Communiqué de presse du Collectif Familles Unies du 26 décembre 2018 LES FRANÇAIS DÉTENUS DANS LES CAMPS ET LES PRISONS EN SYRIE VONT-ILS ÊTRE LIVRÉS À ASSAD ?

Le Collectif Familles Unies réclame le rapatriement immédiat des enfants et des ressortissants français détenus en Syrie

Le départ des troupes américaines et l’impact de ce retrait sur les zones actuellement contrôlées par les forces kurdes, risque d’avoir des conséquences dramatiques sur le sort des enfants français détenus actuellement avec leurs mères dans les camps kurdes. Des rumeurs alarmantes, non encore vérifiées, font état de possibles transferts de prisonniers vers les forces de Bachar el Assad, notamment en cas d’offensive turque. Le rapprochement des forces kurdes, après la défection des Américains, avec le régime de Damas prend de plus en plus rapidement forme, et ces transferts représentent donc une possibilité qu’il faut prendre en compte, d’autant que l’on se souvient des transferts et des échanges de prisonniers entre les forces kurdes et l’Etat islamique en mai dernier.

En février dernier, M. Le Drian, Ministre des Affaires étrangères, déclarait que les enfants français détenus en Syrie seraient rapatriés. En septembre, le Ministère des Affaires étrangères réitérait cette position, en précisant que les enfants seraient rapatriés seuls, sans leurs mères, qui devaient être jugées en Syrie. Des émissaires français du Ministère des Affaires étrangères visitaient le camp de Roj, administré par les forces kurdes, en octobre, et rencontraient certaines ressortissantes françaises pour les sonder sur leur intention de laisser partir ou pas leurs enfants sans elles, – sans trop de succès à vrai dire. Ces femmes étaient placées devant le choix suivant : accepter le départ de leurs enfants sans espoir de les revoir un jour, et sans aucune visibilité sur leur avenir à elles, – ou garder leurs enfants avec elles, dans un camp d’un pays en guerre. Le Ministère des Affaires étrangères déclarait vouloir agir dans « l’intérêt supérieur de l’enfant ». De notre point de vue, l’intérêt supérieur des petits enfants français détenus en Syrie est d’être tous rapatriés dans leur pays, et de bénéficier des droits à la sécurité, à la santé, à l’éducation, aux loisirs… – droits élémentaires dont ils sont complètement privés dans les camps.

Cette position des autorités françaises (rapatrier les enfants sans les mères mais avec l’autorisation de celles-ci) équivalait de facto à ne pas rapatrier des enfants français prisonniers, qui sont parfaitement innocents, qui n’ont rien demandé et qui sont des victimes de Daesh et de la guerre. L’évolution de la situation en Syrie rend de toute façon cette position complètement caduque : on sait formellement à présent qu’il n’y aura pas de procès organisés par les forces kurdes à l’encontre des ressortissants français. Les kurdes le répétaient sur tous les tons depuis des mois ; la situation à présent l’impose de manière formelle.

Si les forces kurdes ne jugent pas les adultes, comme c’est à présent certain, et si le rapprochement entre les responsables kurdes et le régime de Damas se précise, il y a un risque évident que ces enfants et leurs parents soient livrés aux forces syriennes, dans un avenir qui pourrait être proche. Ces enfants et leurs parents sont donc en danger de mort : les informations rapportées sur les prisons syriennes  font constamment état de tortures, de viols et d’exécutions sommaires. Est-ce cela que l’on veut pour des petits enfants français innocents ? Est-ce cela que l’on préconise pour des adultes – aussi coupables soient-ils – dont des ministres français disaient encore récemment qu’ils devaient être jugés dans des « procès équitables » ?

Il y a actuellement une quinzaine de femmes françaises détenues avec leurs enfants (une cinquantaine) au camp de Roj. D’autres françaises (en plus petit nombre) sont détenues à Aïn Issa et Al-Hol. Ces enfants ont entre deux mois et une dizaine d’années, et la majorité a moins de cinq ans.

