20 NOVEMBER 2020 WORLD CHILDREN’S DAY

Living place of a European child in the camps of northeastern Syria

On November 20, the world and European countries celebrate World Children’s Day, and commemorate the unanimous adoption by the United Nations General Assembly, today 21 years ago, of the International Convention  of the Rights of the Child.  By signing this Convention, States undertake to defend the best interests of the child and the fundamental rights of children.

On November 26, 2019, on the occasion of the 30th anniversary of the International Convention on the Rights of the Child, the European Parliament adopted a resolution on the rights of the child, which stipulated, in its article 61 : [the European Parliament] « expresses its gravest concern regarding the humanitarian situation of children of foreign fighters held in north-east Syria and urges the Member States to repatriate all European children, taking into account their specific family situations and the best interests of the child as a primary consideration, and to provide the necessary support for their rehabilitation and reintegration; deplores the lack of action hitherto of EU Member States and the absence of coordination at EU level. »

A year has passed since this resolution, and the situation of European children stranded in northeastern Syria remains unchanged: 600 European children are still detained with their mothers in the Roj and Al-Hol camps, deprived of ALL the rights provided for  by the International Convention on the Rights of the Child. The children have now been in these camps for at least a year and a half for some, and almost three years for others.  The children survive in conditions that are still just as unworthy, threatened by the coronavirus epidemic which is spreading in the region and in the camps, without rights, without protection, without appropriate care (1), enduring in their flesh the heat wave during the summer and the freezing cold in the tents in the winter.  Deficiencies, trauma, chronic illnesses are not treated. These children are not entitled to any teaching, and a fortiori no teaching of their mother tongue. 

Two thirds of European children detained in the camps are under 6 years old, and almost all are under age 12.  These children are innocent, and should be seen as victims. To date, European countries have only repatriated a few children from the camps (2), most of them orphans: this “case-by-case” policy, which consists of sorting out children, is discriminatory and arbitrary. The fact of having their mother alive becomes a handicap for the survival of the children, and this criterion transformed into a rule is unbearable.  All European children detained in the camps are vulnerable, all are innocent, all must be protected and repatriated.

That the declared commitment of European countries in favor of children in war zones cannot materialize nor apply to European children trapped in the Syrian war seems incomprehensible.  The abandonment of these children in the sordid world of the Syrian camps constitutes the most serious violation of the rights of the child committed by the democratic countries of Europe for thirty years.  Other countries have repatriated their nationals, and on a large scale: Kazakhstan, Uzbekistan and Kosovo have repatriated all of their nationals from Syria.  The United States has done the same.

So that ALL children are repatriated, so that the best interests of the child are finally respected, so as not to add to the trauma, we must repatriate the children with their mothers.  The latter will face the justice of their respective countries: the legal systems of European countries are solid, and make it possible to organize fair trials, even for acts committed abroad, while justice recognized and in accordance with the rules of  international organizations cannot be exercised in situ.  Leaving these children and their mothers in the camps longer carries a security risk in the medium and long term, which all anti-terrorism experts point out: the status quo only promotes indoctrination by extremist groups  and plays against the security of Europe. 

Another winter is coming to Syria.  Syrian winter is harsh, and temperatures at night are negative, reaching minus 10 degrees.  Life in tents, in these conditions, is a nightmare, especially for children. Children should not have to endure another winter in the camps.  The countries of Europe can no longer continue to watch European children suffer and die.  We must act: for the security of Europe, for law, for justice.  Europe must respect its own principles.  Its principles of humanity. Its ethical principles.

We must save the European children detained in the camps in northeastern Syria and repatriate them without delay.

20th November 2020.

Collectif des Familles Unies – United Families Collective / France

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(1) 371 children died in 2019 in Al-Hol camp, from malnutrition, disease, injuries.

