Le Collectif Familles Unies réclame le rapatriement immédiat des enfants et des ressortissants français détenus en Syrie
Le départ des troupes américaines et l’impact de ce retrait sur les zones actuellement contrôlées par les forces kurdes, risque d’avoir des conséquences dramatiques sur le sort des enfants français détenus actuellement avec leurs mères dans les camps kurdes. Des rumeurs alarmantes, non encore vérifiées, font état de possibles transferts de prisonniers vers les forces de Bachar el Assad, notamment en cas d’offensive turque. Le rapprochement des forces kurdes, après la défection des Américains, avec le régime de Damas prend de plus en plus rapidement forme, et ces transferts représentent donc une possibilité qu’il faut prendre en compte, d’autant que l’on se souvient des transferts et des échanges de prisonniers entre les forces kurdes et l’Etat islamique en mai dernier.
En février dernier, M. Le Drian, Ministre des Affaires étrangères, déclarait que les enfants français détenus en Syrie seraient rapatriés. En septembre, le Ministère des Affaires étrangères réitérait cette position, en précisant que les enfants seraient rapatriés seuls, sans leurs mères, qui devaient être jugées en Syrie. Des émissaires français du Ministère des Affaires étrangères visitaient le camp de Roj, administré par les forces kurdes, en octobre, et rencontraient certaines ressortissantes françaises pour les sonder sur leur intention de laisser partir ou pas leurs enfants sans elles, – sans trop de succès à vrai dire. Ces femmes étaient placées devant le choix suivant : accepter le départ de leurs enfants sans espoir de les revoir un jour, et sans aucune visibilité sur leur avenir à elles, – ou garder leurs enfants avec elles, dans un camp d’un pays en guerre. Le Ministère des Affaires étrangères déclarait vouloir agir dans « l’intérêt supérieur de l’enfant ». De notre point de vue, l’intérêt supérieur des petits enfants français détenus en Syrie est d’être tous rapatriés dans leur pays, et de bénéficier des droits à la sécurité, à la santé, à l’éducation, aux loisirs… – droits élémentaires dont ils sont complètement privés dans les camps.
Cette position des autorités françaises (rapatrier les enfants sans les mères mais avec l’autorisation de celles-ci) équivalait de facto à ne pas rapatrier des enfants français prisonniers, qui sont parfaitement innocents, qui n’ont rien demandé et qui sont des victimes de Daesh et de la guerre. L’évolution de la situation en Syrie rend de toute façon cette position complètement caduque : on sait formellement à présent qu’il n’y aura pas de procès organisés par les forces kurdes à l’encontre des ressortissants français. Les kurdes le répétaient sur tous les tons depuis des mois ; la situation à présent l’impose de manière formelle.
Si les forces kurdes ne jugent pas les adultes, comme c’est à présent certain, et si le rapprochement entre les responsables kurdes et le régime de Damas se précise, il y a un risque évident que ces enfants et leurs parents soient livrés aux forces syriennes, dans un avenir qui pourrait être proche. Ces enfants et leurs parents sont donc en danger de mort : les informations rapportées sur les prisons syriennes font constamment état de tortures, de viols et d’exécutions sommaires. Est-ce cela que l’on veut pour des petits enfants français innocents ? Est-ce cela que l’on préconise pour des adultes – aussi coupables soient-ils – dont des ministres français disaient encore récemment qu’ils devaient être jugés dans des « procès équitables » ?
Il y a actuellement une quinzaine de femmes françaises détenues avec leurs enfants (une cinquantaine) au camp de Roj. D’autres françaises (en plus petit nombre) sont détenues à Aïn Issa et Al-Hol. Ces enfants ont entre deux mois et une dizaine d’années, et la majorité a moins de cinq ans.
Ces enfants vivent depuis des mois dans des conditions matérielles précaires, sans école, sans éducation, sans accès aux soins, dans des conditions climatiques qui sont de plus en plus rigoureuses. Ces enfants sont actuellement en danger de mort : il faut les sauver, et il y a urgence ! Certains d’entre eux croupissent dans des camps depuis un an et demi.Comment un Etat de droit, soucieux des droits humains, des droits de l’enfant comme la France, peut-il laisser ses propres enfants dépérir dans ces conditions ?
Dans cette situation de détention qui se prolonge, ce sont les plus faibles, les plus innocents, qui payent le plus lourd tribut ! Devant cette souffrance des enfants, devant le risque énorme qu’ils courent à présent, il faut agir vite : nous demandons que les rapatriements commencent dans les plus courts délais.
Pour que le rapatriement de tous les enfants puissent se faire rapidement et dans de bonnes conditions, pour qu’il n’y ait pas d’exception dans le traitement des enfants, nous demandons que les mères soient rapatriées avec eux. Le Collectif Familles unies ne demande aucune indulgence particulière pour les adultes, et veut que ceux-ci soient placés devant leurs responsabilités, qu’ils soient donc jugés dans le cadre de procès équitable.
En ce qui concerne les prisonniers détenus dans les prisons kurdes, à savoir quelques dizaines de ressortissants français, essentiellement des hommes, nous demandons l’exécution des mandats d’arrêt internationaux édictés par la justice française, et donc leur extradition vers la France. Pour eux non plus, nous savons à présent qu’il n’y aura pas de procès sur place. Les autorités kurdes ont déclaré par ailleurs qu’ils ne pourraient pas longtemps assurer des conditions de détention optimales, que des évasions ou des dispersions étaient dès lors possibles : leur extradition est donc non seulement une question de droit, mais aussi de sécurité nationale.