Ces enfants vivent depuis des mois dans des conditions matérielles précaires, sans école, sans éducation, sans accès aux soins, dans des conditions climatiques qui sont de plus en plus rigoureuses. Ces enfants sont actuellement en danger de mort : il faut les sauver, et il y a urgence ! Certains d’entre eux croupissent dans des camps depuis un an et demi.Comment un Etat de droit, soucieux des droits humains, des droits de l’enfant comme la France, peut-il laisser ses propres enfants dépérir dans ces conditions ?

Dans cette situation de détention qui se prolonge, ce sont les plus faibles, les plus innocents, qui payent le plus lourd tribut ! Devant cette souffrance des enfants, devant le risque énorme qu’ils courent à présent, il faut agir vite : nous demandons que les rapatriements commencent dans les plus courts délais.

Pour que le rapatriement de tous les enfants puissent se faire rapidement et dans de bonnes conditions, pour qu’il n’y ait pas d’exception dans le traitement des enfants, nous demandons que les mères soient rapatriées avec eux. Le Collectif Familles unies ne demande aucune indulgence particulière pour les adultes, et veut que ceux-ci soient placés devant leurs responsabilités, qu’ils soient donc jugés dans le cadre de procès équitable.

En ce qui concerne les prisonniers détenus dans les prisons kurdes, à savoir quelques dizaines de ressortissants français, essentiellement des hommes, nous demandons l’exécution des mandats d’arrêt internationaux édictés par la justice française, et donc leur extradition vers la France. Pour eux non plus, nous savons à présent qu’il n’y aura pas de procès sur place. Les autorités kurdes ont déclaré par ailleurs qu’ils ne pourraient pas longtemps assurer des conditions de détention optimales, que des évasions ou des dispersions étaient dès lors possibles : leur extradition est donc non seulement une question de droit, mais aussi de sécurité nationale.

Lettre ouverte du Collectif Familles Unies le 21 décembre 2018 à l’attention de Monsieur Emmanuel Macron, le Président de la République.

Objet : Le devenir des enfants et petits enfants orphelins en Syrie

Monsieur le Président de la République, 

C’est avec gravité, que nous vous demandons d’intervenir dans l’urgence pour que nos petits-enfants français, emmenés malgré eux en Syrie, ne soient pas tués par l’armée Française et les forces de la coalition internationale.

Nous parents, grands-parents, recevons des messages de nos filles terrifiées ! Elles nous transmettent les noms des familles françaises tuées sous les bombes de la coalition internationale, dont la France fait partie ! 

Les bombes tombent sur des habitations ciblées où se trouvent des femmes et des enfants :  50 petits enfants Français de familles de notre collectif sont morts récemment sous les bombes de la coalition et de la France. Il reste des orphelins.

L’armée a fait le choix de couper l’acheminement de nourriture pour les affamer.  les premières victimes sont encore les enfants, certains mangent de l’herbe.

Ces femmes et enfants sont des citoyens français. On déplore également de nombreuses victimes chez les civils syriens.

A chaque instant nous surveillons nos téléphones dans l’espoir d’avoir un signe de vie de nos petits-enfants, avec l’angoisse d’apprendre le décès de nos filles et de leurs enfants. Daech doit être éradiqué, mais pas à n’importe quel prix ! Pas en sacrifiant volontairement des civils Français, nos petits-enfants et leurs parents.

Les médias internationaux parlent d’un massacre de civils et les O.N.G dénoncent la violation des conventions internationales.

Nous ne voulons pas soustraire nos enfants à la justice. Ils doivent rendre des comptes pour s’être rendus en Syrie, pour appartenance à une idéologie djihadiste. Ils ont été manipulés et embrigadés par Daech sur le territoire français.

