Communiqué de presse : Urgence humanitaire et sécuritaire : Il faut rapatrier maintenant les enfants français et leurs mères détenus dans des camps en Syrie

La situation humanitaire et sanitaire est en dégradation constante dans les camps du nord-est de la Syrie. La mortalité infantile y augmente de manière vertigineuse. Huit enfants de moins de 5 ans sont décédés en quatre jours dans le camp de Al-Hol, de malnutrition, de déshydratation, d’insuffisance cardiaque, d’hémorragies internes. En 2019, 371 enfants sont morts dans le seul camp de Al-Hol. Des premiers cas de coronavirus ont été détectés dans un camp où les mesures barrière, la distanciation physique, les mesures sanitaires élémentaires sont difficiles à mettre en place : des milliers d’enfants et de femmes, dont le système immunitaire est affaibli par la malnutrition, les privations, les maladies, sont en danger de mort.

Les enfants meurent par manque de soins du fait de l’insuffisance des infrastructures sanitaires dans ce camp surpeuplé, mais surtout à cause du refus des états étrangers de rapatrier leurs ressortissants : des milliers d’enfants irakiens, et 8000 enfants étrangers survivent depuis plus d’un an dans ce camp, sans que leurs pays d’origine ne leur viennent en aide. Plus de 700 enfants européens, et parmi eux plus de 200 enfants français, survivent dans des conditions épouvantables dans les camps de Roj et de Al-Hol, certains depuis plus de deux ans.

La situation sécuritaire de ces camps se dégrade constamment. Les évasions et les tentatives d’évasion s’y multiplient. Récemment, un commando de Daech a attaqué le camp de Al-Hol. Certaines détenues du camp encore liées à Daech poursuivent leur travail d’endoctrinement et de propagande. De nombreuses européennes, et parmi elles des françaises, se sont échappées des camps, certaines rejoignant la Turquie, d’autres la région d’Idlib, d’autres enfin tombant entre les mains de miliciens armés ou des forces du régime syrien. La « dispersion », que les autorités françaises semblaient redouter, se produit sous nos yeux, dans l’indifférence et l’inconscience des capitales européennes.

L’ONU, le Conseil de l’Europe, le Parlement Européen, mais aussi les grandes organisations humanitaires comme la Croix-Rouge ou l’UNICEF appellent la France et les autres pays européens au rapatriement. Les responsables kurdes eux-mêmes appellent au rapatriement. La France, championne des droits humains et des droits de l’enfant, tolère que des enfants français, dont les deux tiers ont moins de 6 ans, restent prisonniers dans des camps sordides, sans soins, sans école, sans protection. De ce fait, notre pays renie toutes les conventions qu’il a signées, et dont il s’est fait souvent le porte-parole, en particulier la Convention Internationale des Droits de l’Enfant.

Le général américain McKenzie qualifie le camp de Al-Hol de « l’un des pires endroits du monde », et la France accepte que des petits français y vivent. Cela n’est plus supportable. Que des enfants français croupissent depuis des années dans les camps sordides d’un pays en guerre, que des enfants français soient actuellement détenus avec leurs mères dans des prisons dans le nord-est de la Syrie dans des conditions inhumaines, est un scandale et une ignominie. Et cette ignominie est entretenue par tant de pays démocratiques qui prétendent défendre « les droits des enfants dans des conflits armés » : l’Europe et la France doivent se décider enfin à respecter leurs propres règles et surtout  leurs propres valeurs.

Combien d’enfants doivent mourir pour que notre pays prenne la bonne décision ? Le Collectif des Familles Unies appelle encore une fois les autorités françaises à rapatrier l’ensemble des ressortissants français prisonniers au Levant, pour que les adultes soient jugés en France et que les enfants retrouvent une vie d’enfant. 

Nous appelons plus particulièrement à une action urgente pour le rapatriement de tous les enfants français prisonniers en Syrie et de leurs mères.

« Collectif des Familles Unies » 

Le 14 août 2020

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