport que les vôtres, liront le même livre, apprendrons les mêmes leçons, et grandiront ensemble. Parce que nos petits-enfants sont comme les vôtres, des enfants français innocents qu’il ne tient plus qu’à vous de sauver.

Communiqué de presse : Urgence humanitaire et sécuritaire : Il faut rapatrier maintenant les enfants français et leurs mères détenus dans des camps en Syrie

La situation humanitaire et sanitaire est en dégradation constante dans les camps du nord-est de la Syrie. La mortalité infantile y augmente de manière vertigineuse. Huit enfants de moins de 5 ans sont décédés en quatre jours dans le camp de Al-Hol, de malnutrition, de déshydratation, d’insuffisance cardiaque, d’hémorragies internes. En 2019, 371 enfants sont morts dans le seul camp de Al-Hol. Des premiers cas de coronavirus ont été détectés dans un camp où les mesures barrière, la distanciation physique, les mesures sanitaires élémentaires sont difficiles à mettre en place : des milliers d’enfants et de femmes, dont le système immunitaire est affaibli par la malnutrition, les privations, les maladies, sont en danger de mort.

Les enfants meurent par manque de soins du fait de l’insuffisance des infrastructures sanitaires dans ce camp surpeuplé, mais surtout à cause du refus des états étrangers de rapatrier leurs ressortissants : des milliers d’enfants irakiens, et 8000 enfants étrangers survivent depuis plus d’un an dans ce camp, sans que leurs pays d’origine ne leur viennent en aide. Plus de 700 enfants européens, et parmi eux plus de 200 enfants français, survivent dans des conditions épouvantables dans les camps de Roj et de Al-Hol, certains depuis plus de deux ans.

La situation sécuritaire de ces camps se dégrade constamment. Les évasions et les tentatives d’évasion s’y multiplient. Récemment, un commando de Daech a attaqué le camp de Al-Hol. Certaines détenues du camp encore liées à Daech poursuivent leur travail d’endoctrinement et de propagande. De nombreuses européennes, et parmi elles des françaises, se sont échappées des camps, certaines rejoignant la Turquie, d’autres la région d’Idlib, d’autres enfin tombant entre les mains de miliciens armés ou des forces du régime syrien. La « dispersion », que les autorités françaises semblaient redouter, se produit sous nos yeux, dans l’indifférence et l’inconscience des capitales européennes.

L’ONU, le Conseil de l’Europe, le Parlement Européen, mais aussi les grandes organisations humanitaires comme la Croix-Rouge ou l’UNICEF appellent la France et les autres pays européens au rapatriement. Les responsables kurdes eux-mêmes appellent au rapatriement. La France, championne des droits humains et des droits de l’enfant, tolère que des enfants français, dont les deux tiers ont moins de 6 ans, restent prisonniers dans des camps sordides, sans soins, sans école, sans protection. De ce fait, notre pays renie toutes les conventions qu’il a signées, et dont il s’est fait souvent le porte-parole, en particulier la Convention Internationale des Droits de l’Enfant.

Le général américain McKenzie qualifie le camp de Al-Hol de « l’un des pires endroits du monde », et la France accepte que des petits français y vivent. Cela n’est plus supportable. Que des enfants français croupissent depuis des années dans les camps sordides d’un pays en guerre, que des enfants français soient actuellement détenus avec leurs mères dans des prisons dans le nord-est de la Syrie dans des conditions inhumaines, est un scandale et une ignominie. Et cette ignominie est entretenue par tant de pays démocratiques qui prétendent défendre « les droits des enfants dans des conflits armés » : l’Europe et la France doivent se décider enfin à respecter leurs propres règles et surtout  leurs propres valeurs.

Combien d’enfants doivent mourir pour que notre pays prenne la bonne décision ? Le Collectif des Familles Unies appelle encore une fois les autorités françaises à rapatrier l’ensemble des ressortissants français prisonniers au Levant, pour que les adultes soient jugés en France et que les enfants retrouvent une vie d’enfant. 

Nous appelons plus particulièrement à une action urgente pour le rapatriement de tous les enfants français prisonniers en Syrie et de leurs mères.

