Communiqué du Collectif des Familles Unies sur les nouveaux risques de guerre au nord-est de la Syrie

Le Collectif des Familles Unies appelle au rapatriement immédiat des enfants prisonniers et de leurs parents

 Les États-Unis viennent d’annoncer le retrait de leurs troupes de la zone frontalière entre la Syrie et la Turquie, donnant ainsi la possibilité à la Turquie de passer à l’offensive contre les forces kurdes. L’offensive turque, annoncée par Ankara, risque d’être un puissant facteur de déstabilisation supplémentaire de la région, et d’incertitude sur l’avenir. Ce qui avait été annoncé en janvier — le retrait des soldats américains de la zone —, et qui avait amené les autorités françaises à envisager le rapatriement des ressortissants français prisonniers des Kurdes, se reproduit à l’identique aujourd’hui. Face à ces menaces de guerre, la position française reste étrangement figée et ne semble pas prendre la mesure des événements, répétant en dépit de la réalité des faits et des risques d’embrasement de la région, que les djihadistes français doivent être jugés sur place. 

Entre 200 et 300 enfants français innocents sont prisonniers avec leurs mères dans des conditions épouvantables dans les camps de Al Hol, Roj et Aïn Issa. Une reprise des hostilités risque non seulement d’interrompre l’aide humanitaire qui arrive déjà au compte-gouttes dans les camps, et aggraver les conditions de vie déjà calamiteuses des enfants et de leurs mères, mais aussi met les enfants face à un danger mortel : les combats et les bombardements qui pourraient intervenir si l’offensive turque se concrétisait pourraient impacter durement les camps, et provoquer de terribles dommages. Rappelons que le camp de Roj, qui regroupe de nombreux enfants français et leurs mères, se situe à moins de 20 kilomètres de la frontière turque. 

D’autre part, une offensive turque risque de provoquer des troubles majeurs dans les prisons où sont détenus les prisonniers de l’État islamique, et dans les camps. Les soldats kurdes ne seront plus en capacité de garder prisons et camps s’ils sont mobilisés contre les Turcs. Et dans ces conditions, des détenus réputés les plus dangereux pourraient s’enfuir. Les responsables kurdes ont déjà prévenu solennellement les responsables de la Coalition de cette éventualité. 

Face à ce désastre annoncé, il est temps que les autorités de notre pays prennent leurs responsabilités : 

* Les adultes, ressortissants français, face au risque sécuritaire que constitue leur dispersion, au moment où Daesh reprend des forces dans la région, doivent être rapatriés en France pour y être jugés, comme le demandent de nombreux spécialistes internationaux de la sécurité et du contre-terrorisme (cf https://thesoufancenter.org/open-letter-from-national-security-professionals-to-western-governments/). 

Les enfants français innocents prisonniers des camps du nord-est de la Syrie ont déjà suffisamment souffert : ils ont vécu les bombardements, les deuils, les maladies, les traumatismes, la vie épouvantable dans les camps… Ils ne doivent pas vivre un nouvel hiver dans ces conditions inhumaines, et ils ne doivent pas de nouveau être exposés aux horreurs de la guerre. Le gouvernement doit prendre rapidement toutes les mesures nécessaires pour les rapatrier. 

Paris le 8 octobre 2019

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