L’Université se mobilise pour le rapatriement des enfants français détenus en Syrie
« Décembre 2019. Un troisième hiver dans les camps se profile pour ces femmes et leurs enfants. Certaines, conscientes que plus rien de ce qui les entoure n’est provisoire, commencent à cimenter le pourtour extérieur de leurs tentes ; d’autres creusent des fossés pour empêcher les inondations. « J’ai l’impression de creuser ma tombe et celle d’Aïssa », me confie l’une d’elles. La phobie du feu reprend de plus belle, tous les enfants étant traumatisés par les incendies : à Roj, au cours de l’hiver 2018 et en moins d’un mois, le hangar à gaz et cinq tentes ont pris feu, occasionnant des plaies qui ne cicatriseront jamais.
De tout cela et du reste, les autorités françaises sont informées dans les moindres détails. Juste avant l’été 2019 par exemple, j’avertis le Quai d’Orsay et la présidence de la République du danger que représentaient dans le camp d’Al-Hol les fosses à excréments à ciel ouvert, précisant que les mères s’inquiétaient de voir leurs enfants marcher ou courir à proximité, au risque d’y tomber ; aux mêmes, je transmis également des clichés, certes peu ragoûtants mais on ne peut plus explicites quant à la situation sanitaire dans le camp. Une semaine plus tard, jour pour jour, je me voyais obligée de leur écrire à nouveau : « J’ai attiré votre attention la semaine dernière sur la situation sanitaire qui n’en finit pas de se dégrader dans le camp d’Al-Hol. Je vous avais transmis des photographies des trous creusés à même le sol qui servent de poubelles et de latrines qui constituent un danger pour tous les enfants errant dans ces camps. Avant-hier soir, un enfant est tombé dans une de ces fosses emplies d’excréments et est mort, noyé dans les déjections. (…) Cet enfant avait deux ans. »
C’est ainsi que Marie Dosé, dans son livre « Les Victoires de Daech » paru en 2020, relate tant la monstruosité des conditions de vie de ces enfants détenus dans les camps syriens que l’inertie coupable du gouvernement pourtant informé de cette ignominie.
Chaque jour, les conditions de vie dans les camps du nord-est syrien se dégradent : un enfant a été tué dans le camp Al Hol par un garde kurde, des tentes ont été incendiées dans le camp Roj, la prison Al-Sinaa d’Hassaké a fait l’objet d’un assaut des combattants de Daech, et une femme française est décédée à l’âge de 28 ans dans le camp Roj, le 14 décembre dernier, laissant une petite fille de 6 ans orpheline qui n’a toujours pas été rapatriée…
L’actualité mortifère en Syrie a conduit une kyrielle de voix à s’élever. Ainsi, en quelques mois ont été publiées les tribunes du défenseur des droits, de Bernard Cazeneuve et François Zimeray, d’Arthur Dénouveaux et Me Jean-Marc Delas, et de Serge Hefez et quatre autres pédopsychiatres de renom. Rachid Benzine, islamologue et écrivain, a consacré son dernier livre « Voyage au bout de l’enfance » à ce drame. Un collectif de marraines et parrains a été créé réunissant artistes et intellectuels, et près de 200 parlementaires ont publiquement soutenu l’appel au rapatriement de ces enfants et de leurs mères.
� Et les étudiants alors ?
A l’approche des élections législatives, la voix étudiante est plus que jamais importante et peut faire bouger les choses. Parce que la décision de maintenir ces enfants dans des camps de prisonniers syriens est un choix politique assumé depuis 5 ans par la France.
⚫️ Pourquoi cette pétition ?
Pour que ces enfants puissent grandir et se reconstruire dignement, pour qu’ils puissent être accompagnés par leurs familles qui attendent depuis bien trop longtemps leur retour, pour qu’ils puissent apprendre et prétendre à un avenir meilleur, pour qu’ils puissent aimer et être aimés, pour que notre pays cesse de transformer ces enfants et leurs mères en martyrs et nourrir ainsi le discours mortifère de Daesh, et pour qu’enfin la France montre qu’elle peut encore être cette nation pétrie d’humanisme qui ne tourne pas le dos à ses enfants !
Pour que nous étudiants, nous montrons que nous sommes investis dans les sujets qui touchent la France, que nous sommes préoccupés par le sort réservé à ces enfants qui sont et auraient pu être nos frères et soeurs, nos cousins et cousines, nos neveux et nièces !
Pour que nous jouions un rôle dans cette élection en confrontant le gouvernement, les élus, ceux qui prétendent nous représenter, à leur inaction face à cette situation innommable !
Pour que nous soyons ceux qui s’engagent pour offrir une autre image de la France à ces enfants !
Pour que nous obligions la France, qui vient d’être condamnée pour avoir violé la Convention internationale des droits de l’enfant en maintenant ces enfants et leurs mères dans des « Guantanamo pour enfants », à respecter ses engagements internationaux !
Qui peut encore nous faire croire que ces enfants sont une menace pour notre pays ? La place de ces enfants n’est-elle pas sur des bancs d’école plutôt que dans des camps ?
Nous ne devons pas, nous ne pouvons pas rester muets face à une telle situation. Faisons entendre notre indignation face à la violation de leurs droits fondamentaux !
A travers nos voix, faisons enfin entendre la leur !
La dignité de ces familles qui se battent sans relâche depuis des années pour voir enfin le droit respecté et appliqué commande notre profond respect. Pour cela, l’Association des Droits Humains de la Sorbonne entend s’engager à leurs côtés, notamment par la diffusion de cette pétition.
Alors, si la situation de ces enfants vous révolte et que vous souhaitez faire entendre votre voix : SIGNEZ ET FAITES SIGNER !