(2)  For a year and a half,France has repatriated 28 children from camps in Syria, Germany 7, Sweden 7, Belgium 6, the Netherlands 2, Finland 2, Denmark 2…

A drawing of a European child detained in a camp in North-East Syria

Communiqué du Collectif des Familles Unies 14 octobre 2020

La France au Comité des Droits de l’Homme de l’ONU : une occasion de transformer les paroles en actes en rapatriant les enfants français détenus en Syrie

L’Administration Autonome kurde du Nord-Est de la Syrie vient d’annoncer une amnistie « générale » pour toutes les familles syriennes détenues dans le camp Al-Hol. Cette amnistie se double d’une autre, qui concerne les prisonniers syriens liées à l’EI, avec des libérations pour certains et d’importantes réductions de peine pour d’autres. Seuls les prisonniers coupables d’espionnage, de viols, de crimes d’honneur, de trafic de drogue ou les responsables importants de Daech échappent à l’amnistie. Les 25 000 femmes et enfants syriens, y compris les épouses des combattants et des membres présumés de l’EI, vont donc quitter progressivement le camp, où la situation humanitaire est catastrophique.

Les prisonniers étrangers, et en particulier les femmes et les enfants détenus dans les camps Roj et Al-Hol, ne sont pas concernés par l’amnistie. Les autorités kurdes demandent depuis des années aux pays étrangers de récupérer et de juger eux-mêmes leurs ressortissants, et de rapatrier en particulier les femmes et les enfants. Le projet de tribunal international au Rojava n’a aucune chance de voir le jour, et la décision kurde de juger les étrangers dans des procès locaux n’a rencontré aucun écho dans les chancelleries étrangères. Les Etats-Unis se sont positionnés clairement pour que se tiennent des procès dans les pays d’origine.

En septembre, la presse allemande a révélé que le gouvernement aurait remis aux autorités kurdes une liste de 25 femmes et enfants en vue d’organiser leur rapatriement, et aurait essuyé un refus de leur part. Abdulkarim Omar, responsable kurde des Affaires étrangères, a rétorqué que ce n’était pas exact, et a assuré que les femmes et les enfants seraient remis à leurs pays respectifs si ceux-ci en faisaient la demande officielle (https://anfdeutsch.com/rojava-syrien/nordostsyrische-autonomiebehoerde-dementiert-ndr-bericht-21888). Quelques semaines plus tard, une délégation suédoise s’est rendue au Rojava. A cette occasion, les responsables kurdes auraient indiqué que les femmes suédoises et finlandaises devaient être jugées sur place, car les tribunaux de ces deux pays n’étaient pas en mesure de les poursuivre… (https://sverigesradio.se/artikel/7572499). Et de demander une « aide internationale » pour « juger » sur place ces femmes et « déradicaliser les enfants en les plaçant dans des centres spéciaux ». Cette dernière proposition (si elle est exacte) consisterait donc à séparer les enfants étrangers de leurs mères et à les placer dans des centres de rééducation « fermés », c’est-à-dire des prisons pour enfants, en violation, encore une fois, de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant. Par ailleurs, comment expliquer que les étrangères puissent être jugées localement alors que toutes les syriennes échapperaient à ces jugements. Rappelons enfin que ces « jugements » n’auraient de, toute façon, aucune valeur juridique, et qu’aucun avocat n’a été autorisé à rencontrer les femmes étrangères détenues dans ces camps depuis des mois et parfois des années.  

Le sort des ressortissants étrangers détenus en Syrie commence à faire l’objet de marchandages sordides. Les atermoiements des pays étrangers, et de la France en particulier, ont créé cette situation de confusion. La France vient d’obtenir un siège au Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU : c’est l’occasion de marquer fermement son attachement affiché aux droits humains en transformant les paroles en actes. Un nouvel hiver arrive en Syrie, le troisième pour ces enfants français détenus arbitrairement, vivant dans des conditions sordides sous de simples toiles de tentes et dans un froid glacial. Aucun enfant ne mérite cela : il faut que ces enfants rentrent dans leur pays et puissent vivre une vraie vie d’enfant. Ces enfants innocents ont assez souffert comme ça.

Le Collectif des Familles Unies estime que les ressortissants français détenus en Syrie et en Irak doivent être rapatriés et jugés en France, pour des raisons humanitaires et de droit, et pour des raisons sécuritaires. Il appelle en particulier au rapatriement immédiat de tous les enfants français prisonniers et de leurs mères.

