– Patricia Martin : Au 6 mars dernier un plan de rapatriement français prévoyait le retour de 140 enfants et d’une centaine d’adultes qui sont confinés dans des camps du kurdistan syrien. Le rapatriement a été stoppé, on va voir pourquoi dans un instant. Vous vous apprêtez à le faire dans quelques jours, saisir la Cour Européenne des Droits de l’Homme après avoir déjà saisi le Comité International des Droits de l’Enfant des Nations Unies ainsi que le Comité International contre la torture ; est-ce à dire que l’Etat français est en la matière hors la loi ?
– Maître Marie Dosé : l’Etat français ne respecte pas ses engagements internationaux et européens.
– Patricia Martin : Puisqu’il est signataire effectivement
- Maître Marie Dosé :Il viole délibérément les traités internationaux et les conventions européennes des Droits de l’Homme en exposant ses enfants, puisque ce sont ses enfants, à des traitements inhumains et dégradants
– Patricia Martin : D’ailleurs, je crois que le Ministre de l’Intérieur l’avait souligné avant d’être des djihadistes, ceux qui sont partis faire le djihad sont des français, sont nés en France.
– Maître Marie Dosé : Evidemment, de toute façon, ces enfants sont français qu’on le veuille ou non ils sont français, ils n’ont pas demandé à naître là-bas et ils n’ont pas demandé non plus pour certains à être emmenés là-bas. Ce qu’on leur fait payer là actuellement c’est la faute de leurs parents et c’est ça qui est absolument inaudible. Juste une chose, vous avez parlé tout à l’heure de ce plan de rapatriement, je rappelle tout de même qu’avant un certain sondage qui a mis à mal ce plan de rapatriement Edouard PHILIPPE déclarait exactement ce que nous déclarons, nous les avocats, depuis le début. Il indiquait en janvier, « est ce que l’on préfère qu’ils soient dispersés ? Qu’ils rejoignent les rangs de DAESH ? Ou qu’ils partent dans un autre pays pour continuer à fomenter de tels attentats ? » voilà la question qu’il posait en faveur du rapatriement. Et Nicole BELLOUBET, Garde des Sceaux, indiquait le choix qui est celui du contrôle et donc du rapatriement, qui est le choix judicieux. Tout ceci s’est écroulé parce qu’un sondage, un malheureux sondage, a mis en exergue le fait que la majorité des français serait contre.
– Patricia Martin : L’opinion publique était contre ?
– Maître Marie Dosé : Voilà, mais l’opinion publique n’est pas renseignée, lorsque vous assénez pendant des années à une opinion publique désinformée que ces enfants sont des bombes à retardement, effectivement, lorsque vous tendez le micro aux français ils vont vous dire qu’ils ne veulent pas du rapatriement de bombes à retardement. La réalité c’est pas celle-là, la réalité c’est que ces enfants si on les laisse là-bas, ils deviendront des bombes à retardement et le risque qui est pris est prégnant un peu plus chaque jour de les voir se transformer en bombes à retardement.
– Patricia Martin :Alors il y a essentiellement deux camps c’est ça ? Au kurdistan syrien ?
– Maître Marie Dosé : Oui le camp Al Hol et le camp Roj
– Patricia Martin : Et dans le camp de Al Hol, à la première quinzaine de mars, les chiffres parlent d’eux-mêmes, 123 enfants sont morts dont 20 % de nouveaux nés.
– Maître Marie Dosé : Exactement, le plus âgé d’entre eux avait 5 ans ; l’OMS dans son rapport du 11 avril 2019 a révélé que à Al Hol 249 personnes étaient décédées, les enfants des photos ont circulé, y a eu un reportage sur France Inter qui a été réalisé la semaine dernière, les enfants souffrent de diarrhées, de dysenterie généralisée, ils sont donc rachitiques, ils manquent de soins, ils manquent de nourriture, ils ont froid. On est ici à un point de non retour, à un point de rupture, et ce n’est pas moi qui le dit, c’est le directeur international du Comité International de la Croix-Rouge
– Patricia Martin :Oui c’est ça qui a crié un cri d’alarme qui est assez rare, non ?
– Maître Marie Dosé : Ce qui est rarissime, généralement vous savez les organisations humanitaires restent discrètes, mais là vous avez effectivement le Comité International de la Croix-Rouge qui est intervenu et également le coordinateur régional de l’ONU pour la Syrie qui, dans un discours très offensif cette semaine a appelé les États à prendre leurs responsabilités .
– Patricia Martin : Au 6 mars dernier un plan de rapatriement français prévoyait le retour de 140 enfants et d’une centaine d’adultes qui sont confinés dans des camps du kurdistan syrien. Le rapatriement a été stoppé, on va voir pourquoi dans un instant. Vous vous apprêtez à le faire dans quelques jours, saisir la Cour Européenne des Droits de l’Homme après avoir déjà saisi le Comité International des Droits de l’Enfant des Nations Unies ainsi que le Comité International contre la torture ; est-ce à dire que l’Etat français est en la matière hors la loi ?