La majorité de nos petits enfants sont en bas âge et  innocents. Ils n’ont pas demandé à partir ou à naître dans un pays en guerre. Vous ne leur laissez aucune chance de survie ! Nos filles n’ont plus « d’endroits » où se mettre à l’abri avec leurs enfants.

Nous souhaiterions aussi avoir la liste de ceux qui sont décédés dans les bombardements pour que leurs familles puissent faire leur deuil. Pouvez-vous également nous donner les noms de ceux et celles qui sont en détention dans les camps ou les prisons en Syrie ou en Irak. Certaines familles n’ont plus de nouvelles depuis des mois.

Nous sommes respectueux des valeurs de la République et demandons simplement que nos filles et nos petits-enfants échappent à cet enfer. 

Entendez, Monsieur Le Président de la République, notre appel de détresse. Nos enfants et petits enfants n’ont que trop souffert. Ce sont aussi des enfants de la République. Sauvez ceux qui peuvent encore l’être.

Nous vous prions de croire, Monsieur le Président de la République, en nos sentiments respectueux.

Des familles françaises de la République.

Familles unies dans la douleur face à la tuerie de Strasbourg


Familles unies dans la douleur face à la tuerie de Strasbourg qui augmente l’inquiétude des personnes touchées voire  engagées dans la prévention de la radicalisation violente. (@collectif familles unies)

Comment l’idéologie radicale salafiste , takfiriste ( ce qui semble le cas de ce jeune à Strasbourg) a t elle pu se développer en france, dans les prisons, ailleurs , et contaminer des jeunes (nos jeunes…) ?

Si nos responsables ne combattent pas cela en amont fermement, on ne peut pas trouver le remède , le poison idéologique continuera de se diffuser et cela risquera de  perdurer malheureusement.

Réagissons & unissons nos forces. 

Communiqué de presse audio-vidéo franco-anglais : Appel au Président de la République française et aux responsables de la coalition internationale.

« COLLECTIF FAMILLES UNIES »

Communiqué de presse audio-vidéo franco-anglais du 9 décembre 2018 
Appel au Président de la République française et aux responsables de la coalition internationale : 
 
En cette période de fêtes de Noël, nous avons une pensée douloureuse pour nos petits-enfants victimes des bombardements de la coalition en Syrie.
 
Chaque jour la liste des décès s’allonge. D’autres enfants sont enfermés dans des prisons ou détenus dans des camps. Ces enfants sont en majorité en bas âge.
 
Monsieur le Président de la République française et Messieurs les responsables de la coalition internationale, épargnez ces petits innocents, car aucune guerre ne justifie de tuer des enfants.
 
 « Collectif Familles Unies »

La réalité de ce conflit

Dans ce conflit Irako-Syrien qui a piégé et berné de jeune français, ne faisons pas de nos enfants et petits enfants des Comtes de Montecristo !
Dans 10 ans ou 20 ans notre Président, Monsieur Emmanuel Macron et Monsieur Hollande qui la précédé, ne seront plus là pour répondre de leur politique d’hier en partie responsable de la situation dramatique d’aujourd’hui, sur fond d’idéologie religieuse radicale et mortifère.
Il est encore temps de sauver les enfants sur zone de guerre, de les « rééduquer », les réparer, de désamorcer toute velléité de vengeance pour les, nous, protéger du pire.
Rapatrions nos petits enfants.
Que leurs parents puissent être jugés, équitablement et sereinement par la justice française pour ce qu’ils auraient fait.

Communiqué de presse du 26/09/2018

Sitting de sensibilisation :

Pour l’application du droit et rien que le droit

COLLECTIF FAMILLES UNIES

Familles françaises victimes de la radicalisation religieuse violente, touchées directement par le conflit irako-syrien

 → Le  Collectif Familles Unies n’abandonnera pas ses enfants piégés par une idéologie et une guerre. Nous rappelons 2 principes pour apaiser le débat :

–       On ne règle pas un conflit à coups de peurs et de vengeances

–       Un conflit se règle par le respect du droit élémentaire de pouvoir vivre     en paix

Nous, parents et grands-parents du Collectif Familles Unies, demandons à l’État français :

De se conformer au Droit, non seulement interne, mais aussi international, pour rapatrier sans tarder nos jeunes enfants prisonniers de ce conflit qui n’a que trop duré. Ces enfants sont innocents et pénalement non responsables devant la LOI.