Le 14 octobre 2020.

Le Collectif des Familles Unies

COMMUNIQUÉ DE PRESSE Me Marie Dosé 30 septembre 2020

La garde à vue de six oncles, tantes et grands-parents français d’enfants français détenus dans les camps syriens a été prolongée. Ceux-là ont donc dormi dans des cellules de quelques mètres carrés après avoir été interpellés à l’aube et menottés devant leurs autres enfants. Leurs appartements ont été perquisitionnés, leurs téléphones portables et ordinateurs saisis. 

Ce qui leur est reproché ? D’avoir envoyé de l’argent à leurs neveux, leurs nièces et leurs petits-enfants détenus depuis des mois pour certains, des années pour d’autres, dans ces camps insalubres en Syrie, où règne plus grande détresse. 

Sans l’aide matérielle de leurs familles, ces 200 enfants ne peuvent pourtant survivre dans ces lieux où l’aide humanitaire et l’accès aux soins sont presque complètement inexistants. Sans que cela n’émeuve jamais les autorités françaises, plus de 300 enfants ont déjà péri en 2019 dans le seul camp d’Al-Hol, de malnutrition, de froid ou de maladie.

Voilà deux années au moins que les autorités judiciaires, magistrats du parquet antiterroristes et juges antiterroristes, savent de façon incontestable que les familles envoient de l’argent à destination de leurs enfants prisonniers. Ces familles, régulièrement convoquées par les services de renseignement et par la police judiciaire, transmettent chaque fois toutes les informations dont elles disposent sur ces camps et sur ce qui s’y passe, et mettent un point d’honneur à répondre avec autant de précision que possible aux questions des enquêteurs. Toutes font montre de la plus grande transparence auprès des représentants d’un État qui, pourtant, s’obstine à refuser le rapatriement de leurs enfants innocents. 

Jusqu’à ces derniers mois, chaque famille pouvait adresser de l’argent à destination des camps via Western Union ou Moneygram, en faisant transiter ces sommes par la Turquie. Mais au fil du temps, les familles ont été « bloquées » par ces mêmes agences qui, désormais, leur refusent toute opération de transfert. Le Parquet National Antiterroriste (PNAT) a officiellement été avisé, cet été, de cette difficulté majeure, lequel parquet est parfaitement conscient que les enfants concernés ne peuvent survivre dans ces camps sans la moindre aide matérielle et financière. Toutes ces familles ou presque ont donc eu recours au seul et unique moyen à leur disposition : la cryptomonnaie. 

C’est pour cette seule et unique raison qu’elles ont été interpellées, placées en garde à vue, menottées devant leurs proches, et que leurs appartements ont été perquisitionnés. De fait, la France refuse donc de rapatrier des enfants exposés à un risque grandissant 

de mort, la Justice en venant à traiter leurs familles comme des criminels au seul prétexte qu’elles se refusent à les laisser mourir. 

L’article 122-7 du Code pénal consacrant l’état de nécessité comme cause d’exonération de responsabilité pénale, il est impérieux que les familles des enfants détenus dans ces camps en bénéficient. Quel État pourrait demander à des grands-parents de devenir complices de la mort de leurs petits-enfants ? Comment pourrait-on qualifier un tel État ? Et qui peut exiger d’oncles et de tantes de renoncer à porter secours à leurs neveux et nièces en proie à la faim et à la maladie ?

La France fait donc le choix de laisser mourir des enfants en zone de guerre dans des prisons à ciel ouvert, à l’instar de la justice française qui décide de criminaliser ces familles pour avoir seulement tenté d’assurer leur survie. Or ces familles ne sauraient être tenues responsables du seul moyen mis à leur disposition pour leur porter secours : elles sont aussi innocentes que leurs enfants qu’elles essayent d’arracher au  pire.