« Collectif des Familles Unies » 

Le 14 août 2020

Communiqué de presse: Rapatriement de 10 enfants français des camps syriens

La France vient de rapatrier dix enfants qui  étaient détenus dans les camps de Roj ou de Al-Hol, dans le Kurdistan syrien. Certains de ces enfants étaient dans ces camps depuis plus d’un an, d’autres depuis plus de deux ans. Certains sont orphelins, d’autres sont présentés par les autorités comme des « cas humanitaires » dont les mères ont accepté d’être séparées.

Le Collectif des Familles Unies se félicite de ces retours. Chaque enfant qui revient est une vie sauvée. Cependant nous insistons sur le fait que TOUS les enfants français détenus dans des conditions épouvantables dans les camps syriens sont des « cas humanitaires », tous sont fragiles et vulnérables. Il reste encore entre 200 et 300 enfants français dans les camps.

Nous n’avons que trop tardé, et chaque jour passé dans ces camps abîme un peu plus ces enfants. Pour ce rapatriement, deux mères ont accepté de se séparer de leurs enfants, et pour l’un des deux cas au prix de la séparation d’une fratrie. Ce n’est pas à ce prix que nous devons envisager le rapatriement de ces enfants, déjà meurtris par leur histoire, les deuils, la guerre, la vie dans les camps : abandonner leurs mères (et une partie de leurs frères et sœurs) dans les camps n’est pas conforme à l’intérêt supérieur de ces enfants, et ne peut qu’accentuer leurs traumatismes.

Les ministres de la Coalition, dans un communiqué datant du 4 juin, ont demandé aux « gardiens » des étrangers, et donc des français détenus en #Syrie, de les traiter « conformément au droit international » et ont reconnu la nécessité de « procès équitables ». Ces procès équitables, nous le savons, sont impossibles en Syrie, et les procès en Irak sont inéquitables, précédés et suivis de tortures et de mauvais traitements, et débouchant sur des peines de mort. 

Toutes les mères de ces enfants ne sont judiciarisées que dans un seul pays, la France. Les traiter conformément au droit international, et les juger dans des procès équitables, implique donc de les rapatrier. Tous les spécialistes de l’anti-terrorisme plaident en ce sens, pour des raisons de sécurité. C’est également la seule manière de sauver et de rapatrier l’ensemble des enfants français détenus dans les camps, en respectant l’intérêt supérieur de ces enfants. 

C’est ce que demandent l’ONU, le Conseil de l’Europe, l’UNICEF, la Croix-Rouge, l’ensemble des ONG. C’est ce que le Collectif des Familles Unies réclame depuis longtemps. Il est temps de mettre un point final au calvaire insupportable que vivent ces enfants, et de prendre des décisions conformes à l’humanité, à la sécurité, à la justice, en rapatriant l’ensemble des enfants français des camps syriens avec leurs mères.

« Collectif des Familles Unies » 

Communiqué de Presse du Collectif des Familles Unies

Le 31 mars 2020, le journal Le Parisien et le directeur du Centre d’Analyse du Terrorisme (CAT) ont publié l’état civil complet et les photographies de 13 femmes françaises qui auraient fui le camp dans lequel elles et leurs enfants étaient arbitrairement détenus depuis des mois, voire des années. Ce faisant, les journalistes du Parisien et le Directeur du CAT ont délibérément exposé leurs parents, leurs frères, leurs sœurs et leurs proches à l’opprobre, la vindicte, et la menace publique.

Le départ de ces femmes a profondément marqué et traumatisé leurs familles restées en France qui n’ont de cesse, depuis la chute de l’Etat islamique, de réclamer le rapatriement de leurs petits- enfants et de leurs enfants. Ces femmes ne sont judiciarisées qu’en France et leurs enfants n’ont pas à payer les erreurs de leurs parents.

Ces familles sont marquées au fer rouge par la douleur de savoir leurs petits-enfants, leurs nièces et leurs neveux en proie à la famine et à la maladie en Syrie depuis trop longtemps déjà : était-il nécessaire de divulguer leurs patronymes pour mieux les figer dans le traumatisme de ces départs ?

En révélant l’identité de ces femmes, les journalistes du Parisien et le directeur du CAT dévoilent d’abord l’identité d’enfants innocents et participent ainsi, et en toute connaissance de cause, à leur stigmatisation en France. En Syrie, ils mettent directement en danger ces enfants-là où ils se trouvent, en zone de guerre, permettant ainsi à n’importe quelles milices syriennes, groupes mafieux ou proches du régime de les identifier immédiatement pour mieux les kidnapper.