Aujourd’hui il y a urgence, un bébé français de 18 mois vient de mourir dans un camp kurde. Réagissons ! Combien de bébés faut-il encore laisser dans cette indifférence pour avoir un peu d’humanité ?

Que leurs parents, recherchés par Interpol, puissent être jugés, équitablement et sereinement par la justice française, pour ce qu’ils auraient fait.

Nous exigeons la liste des prisonniers et des camps où ils sont retenus, des personnes décédées ou supposées décédées.

→ Dans l’application de cette justice sereine et équitable pour tous, nous avons le droit de savoir, de connaître tous les différents acteurs politico-religieux de ce conflit, malintentionnés et manipulateurs, dont certains sont encore présents en France, ils gangrènent les fondements de notre société en attaquant le cœur des familles.

→Pour que tous ces drames ne se reproduisent plus chez nous, en France, nous ne revendiquons pas de vivre ensemble, mais de construire ensemble notre société. Et cela passera par la concertation, la compréhension mutuelle, pour une résolution sereine et durable du conflit.

Ne soyons pas plus barbares que ceux qui nous ont « enlevé » nos enfants.

Samedi 29 septembre 2018 14H-18H

 Place du Châtelet – Paris

Contact: collectiffamillesunies@gmail.comhttps://www.famillesunies.fr/

Missions du Collectif Familles Unies :

– Accompagnement – Prévention – Sensibilisation – force de Proposition –

Communiqué de presse audio-video du 9 septembre 2018

Appel de détresse pour sauver de jeunes enfants français victimes du conflit sur zone Irako-Syrienne

L’heure est grave!

Aujourd’hui des enfants et petits-enfants français sont sur un théâtre de guerre.

Les combats s’intensifient dans le Nord et le sud-est de la Syrie, ce qui met en danger la vie des enfants en bas âge et innocents.

Les autorités françaises leur doivent secours, assistance et protection, conformément au droit national, aux Conventions internationales et aux directives européennes.

Monsieur le Président de la République, vous avez l’obligation de les respecter selon notre Constitution.

En ne faisant rien, la France faisant partie de la coalition internationale se rendrait coupable de la mort de nos petits enfants, citoyens français. 

Monsieur le Président, Monsieur Emmanuel MACRON, vous pouvez encore les sauver. 

N’oubliez pas votre promesse de les rapatrier.

Qui sommes-nous ?

Le collectif est né en 2017 de la volonté de soutenir les familles touchées par la radicalisation djihadiste et d’agir. Le point commun de tous les parents est qu’ils sont tous victimes d’une idéologie mortifère, qui a entrainé leur (s) enfant (s) dans une zone de guerre, pour les sacrifier en première ligne, au nom de cette idéologie. Cette situation nous amène à nous sentir proches des victimes d’exactions barbares, qui se sont exprimées en France, en Europe, dans le monde, au nom d’un extrémisme politico-religieux.

Les familles ont pleinement conscience de la nécessité d’une approche par tous les acteurs de la société, politiques, professionnels de l’éducation, administrations, familles, psychologues  et religieux, pour trouver des solutions consensuelles, évolutives et pérennes autour d’une table. C’est la raison pour laquelle ils ont décidé de se réunir en un collectif laïc et républicain, respectueux des différences  philosophiques, politiques et religieuses. Toutes les origines sociales y sont représentées, parents de garçons ou filles, morts ou encore vivants, certains en prison en France ou à l’étranger ;ils sont unis dans la souffrance en quête de solutions et force de proposition.