Marie Dosé –Avocat à la Cour – 30 septembre 2020 –

Communiqué du Collectif des Familles Unies

Depuis ce matin, des familles dont les petits-enfants, neveux ou nièces, survivent dans des conditions épouvantables dans les camps de Roj et de Al-Hol, en Syrie, font l’objet d’arrestations, de gardes à vue, de perquisitions et de convocations par la DGSI, dans le cadre d’une enquête du Parquet National Anti-Terroriste. Des arrestations ont été effectuées dans des conditions traumatisantes, des parents ont été menottés devant leurs enfants.

Que reproche-ton à ces familles ? Quel est leur crime ? D’avoir envoyé de l’argent à leurs filles ou leurs belles-filles actuellement détenues par les Forces Démocratiques Syriennes et l’Administration kurde du Nord-Est de la Syrie. Depuis maintenant plus de deux ans, ces femmes sont prisonnières avec leurs enfants dans des camps où les rations alimentaires octroyées par les organisations humanitaires (riz, boulgour, huile…) ne suffisent pas à nourrir les enfants. Dans ces camps, tout est payant : la nourriture, les vêtements, l’eau minérale… Seule l’aide envoyée par les familles permet aux enfants de manger de temps en temps des légumes, des fruits, quelquefois de la viande, et de ne pas boire l’eau putride des réservoirs. Seule l’aide envoyée par les familles permet parfois aux enfants d’avoir quelques jouets, de pouvoir se vêtir, et d’avoir accès à certains médicaments.

C’est tout à l’honneur des familles, et c’est leur devoir le plus absolu, d’aider leurs petits-enfants, leurs neveux et leurs nièces, quand l’Etat français les a abandonnés dans ces conditions sordides. Que cherche-t-on ? Non seulement les autorités de notre pays  veulent maintenir des enfants français prisonniers, mais veulent-elles aussi les affamer en leur ôtant la seule aide qui leur permet de vivre encore et d’espérer ?

Cette opération de police est indigne, ces poursuites sont honteuses. Ces aides sont connues des services de police depuis des années, et les familles ont toujours été transparentes là-dessus. L’argent est distribué dans les camps par l’administration kurde elle-même. Les autorités, politiques et judiciaires, doivent comprendre que rien ne peut empêcher des grands-parents, des oncles et des tantes, à vouloir sauver de la mort, de la maladie, et de conditions affreuses, leurs petits-enfants, neveux et nièces. 

C’est de la vie des enfants dont il s’agit. Ces poursuites et ces intimidations doivent cesser. Si l’Etat ne veut pas que les familles aident leurs petits-enfants à survivre, qu’il les rapatrie immédiatement. 

Quant à nous, nous n’abandonnerons jamais ces enfants.

Le 29 septembre 2020.

Le Collectif des Familles Unies

Monsieur le président de la République, plus de 200 enfants français sont détenus dans les camps en Syrie

Monsieur le président de la République,

Vos petits-enfants ont fait leur rentrée des classes la semaine dernière, les nôtres n’ont jamais vu d’école ou se souviennent à peine de leur maîtresse ; 

Votre petit-fils a appris à lire à cinq ans sans que personne ne sache comment, nos petits-enfants n’ont pas un seul livre à ouvrir ;

Vos petits-enfants apprennent le nom des couleurs en regardant autour d’eux, les nôtres ne connaissent que le marron de la boue et le jaune du sable qui les entourent ;

Vos petits-enfants mangent à leur faim et probablement trop de sucreries, les nôtres sont faméliques à force de malnutrition et de diarrhées ;

Vos petits-enfants gambadent et jouent au foot dans la cour de l’Elysée, les nôtres sont coincés sous des tentes de quelques mètres carrés et n’osent en sortir de peur d’être agressés ;

Vos petits-enfants dorment sous des couvertures et des édredons en plein hiver, les nôtres grelottent sous leurs tentes, emmitouflés dans des anoraks troués, et luttent contre le froid syrien avoisinant moins trente degrés ;

Vos petits-enfants sont partis en vacances cet été au bord de la mer, probablement au Touquet, les nôtres ont dû supporter sans bouger une canicule de plus de quarante-cinq degrés des semaines durant ;

Vos petits-enfants sont chéris, vaccinés et soignés, les nôtres sont exposés à toutes les maladies, à toutes les infections, et souffrent dans leur chair sans aucun accès aux soins, 

