Monsieur le président de la République, plus de 200 enfants français sont détenus dans les camps en Syrie

Monsieur le président de la République,

Vos petits-enfants ont fait leur rentrée des classes la semaine dernière, les nôtres n’ont jamais vu d’école ou se souviennent à peine de leur maîtresse ; 

Votre petit-fils a appris à lire à cinq ans sans que personne ne sache comment, nos petits-enfants n’ont pas un seul livre à ouvrir ;

Vos petits-enfants apprennent le nom des couleurs en regardant autour d’eux, les nôtres ne connaissent que le marron de la boue et le jaune du sable qui les entourent ;

Vos petits-enfants mangent à leur faim et probablement trop de sucreries, les nôtres sont faméliques à force de malnutrition et de diarrhées ;

Vos petits-enfants gambadent et jouent au foot dans la cour de l’Elysée, les nôtres sont coincés sous des tentes de quelques mètres carrés et n’osent en sortir de peur d’être agressés ;

Vos petits-enfants dorment sous des couvertures et des édredons en plein hiver, les nôtres grelottent sous leurs tentes, emmitouflés dans des anoraks troués, et luttent contre le froid syrien avoisinant moins trente degrés ;

Vos petits-enfants sont partis en vacances cet été au bord de la mer, probablement au Touquet, les nôtres ont dû supporter sans bouger une canicule de plus de quarante-cinq degrés des semaines durant ;

Vos petits-enfants sont chéris, vaccinés et soignés, les nôtres sont exposés à toutes les maladies, à toutes les infections, et souffrent dans leur chair sans aucun accès aux soins, 

Vos petits-enfants, parfois, s’interrogent sur la mort et en ont peur, les nôtres assistent à l’agonie de leurs copains atteints de gangrènes, d’infections pulmonaires ou de déshydratation, 

Vos petits-enfants adorent aller chez vous et chez leur grand-mère le week-end, les nôtres ne cessent de nous demander quand ils pourront enfin nous voir « pour de vrai »,

Vos petits-enfants sont punis lorsqu’ils ont fait une bêtise, les nôtres sont punis de n’avoir rien fait,

Vos petits-enfants, comme les nôtres, sont français.

Vous avez souhaité faire des 1000 premiers jours de la vie d’un enfant une priorité de l’action publique ; que faîtes-vous des 1000 premiers jours de la vie de nos petits-enfants ?

Vous avez affirmé que les pouvoirs publics avaient « un droit de regard, d’action, une forme de droit d’ingérence quand il s’agit de protéger nos enfants » ; quand allez-vous protéger nos petits-enfants ?

Vous avez affirmé que « la France n’abandonnait jamais ses enfants, quelles que soient les circonstances et où qu’ils se trouvent » ; pourquoi abandonnez-vous nos petits-enfants ? Un jour peut-être, et grâce à vous, nos petits-enfants s’amuseront dans la même cour de récréation que les vôtres, joueront sur le même terrain de sport que les vôtres, liront le même livre, apprendrons les mêmes leçons, et grandiront ensemble. Parce que nos petits-enfants sont comme les vôtres, des enfants français innocents qu’il ne tient plus qu’à vous de sauver.

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