Toute famille touchée peut demander à rejoindre ce collectif.

conférence du collectif à Paris, le 14 mai 2018- en présence de maître Pradel et maître Dosé.

Témoignages & Bibliographie

Témoignages

Lau Nova « ma chère fille salafiste »

Sophie KASIKI « dans la nuit de Daech »

Laura PASSONI « au cœur de Daesch avec mon fils »

Isabelle SERET & Vincent de GAULEJAC : « mon enfant se radicalise »

Véronique ROY « Quentin qu’ont-ils fait de toi ? »

Vidéo témoignage

Comprendre & parer la radicalisation, l’idéologie djihadiste, l’islamisme.

Jean Marie PETIT CLERC « prévenir la radicalisation des jeunes »

André VERSAILLE « les musulmans ne sont pas des bébés phoques »

Boualem SANSAL « gouverner au nom d’Allah »

Djemila BENHABIB « Après Charlie »

David THOMSON « les revenants »

David VALLAT « Terreur de jeunesse »

Khaled SLOUGUI

Gilles KEPEL “la laïcité contre la fracture”

Achraf Ben Brahim « L’Emprise »

Conférence de presse 14 Mai 2018

Madame Roy-Burin

Madame Roy-Burin rappelait que le collectif est venu, dans un contexte où l’actualité est encore véhémente sur les questions relatives aux djihadistes français partis en Syrie. Certains, du fait de cette actualité, leur ont même demandé de ne pas faire cette conférence. Simplement, comme elle le soulignait: « L’heure est grave, on veut parler de nos petits enfants, de nos souffrances, ce qui est arrivé est horrible et il ne faut pas que ça continue mais voilà, on n’y est pour rien. Il faut trouver des solutions et c’est aussi pourquoi on est réuni ».

Pour la présenter, Madame Roy-Burin est la maman d’un jeune parti en Syrie et, a priori, mort sur zone irako-syrienne.

Ce collectif représente des familles qui, pour certaines, ne peuvent ou ne veulent pas parler. Mais au jour de la conférence, ils se sont armés de courage, et consentent à faire entendre leur voix. Les parents des enfants partis en Syrie ont souhaité parler des drames familiaux qu’ils vivent, touchés par la radicalisation violente de l’un de leurs enfants partis en zone irako-syrienne. Or ces derniers ont eu ou ont pu avoir des enfants, aujourd’hui bloqués dans ces zones de conflit d’une particulière dangerosité.

Madame Roy-Burin rappelle que la situation des enfants dans les conflits a déjà été posée en temps de guerre. Par exemple lors de la Seconde Guerre Mondiale, les enfants ont pris le maquis pour combattre Pétain. D’autres ont vécu la guerre sans la faire. Une phrase a une résonnance toute particulière pour elle : « après la guerre, les enfants ont fait l’objet de toutes les attentions, pour guérir les hommes il faut soigner les enfants ».

Les parents vivant cette situation sont les premiers touchés par l’idéologie djihadiste qui a volé le cerveau des enfants partis. La propagande djihadiste s’enracine dans le salafisme, idéologie ancienne qui arrive à séduire, tenter la jeunesse. Néanmoins, Madame Roy-Burin met en exergue que les recruteurs, les prédicateurs, les idéologues, sont aussi chez nous, en France, et pas seulement en Syrie ou en Irak. Le problème existe depuis longtemps et, aujourd’hui, on feint de le découvrir.

Que fait vraiment la France pour éviter son déploiement ?

Ce sont 1700 jeunes français qui sont partis en Syrie en zone de guerre, certains sont décédés comme le fils de Madame Roy-Burin, mais sa mort, leur mort, n’est pas reconnue officiellement. Triste record de la France, premier contingent européen de Daesh : 20 000 radicalisés en France, soit 10 fois plus que ceux qui sont partis. Il y aurait aujourd’hui, près de 1 200 français, encore sur zone, comprenant évidemment les « tous petits ».