Vos petits-enfants, parfois, s’interrogent sur la mort et en ont peur, les nôtres assistent à l’agonie de leurs copains atteints de gangrènes, d’infections pulmonaires ou de déshydratation, 

Vos petits-enfants adorent aller chez vous et chez leur grand-mère le week-end, les nôtres ne cessent de nous demander quand ils pourront enfin nous voir « pour de vrai »,

Vos petits-enfants sont punis lorsqu’ils ont fait une bêtise, les nôtres sont punis de n’avoir rien fait,

Vos petits-enfants, comme les nôtres, sont français.

Vous avez souhaité faire des 1000 premiers jours de la vie d’un enfant une priorité de l’action publique ; que faîtes-vous des 1000 premiers jours de la vie de nos petits-enfants ?

Vous avez affirmé que les pouvoirs publics avaient « un droit de regard, d’action, une forme de droit d’ingérence quand il s’agit de protéger nos enfants » ; quand allez-vous protéger nos petits-enfants ?

Vous avez affirmé que « la France n’abandonnait jamais ses enfants, quelles que soient les circonstances et où qu’ils se trouvent » ; pourquoi abandonnez-vous nos petits-enfants ? Un jour peut-être, et grâce à vous, nos petits-enfants s’amuseront dans la même cour de récréation que les vôtres, joueront sur le même terrain de sport que les vôtres, liront le même livre, apprendrons les mêmes leçons, et grandiront ensemble. Parce que nos petits-enfants sont comme les vôtres, des enfants français innocents qu’il ne tient plus qu’à vous de sauver.

Communiqué de presse : Urgence humanitaire et sécuritaire : Il faut rapatrier maintenant les enfants français et leurs mères détenus dans des camps en Syrie

La situation humanitaire et sanitaire est en dégradation constante dans les camps du nord-est de la Syrie. La mortalité infantile y augmente de manière vertigineuse. Huit enfants de moins de 5 ans sont décédés en quatre jours dans le camp de Al-Hol, de malnutrition, de déshydratation, d’insuffisance cardiaque, d’hémorragies internes. En 2019, 371 enfants sont morts dans le seul camp de Al-Hol. Des premiers cas de coronavirus ont été détectés dans un camp où les mesures barrière, la distanciation physique, les mesures sanitaires élémentaires sont difficiles à mettre en place : des milliers d’enfants et de femmes, dont le système immunitaire est affaibli par la malnutrition, les privations, les maladies, sont en danger de mort.

Les enfants meurent par manque de soins du fait de l’insuffisance des infrastructures sanitaires dans ce camp surpeuplé, mais surtout à cause du refus des états étrangers de rapatrier leurs ressortissants : des milliers d’enfants irakiens, et 8000 enfants étrangers survivent depuis plus d’un an dans ce camp, sans que leurs pays d’origine ne leur viennent en aide. Plus de 700 enfants européens, et parmi eux plus de 200 enfants français, survivent dans des conditions épouvantables dans les camps de Roj et de Al-Hol, certains depuis plus de deux ans.

La situation sécuritaire de ces camps se dégrade constamment. Les évasions et les tentatives d’évasion s’y multiplient. Récemment, un commando de Daech a attaqué le camp de Al-Hol. Certaines détenues du camp encore liées à Daech poursuivent leur travail d’endoctrinement et de propagande. De nombreuses européennes, et parmi elles des françaises, se sont échappées des camps, certaines rejoignant la Turquie, d’autres la région d’Idlib, d’autres enfin tombant entre les mains de miliciens armés ou des forces du régime syrien. La « dispersion », que les autorités françaises semblaient redouter, se produit sous nos yeux, dans l’indifférence et l’inconscience des capitales européennes.

L’ONU, le Conseil de l’Europe, le Parlement Européen, mais aussi les grandes organisations humanitaires comme la Croix-Rouge ou l’UNICEF appellent la France et les autres pays européens au rapatriement. Les responsables kurdes eux-mêmes appellent au rapatriement. La France, championne des droits humains et des droits de l’enfant, tolère que des enfants français, dont les deux tiers ont moins de 6 ans, restent prisonniers dans des camps sordides, sans soins, sans école, sans protection. De ce fait, notre pays renie toutes les conventions qu’il a signées, et dont il s’est fait souvent le porte-parole, en particulier la Convention Internationale des Droits de l’Enfant.