Certaines de ces femmes sont parties lorsqu’elles étaient mineures, d’autres ont été contraintes de suivre leurs parents, d’autres encore ont demandé instamment à la France pendant deux ans que leurs enfants soient sauvés du risque de mort auquel ils étaient exposés dans le camp d’Al Hol.

Rendre publics leurs visages et leurs identités ne répond à aucune nécessité d’informer ni à aucun impératif d’intérêt général.

Les services de renseignement ont fait le choix de partager des informations confidentielles avec des journalistes et le CAT, en sachant pertinemment que la divulgation de telles informations mettrait en danger leurs familles. Ces familles, qui n’ont pourtant de cesse de coopérer avec les autorités, en prennent acte et le regrettent profondément. Les dégâts collatéraux incommensurables que de telles initiatives engendrent sur des enfants et des familles innocentes doivent être dénoncés.

Les évasions et les tentatives d’évasion de femmes françaises des camps du nord-est de la Syrie sont la conséquence directe du refus des autorités françaises de rapatrier ces femmes et leurs enfants. Les révoltes dans les prisons de Hassaké comme les évasions du camp de Al-Hol, provoquées par les conditions de vie inhumaines dans ces prisons et ces camps, démontrent la nécessité du rapatriement des ressortissants français emprisonnés, pour des raisons de sécurité et de justice, mais aussi pour des raisons humanitaires, pour ce qui concerne des enfants français maintenant détenus depuis plus d’un an, plus de deux ans pour certains.

Le 31 mai 2020.

Le Collectif des Familles Unies

Révoltes et évasions dans les camps et les prisons du nord-est Syrien

Communiqué de presse du 9 avril 2020

La tentative d’évasion de deux femmes du camp syrien de Roj a été rendue publique. Les deux femmes, l’une française et l’autre belge, sans enfant présent dans le camp, se sont enfuies à la mi-mars. Elles ont finalement été retrouvées et envoyées en prison.

Ces deux femmes étaient prisonnières dans le camp de Roj depuis plus de deux ans. A plusieurs reprises, elles ont exprimé le désir d’être rapatriées dans leurs pays respectifs pour faire face à leurs responsabilités. Toutes deux considéraient que leur départ en Syrie était la plus grande erreur de leur vie et s’étaient publiquement éloignées de l’idéologie djihadiste. Malgré cela, la France comme la Belgique ont refusé leur rapatriement, comme elles ont refusé le rapatriement de tous leurs ressortissants prisonniers en Syrie, y compris les enfants.

Ces deux femmes ne sont judiciarisées qu’en France et en Belgique. En Syrie, elles ne font l’objet d’aucune inculpation ni d’aucune procédure judiciaire, et sont donc détenues arbitrairement puisque « sans droit ni titre ». Les seuls juges saisis de leur départ en Syrie et de leurs actions en zone irako-syrienne sont des juges français et belge. Aucune juridiction locale ne peut les juger au regard du droit international et, en tout état de cause, aucune procédure judiciaire locale n’a été engagée contre elles. Le Défenseur des Droits, dans un avis émis en mai 2019, a dénoncé le caractère arbitraire de la détention subie par toutes ces femmes, qui n’ont pas le droit de rencontrer leurs familles ou leurs avocats, et par tous ces enfants dont près de trois cents sont français. Ces deux femmes se sont donc « évadées » d’une détention arbitraire aux seules fins de rejoindre le seul système judiciaire qui a décerné mandats d’arrêt contre elles : celui de leurs pays respectifs.

Les gouvernements européens cantonnent donc toutes ces mères dans un no man’s land juridique, qui ressemble chaque jour un peu plus à Guantanamo, où elles n’ont aucune possibilité de se défendre légalement. Les Européens ont sous-traité aux Forces Démocratiques Syriennes le maintien arbitraire de leurs ressortissants dans des prisons et des camps, où ils survivent dans des conditions épouvantables. Pourtant, les responsables de l’Administration Autonome du Nord-Est de la Syrie (kurde) n’ont de cesse de répéter qu’ils n’ont pas les moyens d’entretenir tant de prisonniers, et exhortent vainement les pays étrangers à rapatrier leurs ressortissants.