« Agissons, prenons les bonnes décisions, n’ayons pas peur », déclame pour terminer sa prise de parole, Madame Roy-Burin.

Thierry, époux de Madame Roy-Burin

Thierry est l’un des papas du collectif qui essaie de rester debout malgré le drame qui a touché sa famille.

En effet, son fils s’est converti à l’islam à l’âge de 20 ans. Il est parti en cachette rejoindre la Syrie en septembre 2014. Avec son épouse, il s’est attaché à lui donner la meilleure éducation avec une ouverture d’esprit la plus large possible. Sa mort fut annoncée en janvier 2016, mais les circonstances restent, aujourd’hui encore, inconnues. Elle n’est pas reconnue par la France…

Le collectif est né de la volonté de soutenir les familles et d’agir. Le point commun de tous les parents est qu’ils sont tous victimes d’une idéologie mortifère, qui a entrainé leurs enfants dans une zone de guerre, pour les sacrifier en première ligne, au nom de cette idéologie. Cette situation nous amène à nous sentir proches des victimes d’exactions barbares, qui se sont exprimées en France, en Europe, dans le monde, au nom d’un extrémisme religieux.

Il regrette aussi que de nombreux responsables politiques, tous bords confondus, aient choisi de ne pas dénoncer ce qui doit l’être pendant toutes ces années pour ménager leur électorat. Il met également en avant la trop timide implication, selon lui, des responsables religieux ou communautaires, sans doute par peur de représailles.

La résultante de l’ensemble de ces phénomènes, est l’état de solitude dans laquelle ces familles se sont trouvées et l’utilisation de leur douleur à des fins mercantiles. Elles portent, selon ses mots : « les stigmates d’une vindicte populaire ». Il regrette que les familles soient considérées comme : « des familles défaillantes dans l’éducation de leurs enfants, ou au pire, compatissante à cette idéologie extrémiste ».

Les familles ont pleinement conscience de la nécessité d’une approche par tous les acteurs de la société, politiques, professionnels, administrations, familles et religieux, pour trouver des solutions consensuelles, évolutives et pérennes autour d’une table. C’est la raison pour laquelle ils ont décidé de se réunir en un collectif laïc et républicain, respectueux des différences philosophiques, politiques et religieuses. Toutes les origines sociales y sont représentées, parents de garçons ou filles, morts ou encore vivants, certains en prison en France ou à l’étranger, ils sont unis dans la souffrance en quête de propositions.

Aujourd’hui, ils demandent fermement à ce que l’on arrête ce poison idéologique et que l’on parle des empoisonneurs au lieu de ne parler que des empoisonnés – leurs enfants.

Le collectif demande plusieurs choses :

  1. Des peines planchers plus lourdes pour les recruteurs, rabatteurs et idéologues.
  2. Une alternative à la seule posture répressive anti-terroriste, qu’ils comprennent malgré tout. Il faut comprendre en amont, résister à la peur, à la haine, pour restaurer l’espoir et la fraternité. Leurs enfants, ils ne le nient pas, ont des comptes à rendre à la France. Pas seulement aux syriens et aux irakiens. Il convient de nommer toute la chaîne de responsabilité et d’avoir une justice équitable.

Aujourd’hui, il y a urgence de rapatrier des très jeunes français innocents des agissements de leurs parents, qui n’ont pas choisi cette situation de guerre. En effet, on ne juge pas un parent sur ce qu’auraient pu faire ses enfants et, on ne juge non plus un enfant sur ce qu’auraient pu faire ses parents, et ce, encore plus lorsqu’ils sont le fruit d’une propagande et d’un lavage de cerveau. Nous n’avons aucun droit pour juger et abandonner des innocents dont le seul crime est de ne pas avoir choisi le lieu de leur naissance et de leur destinée.