Le général américain McKenzie qualifie le camp de Al-Hol de « l’un des pires endroits du monde », et la France accepte que des petits français y vivent. Cela n’est plus supportable. Que des enfants français croupissent depuis des années dans les camps sordides d’un pays en guerre, que des enfants français soient actuellement détenus avec leurs mères dans des prisons dans le nord-est de la Syrie dans des conditions inhumaines, est un scandale et une ignominie. Et cette ignominie est entretenue par tant de pays démocratiques qui prétendent défendre « les droits des enfants dans des conflits armés » : l’Europe et la France doivent se décider enfin à respecter leurs propres règles et surtout  leurs propres valeurs.

Combien d’enfants doivent mourir pour que notre pays prenne la bonne décision ? Le Collectif des Familles Unies appelle encore une fois les autorités françaises à rapatrier l’ensemble des ressortissants français prisonniers au Levant, pour que les adultes soient jugés en France et que les enfants retrouvent une vie d’enfant. 

Nous appelons plus particulièrement à une action urgente pour le rapatriement de tous les enfants français prisonniers en Syrie et de leurs mères.

« Collectif des Familles Unies » 

Le 14 août 2020

Communiqué de presse: Rapatriement de 10 enfants français des camps syriens

La France vient de rapatrier dix enfants qui  étaient détenus dans les camps de Roj ou de Al-Hol, dans le Kurdistan syrien. Certains de ces enfants étaient dans ces camps depuis plus d’un an, d’autres depuis plus de deux ans. Certains sont orphelins, d’autres sont présentés par les autorités comme des « cas humanitaires » dont les mères ont accepté d’être séparées.

Le Collectif des Familles Unies se félicite de ces retours. Chaque enfant qui revient est une vie sauvée. Cependant nous insistons sur le fait que TOUS les enfants français détenus dans des conditions épouvantables dans les camps syriens sont des « cas humanitaires », tous sont fragiles et vulnérables. Il reste encore entre 200 et 300 enfants français dans les camps.

Nous n’avons que trop tardé, et chaque jour passé dans ces camps abîme un peu plus ces enfants. Pour ce rapatriement, deux mères ont accepté de se séparer de leurs enfants, et pour l’un des deux cas au prix de la séparation d’une fratrie. Ce n’est pas à ce prix que nous devons envisager le rapatriement de ces enfants, déjà meurtris par leur histoire, les deuils, la guerre, la vie dans les camps : abandonner leurs mères (et une partie de leurs frères et sœurs) dans les camps n’est pas conforme à l’intérêt supérieur de ces enfants, et ne peut qu’accentuer leurs traumatismes.

Les ministres de la Coalition, dans un communiqué datant du 4 juin, ont demandé aux « gardiens » des étrangers, et donc des français détenus en #Syrie, de les traiter « conformément au droit international » et ont reconnu la nécessité de « procès équitables ». Ces procès équitables, nous le savons, sont impossibles en Syrie, et les procès en Irak sont inéquitables, précédés et suivis de tortures et de mauvais traitements, et débouchant sur des peines de mort. 

Toutes les mères de ces enfants ne sont judiciarisées que dans un seul pays, la France. Les traiter conformément au droit international, et les juger dans des procès équitables, implique donc de les rapatrier. Tous les spécialistes de l’anti-terrorisme plaident en ce sens, pour des raisons de sécurité. C’est également la seule manière de sauver et de rapatrier l’ensemble des enfants français détenus dans les camps, en respectant l’intérêt supérieur de ces enfants. 

C’est ce que demandent l’ONU, le Conseil de l’Europe, l’UNICEF, la Croix-Rouge, l’ensemble des ONG. C’est ce que le Collectif des Familles Unies réclame depuis longtemps. Il est temps de mettre un point final au calvaire insupportable que vivent ces enfants, et de prendre des décisions conformes à l’humanité, à la sécurité, à la justice, en rapatriant l’ensemble des enfants français des camps syriens avec leurs mères.