La crise mondiale provoquée par l’épidémie de coronavirus n’a fait qu’accentuer les tensions. Dans le camp d’Al Hol, où 60000 prisonnières et leurs enfants s’entassent, les évasions se sont multipliées ces derniers temps. La récente révolte des prisonniers dans une prison de Hassaké, la multiplication des évasions et des tentatives d’évasion démontrent largement que le statu quo entretenu notamment par les pays européens n’est plus tenable, tant sur le registre sécuritaire qu’humanitaire.  

Les organisations humanitaires préviennent que l’épidémie de coronavirus, si elle gagne les camps et les prisons en Syrie, fera une hécatombe. Face à cette menace, les révoltes et les tentatives d’évasion sont susceptibles de se multiplier. La révolte d’Hasaké a sonné comme un avertissement et un appel des prisonniers à tout faire pour échapper aux mouroirs dans lesquels ils périssent. Dans les camps, les femmes et leurs enfants qui parviennent et qui parviendront à s’échapper rejoindront la Turquie dans le meilleur des cas pour revenir dans leurs pays, mais d’autres rallieront les cellules clandestines de Daesh ou seront prises par les forces de Bachar Al Asad ou d’autres milices. Dans tous les cas, et quel que soit le sort réservé à leurs parents, les enfants français et européens sont les principales victimes de cette indifférence qui confine à l’horreur et dont nos Etats démocratiques d’Europe sont entièrement responsables.

Les autorités françaises ont souvent répété, en particulier la Ministre de la Justice, que le rapatriement était préférable à la dispersion : nous y sommes. Il est temps que la France, et les autres pays européens, prennent leur responsabilité. Il est temps qu’ils s’engagent enfin à assurer la sécurité de nos pays et à respecter tant les principes fondamentaux de l’Etat de droit que les conventions internationales dont ils sont signataires. Il est temps d’organiser le rapatriement de tous les ressortissants français et européens prisonniers pour les juger dans leurs pays respectifs, et sauver des enfants innocents qui vivent depuis des années un calvaire innommable.

Le 9 avril 2020.

Communiqué du Collectif des Familles Unies

Le 24 mars 2020, l’ONU demande à la France d’organiser le rapatriement d’enfants français de Syrie 

Face aux conditions dramatiques dans lesquelles survivent les femmes et les enfants détenus arbitrairement dans les camps du Kurdistan syrien et face au risque de propagation du coronavirus dans ces foyers d’infection à haut risque, plusieurs familles françaises ont saisi le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme des Nations-Unies le 12 mars 2020. 

Le 24 mars 2020, le Comité contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants des Nations-Unies a exhorté l’Etat français à prendre les mesures suivantes : 

– Fournir aux femmes et aux enfants toute autorisation administrative, d’identité et de voyage nécessaires à leur rapatriement, gouvernemental ou assuré par une organisation humanitaire ou de secours ;

– Prendre toute autre mesure utile et raisonnablement en son pouvoir aux fins de protéger activement l’intégrité physique et psychologique des mères et de leurs enfants, y inclus l’accès aux soins médicaux auxquels ils ont besoin ;

– Tenir le Comité informé sans délai de toute mesure prise à cet effet. 

La France doit donc prendre ses responsabilités dans les meilleurs délais, sachant que plus aucune ONG n’est présente dans les camps syriens et que les enfants et leurs mères n’ont accès à aucun soin adapté. L’administration locale kurde, consciente du danger que représente la propagation du coronavirus dans cette zone particulièrement exposée du fait de sa proximité avec l’Iran, a annoncé un couvre-feu de deux semaines renouvelable au nord-est syrien.

Les familles françaises attendent donc avec impatience que la France respecte enfin ses engagements internationaux et prenne les mesures « nécessaires au rapatriement » des femmes et des enfants français détenus dans ces camps comme l’exhorte le Comité des Nations-Unies.

Le 24 mars 2020.

Communiqué du Collectif des Familles Unies : L’épidémie de coronavirus, si elle se propage en Syrie, risque d’y faire des ravages. Face à cette pandémie, les enfants français prisonniers dans les camps sont en grave danger

Paris le 23 mars 2020

Les autorités françaises maintiennent 300 enfants dans les camps syriens de Roj et de Al Hol depuis des mois et pour certains des années. En refusant de rapatrier ces enfants, dont 17 d’entre eux seulement ont été ramenés en France en mars et juin 2019, notre pays les condamne à l’exil, à une détention arbitraire et illégale, et à des conditions de vie effroyables. Malgré les appels de multiples instances internationales et nationales défendant les droits humains et les droits de l’enfant, la France s’enferre dans une politique absurde et inhumaine en sacrifiant ces enfants.