Le Président Macron a rappelé dernièrement la nécessité de solidarité entre les générations, pour assurer notre cohésion sociale. Le collectif profite de cette occasion pour rappeler, selon les mots de Robert Debré, que « Les enfants, c’est notre éternité ».

Un autre parent témoigne : Lydie

Julie, sa fille unique qui a vingt ans, s’est convertie et, lorsqu’elle était en deuxième année de prépa littéraire, est partie en Allemagne pour ses études. Elle est entrée dans une mouvance radicale salafiste. Ils l’ont éduquée dans le respect des valeurs morales et républicaines. Son avenir a été brisé, elle a rencontré et a été manipulée par des recruteurs de l’Etat islamique et, malgré le signalement des parents aux autorités, elle est partie en Syrie en novembre 2014. Les parents de Julie ont 3 petits- enfants de 4 ans, 2 ans et de 3 mois. Deux sont nés sur zone. Ils font partie des 500 enfants se trouvant en zone irako-syrienne, dont les 3⁄4 ont moins de 5 ans. Après plusieurs mois de silence, Ils ont eu la chance d’avoir de leurs nouvelles. Ils étaient dans une poche tenue par Daesh. Cela signifie qu’à tout moment, ils peuvent mourir.

Le collectif rappelle, à juste titre, que ce sont des enfants innocents, traumatisés, et, qu’à cet égard, il est nécessaire de les aider et non pas les condamner à mourir par notre passivité commune alliée à celle de l’Etat. Parmi les 232 personnes qui seraient revenues en France, il y aurait 70 mineurs, dont 66 ont moins de 13 ans. Ils sont en général confiés à des familles d’accueil. Les grands-parents du collectif veulent accueillir les petits-enfants qu’ils n’ont pas pu voir grandir, les aimer et les aider à se construire dans un pays qui est le leur : « Il y a urgence à trouver ensemble des solutions, pour eux, et pour l’ensemble de notre société ».

 Témoignage de Pascale

« Ma fille était une jeune fille normale, pourrait-on même dire banale. Elle a rencontré la religion dans un centre de loisir municipal, alors adolescente, et elle s’est convertie dans une mosquée quand elle était encore mineure. Après elle s’est beaucoup isolée sur internet, elle avait des appels téléphoniques à 5h du matin.

C’est sur internet qu’elle a rencontré son conjoint avec qui elle est partie. Elle l’a rejoint dans le sud de la France où il résidait. Il y avait au sud des mosquées dites radicales, rapidement elle a porté un voile intégrale couvrant son visage.

Elle est partie en 2015 avec ses trois enfants, qui devraient pourtant être choyés au sein de notre famille par leur mamie. Lors du premier contact avec ma fille de Syrie, elle affirmait qu’elle était dans l’obligation d’être en Syrie.

J’ai eu des nouvelles régulièrement depuis son départ, et au jour de la conférence, cela fait 6 mois que la famille n’a plus de nouvelle. Nous pouvons tout imaginer. Je tenais à témoigner pour parler de nous en tant que grands-parents, nous sommes là pour accueillir nos petits enfants, les aimer, les reconnecter à la vie post-guerre et agir en concertation et avec le soutien des institutions, des autorités et des professionnels de l’enfance ».

 Intervention de Maître Martin Pradel

La raison de ce collectif c’est une forme de cri, souligne-t-il. Ces familles sont depuis très longtemps dans une difficulté extrême car elles cherchent à comprendre pour commencer, les ressorts de la radicalisation de l’un des membres de leur famille. Or, on voit bien la capacité que le débat public a eu à se désagréger, pour, dans un premier temps, regarder ces familles avec une certaine compréhension et puis, peu à peu, on a vu ce débat public se déplacer vers une forme d’accusation.