« Collectif des Familles Unies » 

Communiqué de Presse du Collectif des Familles Unies

Le 31 mars 2020, le journal Le Parisien et le directeur du Centre d’Analyse du Terrorisme (CAT) ont publié l’état civil complet et les photographies de 13 femmes françaises qui auraient fui le camp dans lequel elles et leurs enfants étaient arbitrairement détenus depuis des mois, voire des années. Ce faisant, les journalistes du Parisien et le Directeur du CAT ont délibérément exposé leurs parents, leurs frères, leurs sœurs et leurs proches à l’opprobre, la vindicte, et la menace publique.

Le départ de ces femmes a profondément marqué et traumatisé leurs familles restées en France qui n’ont de cesse, depuis la chute de l’Etat islamique, de réclamer le rapatriement de leurs petits- enfants et de leurs enfants. Ces femmes ne sont judiciarisées qu’en France et leurs enfants n’ont pas à payer les erreurs de leurs parents.

Ces familles sont marquées au fer rouge par la douleur de savoir leurs petits-enfants, leurs nièces et leurs neveux en proie à la famine et à la maladie en Syrie depuis trop longtemps déjà : était-il nécessaire de divulguer leurs patronymes pour mieux les figer dans le traumatisme de ces départs ?

En révélant l’identité de ces femmes, les journalistes du Parisien et le directeur du CAT dévoilent d’abord l’identité d’enfants innocents et participent ainsi, et en toute connaissance de cause, à leur stigmatisation en France. En Syrie, ils mettent directement en danger ces enfants-là où ils se trouvent, en zone de guerre, permettant ainsi à n’importe quelles milices syriennes, groupes mafieux ou proches du régime de les identifier immédiatement pour mieux les kidnapper.

Certaines de ces femmes sont parties lorsqu’elles étaient mineures, d’autres ont été contraintes de suivre leurs parents, d’autres encore ont demandé instamment à la France pendant deux ans que leurs enfants soient sauvés du risque de mort auquel ils étaient exposés dans le camp d’Al Hol.

Rendre publics leurs visages et leurs identités ne répond à aucune nécessité d’informer ni à aucun impératif d’intérêt général.

Les services de renseignement ont fait le choix de partager des informations confidentielles avec des journalistes et le CAT, en sachant pertinemment que la divulgation de telles informations mettrait en danger leurs familles. Ces familles, qui n’ont pourtant de cesse de coopérer avec les autorités, en prennent acte et le regrettent profondément. Les dégâts collatéraux incommensurables que de telles initiatives engendrent sur des enfants et des familles innocentes doivent être dénoncés.

Les évasions et les tentatives d’évasion de femmes françaises des camps du nord-est de la Syrie sont la conséquence directe du refus des autorités françaises de rapatrier ces femmes et leurs enfants. Les révoltes dans les prisons de Hassaké comme les évasions du camp de Al-Hol, provoquées par les conditions de vie inhumaines dans ces prisons et ces camps, démontrent la nécessité du rapatriement des ressortissants français emprisonnés, pour des raisons de sécurité et de justice, mais aussi pour des raisons humanitaires, pour ce qui concerne des enfants français maintenant détenus depuis plus d’un an, plus de deux ans pour certains.

Le 31 mai 2020.

Le Collectif des Familles Unies

Révoltes et évasions dans les camps et les prisons du nord-est Syrien

Communiqué de presse du 9 avril 2020

La tentative d’évasion de deux femmes du camp syrien de Roj a été rendue publique. Les deux femmes, l’une française et l’autre belge, sans enfant présent dans le camp, se sont enfuies à la mi-mars. Elles ont finalement été retrouvées et envoyées en prison.

