Paris, le 12 janvier 2020
Les déclarations de Madame Nicole Belloubet le 11 janvier 2020 sont parfaitement cohérentes avec la décision prise par ce gouvernement, il y a tout juste un an, de rapatrier les Français mineurs et majeurs détenus dans le nord-est syrien.
Le 31 janvier 2019, Madame Belloubet affirmait en effet : « Nous avons fait un choix, qui est celui de la préférence du contrôle et donc du rapatriement en France ». Elle précisait par ailleurs que « la situation nouvelle, qui est liée notamment au retrait des forces américaines a bouleversé la donne et évidemment nous nous préparons à un éventuel retour des Français qui sont actuellement au nord de la Syrie ».
Monsieur Edouard Philippe, Premier Ministre, avait pris soin de confirmer et d’expliquer cette décision le même jour : « Ce que je souhaite surtout, c’est qu’ils ne disparaissent pas. Je ne veux pas qu’ils soient dispersés, qu’ils repartent en liberté pour continuer leurs activités. S’ils sont expulsés, je préfère qu’ils soient jugés et condamnés (…) en France plutôt qu’ils se dispersent dans la nature pour fomenter d’autres actions, y compris contre nos pays ».
Le choix du gouvernement de rapatrier les enfants et leurs parents détenus en Syrie était donc pesé, mûri, et assumé. Ce choix était et demeure celui de la raison. Cette décision de rapatriement a été annulée au dernier moment, et un autre choix semble l’avoir emporté au sein du gouvernement, celui du déni de nos valeurs et des conventions internationales, celui d’une terrible inhumanité envers les enfants français prisonniers : livrer et tenter de livrer nos ressortissants à un pays où peine de mort, procès inéquitables et torture sont la règle, et maintenir des enfants innocents prisonniers dans des conditions épouvantables.
Depuis lors, le retrait partiel des troupes américaines a permis à la Turquie de mener à bien son offensive militaire ; les troupes de Bachar al-Assad continuent de progresser ; le chef de l’Etat Islamique aujourd’hui décédé a appelé les cellules dormantes de Daech à aller chercher les enfants et leurs mères détenus dans ces camps ; l’Irak a officiellement fait savoir à la France qu’elle ne jugerait pas ses ressortissants en lui signifiant ne pas vouloir devenir « une poubelle à djihadistes » ; la révolte des Irakiens contre les autorités de ce pays gronde un peu plus chaque jour ; l’assassinat ciblé du général Soleimani a poussé à son paroxysme l’instabilité de toute cette zone.
En janvier 2019, l’instabilité géopolitique et la perspective d’un retrait des troupes américaines avaient conduit ce gouvernement à décider du rapatriement de tous les ressortissants français. Comment pourrait-il en être différemment aujourd’hui alors que la situation n’a eu de cesse de s’aggraver?
Les Français ne seront pas jugés en Irak et la création d’un tribunal international est inconcevable dans un tel contexte géopolitique. Tous sont judiciarisés dans un seul pays : la France. Les laisser dans cette zone de guerre revient à les livrer à court et moyen terme à Daech ou à Bachar Al-Assad.
La voix de Nicole Belloubet, qui s’exprime de nouveau après un an d’une politique qui ne prenait en compte ni le droit, ni la sécurité, ni la protection de l’enfance, est celle de la raison et de la cohérence. Elle répond à un impératif sécuritaire et humanitaire incontestable. Lutter efficacement contre Daech, c’est aussi ne pas renoncer à nos valeurs fondamentales : c’est sauver des enfants innocents et rapatrier nos ressortissants pour éviter de repeupler les rangs de Daesh.
Le Collectif des Familles Unies