La raison de cette conférence selon Maître Pradel, c’est parce qu’on en arrive publiquement à accepter l’idée que ceux qui doivent être jugés pourraient l’être d’une manière qui serait ici, inacceptable, c’est- à-dire avec une forme d’acceptation de châtiment. Pourtant au fil de l’évolution des sociétés, la torture et la peine capitale ont été jugées comme inadmissibles.

En définitive, c’est l’acceptation du sort le plus terrible, même pour les plus petits, qui est inacceptable pour les familles.

Ces grands-parents deviennent les seuls porte-paroles de ces plus faibles, que personne ne viendra aider pour dire une chose évidente : « Ces plus petits n’ont commis aucune infraction ». Ils sont innocents d’être nés en Syrie ! Ils sont français et en tant que français, ils ont le droit à la protection de la France.

La question qui se posera n’est pas celle de la répression des actes qu’ils n’ont pas commis, mais plutôt celle de leur éducation. Or, relever ce défi ne pourra se faire qu’avec les familles.

Intervention de Maître Marie Dosé

Maître Marie Dosé défend plusieurs femmes détenues au Kurdistan syrien, 7 enfants, dont 5 ont moins de 5 ans.

Il y a 3 mois, elle a alerté les autorités compétentes pour rappeler qu’il fallait les rapatrier, que le Kurdistan syrien n’existait pas, qu’il n’y avait pas d’institutions souveraines, qu’elles étaient de toute manière détenues arbitrairement. Selon elle, ces femmes sont notre échec, elles sont notre histoire, et c’est donc à nous de les juger, sachant qu’un juge d’instruction les attend.

Les autorités françaises ont expliqué, dans une sorte de cacophonie gouvernementale, que ce serait du cas par cas, qu’elles seraient prises en charge par les autorités locales et jugées là-bas, mais dans le respect des règles du droit international.

L’opinion publique ne comprendrait pas un tel rapatriement. Elle souligne que dans ce cas, il est « préférable » de surfer sur la vague du populisme, plutôt que de faire preuve de pédagogie et d’entendre les témoignages.

Il s’agit d’une instrumentalisation : les Kurdes ne veulent pas juger ces femmes. Quand d’autres pays européens s’organisent pour le rapatriement, nous non ! Nous sommes dans de la passivité pure et simple. Les demandes qui parfois, ne concernent que les enfants, restent des lettres mortes.

Ces filles et ces fils sont nés en France, ils sont le fruit de notre échec républicain, ils ont tous été radicalisés sur le sol français, c’est bien à nous de les juger. Elle conclue de la façon suivante : « Cessons de croire qu’ils ne nous appartiennent pas ».

Intervention de Maître Vincent BRENGARTH

Il ressort deux choses des demandes des familles : que les parents puissent bénéficier des garanties et bénéficier du droit à un procès équitable et que les petits-enfants reviennent auprès de leur famille.

Le terrorisme semble pourtant faire écran à une réalité à la fois humaine et juridique. Le spectre du terrorisme présent, on devrait faire l’impasse du droit, notamment des droits internationaux (à savoir l’intérêt supérieur de l’enfant qui doit en principe primer en toutes circonstances) et des droits au procès équitable.

Dans un premier temps, les avocats ont été saisis par des familles qui affirmaient que les autorités gouvernementales restaient silencieuses face à leurs demandes. C’est la presse qui a permis une transformation dans le discours public pour en arriver à cette proposition du Président du « cas par cas ». Chaque cas sera individualisé, pour décider ensuite d’un retour – ou non – sur le territoire.

Le temps passant, cette doctrine reste pourtant toujours non-appliquée. Pendant ce temps, les familles restent en attente. Parfois, elles reçoivent des messages de détresse sur WhatsApp de leur enfants et petits-enfants partis en zone irako-syrienne, qui les informent de leur état, mourant de faim. Ils risquent d’être trimballés d’un camp à un autre, et risquent de perdre la vie…

Pourtant le discours des familles reste inaudible. Leur demande est pourtant simple : qu’il soit fait application du droit.