Ces deux femmes étaient prisonnières dans le camp de Roj depuis plus de deux ans. A plusieurs reprises, elles ont exprimé le désir d’être rapatriées dans leurs pays respectifs pour faire face à leurs responsabilités. Toutes deux considéraient que leur départ en Syrie était la plus grande erreur de leur vie et s’étaient publiquement éloignées de l’idéologie djihadiste. Malgré cela, la France comme la Belgique ont refusé leur rapatriement, comme elles ont refusé le rapatriement de tous leurs ressortissants prisonniers en Syrie, y compris les enfants.

Ces deux femmes ne sont judiciarisées qu’en France et en Belgique. En Syrie, elles ne font l’objet d’aucune inculpation ni d’aucune procédure judiciaire, et sont donc détenues arbitrairement puisque « sans droit ni titre ». Les seuls juges saisis de leur départ en Syrie et de leurs actions en zone irako-syrienne sont des juges français et belge. Aucune juridiction locale ne peut les juger au regard du droit international et, en tout état de cause, aucune procédure judiciaire locale n’a été engagée contre elles. Le Défenseur des Droits, dans un avis émis en mai 2019, a dénoncé le caractère arbitraire de la détention subie par toutes ces femmes, qui n’ont pas le droit de rencontrer leurs familles ou leurs avocats, et par tous ces enfants dont près de trois cents sont français. Ces deux femmes se sont donc « évadées » d’une détention arbitraire aux seules fins de rejoindre le seul système judiciaire qui a décerné mandats d’arrêt contre elles : celui de leurs pays respectifs.

Les gouvernements européens cantonnent donc toutes ces mères dans un no man’s land juridique, qui ressemble chaque jour un peu plus à Guantanamo, où elles n’ont aucune possibilité de se défendre légalement. Les Européens ont sous-traité aux Forces Démocratiques Syriennes le maintien arbitraire de leurs ressortissants dans des prisons et des camps, où ils survivent dans des conditions épouvantables. Pourtant, les responsables de l’Administration Autonome du Nord-Est de la Syrie (kurde) n’ont de cesse de répéter qu’ils n’ont pas les moyens d’entretenir tant de prisonniers, et exhortent vainement les pays étrangers à rapatrier leurs ressortissants.

La crise mondiale provoquée par l’épidémie de coronavirus n’a fait qu’accentuer les tensions. Dans le camp d’Al Hol, où 60000 prisonnières et leurs enfants s’entassent, les évasions se sont multipliées ces derniers temps. La récente révolte des prisonniers dans une prison de Hassaké, la multiplication des évasions et des tentatives d’évasion démontrent largement que le statu quo entretenu notamment par les pays européens n’est plus tenable, tant sur le registre sécuritaire qu’humanitaire.  

Les organisations humanitaires préviennent que l’épidémie de coronavirus, si elle gagne les camps et les prisons en Syrie, fera une hécatombe. Face à cette menace, les révoltes et les tentatives d’évasion sont susceptibles de se multiplier. La révolte d’Hasaké a sonné comme un avertissement et un appel des prisonniers à tout faire pour échapper aux mouroirs dans lesquels ils périssent. Dans les camps, les femmes et leurs enfants qui parviennent et qui parviendront à s’échapper rejoindront la Turquie dans le meilleur des cas pour revenir dans leurs pays, mais d’autres rallieront les cellules clandestines de Daesh ou seront prises par les forces de Bachar Al Asad ou d’autres milices. Dans tous les cas, et quel que soit le sort réservé à leurs parents, les enfants français et européens sont les principales victimes de cette indifférence qui confine à l’horreur et dont nos Etats démocratiques d’Europe sont entièrement responsables.

Les autorités françaises ont souvent répété, en particulier la Ministre de la Justice, que le rapatriement était préférable à la dispersion : nous y sommes. Il est temps que la France, et les autres pays européens, prennent leur responsabilité. Il est temps qu’ils s’engagent enfin à assurer la sécurité de nos pays et à respecter tant les principes fondamentaux de l’Etat de droit que les conventions internationales dont ils sont signataires. Il est temps d’organiser le rapatriement de tous les ressortissants français et européens prisonniers pour les juger dans leurs pays respectifs, et sauver des enfants innocents qui vivent depuis des années un calvaire innommable.

Le 9 avril 2020.