Des avocats demandent le rapatriement en urgence de plusieurs Français malades détenus en Syrie

Dans le camp d’Al-Hol, le 8 mars 2019. (LAURENCE GEAI/SIPA / LAURENCE GEAI/SIPA)

Par L’Obs avec AFP·Publié le 

Ils assurent que la vie d’un enfant est « menacée » et qu’il doit bénéficier de « soins spécialisés ». Ils demandent également le rapatriement d’une femme, mère de deux enfants, hospitalisée pour insuffisance respiratoire.

Des avocats ont demandé ce vendredi 26 août aux autorités françaises des rapatriements d’urgence de plusieurs personnes gravement malades actuellement détenues dans le camp kurde de Roj en Syrie, dans un communiqué et des déclarations à l’AFP.

L’état de santé d’un des enfants mineurs d’Estelle K., « partie en Syrie avec ses trois enfants mineurs et son époux en 2014 » et « prisonnière » depuis 2017 « dans la région de Deir Ezzor (nord-est syrien) », est « extrêmement alarmant », selon un communiqué de Me William Bourdon et Vincent Brengarth.

« Sa vie est menacée. Les soussignés enjoignent le gouvernement de procéder au rapatriement en urgence de cet enfant et de sa famille », écrivent-ils. D’après eux, un cardiologue français saisi du dossier a estimé qu’« un rapatriement d’urgence s’impose, son état commande en effet que des soins spécialisés soient effectués ».

« Dizaines d’alertes »

« Les correspondances adressées au ministère des Affaires étrangères demeurent aujourd’hui sans réponse. Les soussignés sont sidérés par ce silence que rien n’explique au vu de la très grande gravité de la situation. Ils interpellent par conséquent publiquement les autorités pour demander le rapatriement de cet enfant et de sa famille », écrivent-ils aussi.

Auprès de l’AFP, Me Marie Dosé a alerté sur la situation d’une femme, mère de deux enfants, également détenue à Roj, « victime d’un AVC récemment, paralysée, et hospitalisée mercredi pour insuffisance respiratoire »« Il faut absolument la rapatrier », a-t-elle indiqué.

Elle a dit avoir adressé durant l’été « des dizaines » d’alertes et de demandes de rapatriement aux autorités françaises concernant des mères et leurs enfants.

« Ces enfants ont passé trois, quatre ou cinq ans dans des prisons à ciel ouvert, à respirer l’odeur des puits à pétrole et n’ont bénéficié d’aucun soin approprié. Beaucoup souffrent d’insuffisance respiratoire et portent les stigmates de leurs blessures qui n’ont jamais été soignées », d’après elle. « La France les maintient là en toute connaissance de cause. Plus les enfants rentrent tard en France, plus leur prise en charge médicale et psychologique sera difficile », a-t-elle fait valoir.

16 femmes et 35 mineurs déjà rapatriés

Lors de son premier quinquennat, le président Emmanuel Macron s’était montré très réticent à faire revenir les ressortissants français partis faire le djihad en Syrie, conscient qu’une large majorité de Français y était résolument hostile. Seuls quelques enfants ont été rapatriés, selon la doctrine du « cas par cas ». Mais alors que d’autres pays ont récupéré leurs ressortissants ces derniers mois, la position de Paris s’est infléchie.

Le 5 juillet, 16 femmes et 35 mineurs, qui vivaient pour certains depuis la chute en 2019 du groupe Etat islamique dans des camps du nord-est de la Syrie tenus par les forces kurdes, ont été ramenés en France.

Toutes les femmes rapatriées ont été mises en examen pour association de malfaiteurs terroriste criminelle et écrouées. Les enfants ont été pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance. « Comme vous le savez, depuis 2019, dès que la situation le permet, nous procédons au rapatriement de mineurs en situation de détresse », a indiqué le Quai d’Orsay, sollicité par l’AFP.

« Cette position nous a conduits à procéder à des opérations successives de rapatriement d’enfants français retenus dans le Nord-Est syrien. Le renouvellement de ce type d’opérations de rapatriement est planifié chaque fois que les conditions le permettent », a ajouté le ministère.

Par  L’Obs avec AFP