L’actuelle épidémie de coronavirus, qui dévaste le monde entier, frappe tous les pays proches de la Syrie. Officiellement, le régime de Damas prétend qu’il n’y a qu’un seul cas dépisté en Syrie, mais personne n’est dupe et aucun crédit ne peut être porté à ces déclarations. La Syrie entière, et en particulier la région d’Idlib et le Rojava (qui souffre de l’embargo de la Turquie, du régime de Damas et des Nations Unies) risque de payer le prix fort en cas de propagation du virus. L’Administration autonome kurde, en charge des camps de Roj et de Al Hol, vient de prendre toute une série de mesures pour tenter de contrecarrer l’épidémie : fermeture des écoles, fermeture du poste frontière de Semalka (avec l’Irak), confinement des personnes présentant des symptômes suspects, restrictions de circulation. Mais le système de santé dans le nord-est de la Syrie pourra difficilement lutter efficacement contre la pandémie quand celle-ci touchera le Rojava : il n’existe aucun test de dépistage, les hôpitaux sont sous-équipés, le départ des ONG a isolé un peu plus cette région meurtrie, et le manque de personnel soignant est prégnant depuis des mois.

Dans ce contexte, la situation des personnes incarcérées dans des prisons-mouroirs insalubres et surpeuplées et dans les camps, en particulier la situation des 300 enfants français prisonniers avec leurs mères, risque de devenir rapidement dramatique en cas de propagation du virus. Il semble que le virus ne s’attaque pas ou peu aux enfants, qui sont néanmoins susceptibles de le propager. Mais les enfants détenus dans ces camps sont des enfants affaiblis, dénutris, carencés, souvent malades. En dehors de toute épidémie, 371 enfants sont décédés dans le seul camp de Al Hol en 2019. Ces enfants sont donc exposés, ainsi que leurs mères, à contracter le Covid-19 et toutes formes de maladies les plus graves.

Les camps de déplacés et de prisonniers en Syrie connaissent déjà depuis des mois un désastre sanitaire qui n’a fait que s’accentuer. Dans le désert médical syrien, les camps, disposant d’antennes médicales très largement insuffisantes, risquent de connaître une hécatombe : les enfants des camps, et les 300 enfants français que notre pays maintient dans ces camps, sont d’ores et déjà en danger face à l’évolution de la maladie.L’administration kurde prévoit de placer le camp de Al Hol en quarantaine, et s’inquiète de la situation sanitaire de ce camp, où de multiples autres maladies, notamment la tuberculose, font déjà des ravages. D’ores et déjà, les incertitudes concernant les commerces opérant dans les camps et la distribution de nourriture, les problèmes d’alimentation en eau, mettent toute une population, et surtout les enfants  –  privés de soins et d’hygiène, manquant de nourriture –  dans un état d’extrême vulnérabilité face à un mal qui peut frapper à tout moment.

La solidarité nationale et internationale pour lutter contre la pandémie bat son plein. La France déploie justement tous les moyens pour aider les Français bloqués à l’étranger, et pour rapatrier ceux qui le demandent. Les seuls français exclus de toute solidarité, les seuls français qui semblent ne devoir bénéficier d’aucune sorte d’aide, sont les français prisonniers au Levant, et en particulier 300 enfants qui survivent dans les camps syriens. Ces enfants sont innocents, ils n’ont pas choisi de partir en Syrie ou en Irak, ni d’y naître. Ils souffrent et meurent pourtant depuis des mois et des années en attendant en vain de pouvoir rentrer dans leur pays.

Le Collectif des Familles Unies réclame depuis des années le rapatriement de tous les enfants français prisonniers en Syrie et de leurs parents. Ces enfants sont à présent pris au piège d’un pays en guerre qui risque de souffrir durement de l’épidémie en cours. La solidarité nationale ne peut pas exclure ces enfants, elle ne peut pas les laisser mourir dans ces conditions sans leur venir en aide, comme tous les français isolés, malades et souffrants. Face à une telle pandémie, les autorités françaises, qui auraient pu depuis des mois rapatrier ces enfants, sont et seront responsables de leur sort. 

Le 23 mars 2020.