Communiqué du Collectif des Familles Unies à l’attention de la presse
Le 25 février 2023
Dans les jours qui viennent, des femmes rapatriées en France après avoir séjourné en zone irako-syrienne vont être jugées devant des cours d’assises spécialement composées pour répondre de l’infraction d’association de malfaiteurs à caractère terroriste.
Avec le rapatriement en France de femmes et d’enfants jusqu’alors détenus dans des camps de prisonniers du Nord-Est syrien, les procès vont se multiplier dans les mois et les années à venir.
Ces procès sont publics, et la presse va en rendre compte. Le nom de ces femmes risque donc d’être divulgué, sans que cela ne présente aucun intérêt pour l’information du public. Ces femmes ont toutes des enfants, qui ont été rapatriés avec elles et qui portent le même nom qu’elles. Tous ces enfants font l’objet d’une prise en charge soutenue, certains sont placés dans des familles d’accueil, d’autres ont rejoint leur famille ou s’apprêtent à les rejoindre, et la plupart d’entre eux sont scolarisés.
Livrer au grand public le nom de ces femmes, le diffuser sur internet et sur les réseaux sociaux, c’est aussi et surtout diffuser le nom de leurs enfants en pleine reconstruction et de leurs familles, qui les prennent en charge ou ont vocation à le faire.
Ces enfants ne sont en rien responsables des actes reprochés à leurs parents, ils n’ont pas choisi d’être nés en Syrie ou en Irak, ni d’y avoir séjourné. Ils ont enduré de grandes souffrances et ont besoin d’être protégés et sécurisés. La diffusion du nom de leur mère, donc du nom et de l’identité de leurs enfants, risque de remettre en cause le difficile travail de reconstruction, de réparation et de réinsertion, amorcé par les familles et les professionnels de l’enfance, et risque aussi de les stigmatiser injustement.
A l’heure où il suffit de taper le nom d’une personne sur un moteur de recherche pour que toute une histoire apparaisse, sous une forme parfois approximative, biaisée et en l’espèce nécessairement anxiogène, – le nom de ces enfants doit rester inconnu.
Le respect de l’intérêt supérieur de ces enfants exige que le nom de leur mère, parce qu’il est le leur, ne soit pas rendu public, ce d’autant que le parcours de ces femmes sur zone et celui de leurs enfants sera disséqué à l’audience.
Nous, grands-parents, oncles, tantes, familles de ces enfants, voulons les protéger et garantir autant que faire se peut leur droit à l’oubli. C’est de protection de l’enfance qu’il s’agit, du droit des plus vulnérables à ne pas être exposés à un traitement médiatique qui risque de leur porter préjudice, de les blesser, de les stigmatiser, d’influer négativement sur leur avenir.
Nous demandons donc aux journalistes qui suivent ces procès et qui vont en rendre compte de préserver l’anonymat de ces enfants, en évitant de publier les noms de famille de leur mère. Divulguer le nom de ces femmes n’apporte rien au débat judiciaire, et pourrait s’avérer catastrophique pour les enfants rentrés en France et leurs familles.
Le 25 février 2023.
Le Collectif des Familles Unies