– Maître Marie Dosé : l’Etat français ne respecte pas ses engagements internationaux et européens.
– Patricia Martin : Puisqu’il est signataire effectivement
– Maître Marie Dosé : Il viole délibérément les traités internationaux et les conventions européennes des Droits de l’Homme en exposant ses enfants, puisque ce sont ses enfants, à des traitements inhumains et dégradants .
– Patricia Martin : D’ailleurs, je crois que le Ministre de l’Intérieur l’avait souligné avant d’être des djihadistes, ceux qui sont partis faire le djihad sont des français, sont nés en France.
– Maître Marie Dosé : Evidemment, de toute façon, ces enfants sont français qu’on le veuille ou non ils sont français, ils n’ont pas demandé à naître là-bas et ils n’ont pas demandé non plus pour certains à être emmenés là-bas. Ce qu’on leur fait payer là actuellement c’est la faute de leurs parents et c’est ça qui est absolument inaudible. Juste une chose, vous avez parlé tout à l’heure de ce plan de rapatriement, je rappelle tout de même qu’avant un certain sondage qui a mis à mal ce plan de rapatriement Edouard PHILIPPE déclarait exactement ce que nous déclarons, nous les avocats, depuis le début. Il indiquait en janvier, « est ce que l’on préfère qu’ils soient dispersés ? Qu’ils rejoignent les rangs de DAESH ? Ou qu’ils partent dans un autre pays pour continuer à fomenter de tels attentats ? » voilà la question qu’il posait en faveur du rapatriement. Et Nicole BELLOUBET, Garde des Sceaux, indiquait le choix qui est celui du contrôle et donc du rapatriement, qui est le choix judicieux. Tout ceci s’est écroulé parce qu’un sondage, un malheureux sondage, a mis en exergue le fait que la majorité des français serait contre.
– Patricia Martin : L’opinion publique était contre ?
– Maître Marie Dosé : Voilà, mais l’opinion publique n’est pas renseignée, lorsque vous assénez pendant des années à une opinion publique désinformée que ces enfants sont des bombes à retardement, effectivement, lorsque vous tendez le micro aux français ils vont vous dire qu’ils ne veulent pas du rapatriement de bombes à retardement. La réalité c’est pas celle-là, la réalité c’est que ces enfants si on les laisse là-bas, ils deviendront des bombes à retardement et le risque qui est pris est prégnant un peu plus chaque jour de les voir se transformer en bombes à retardement.
– Patricia Martin : Alors il y a essentiellement deux camps c’est ça ? Au kurdistan syrien ?
– Maître Marie Dosé : Oui le camp Al Hol et le camp Roj
– Patricia Martin : Et dans le camp de Al Hol, à la première quinzaine de mars, les chiffres parlent d’eux-mêmes, 123 enfants sont morts dont 20 % de nouveau-nés.
– Maître Marie Dosé : Exactement, le plus âgé d’entre eux avait 5 ans ; l’OMS dans son rapport du 11 avril 2019 a révélé que à Al Hol 249 personnes étaient décédées, les enfants des photos ont circulé, y a eu un reportage sur France Inter qui a été réalisé la semaine dernière, les enfants souffrent de diarrhées, de dysenterie généralisée, ils sont donc rachitiques, ils manquent de soins, ils manquent de nourriture, ils ont froid. On est ici à un point de non retour, à un point de rupture, et ce n’est pas moi qui le dit, c’est le directeur international du Comité International de la Croix-Rouge
– Patricia Martin:Oui c’est ça qui a crié un cri d’alarme qui est assez rare, non ?
– Maître Marie Dosé : Ce qui est rarissime, généralement vous savez les organisations humanitaires restent discrètes, mais là vous avez effectivement le « Comité International de la Croix-Rouge » qui est intervenu et également le coordinateur régional de l’ONU pour la Syrie qui, dans un discours très offensif cette semaine a appelé les États à prendre leurs responsabilités.
– Patricia Martin : Alors justement qu’est ce que vous répondez Maître Marie Dosé à ceux qui disent « ben c’est pas à nous de nous en occuper, c’est à la justice kurde » -comme s’il y avait la possibilité d’une justice kurde – « ou à justice anti terroriste irakienne »
– Maître Marie Dosé : Alors d’abord les enfants, on ne les juge pas, on les protège, on les sauve, les enfants doivent être sauvés avec leurs mères lorsque les mères veulent rentrer en France et veulent être judiciarisées en France ; et puis, certains enfants doivent être sauvés de leurs mères, mais les enfants on ne les juge pas. On a été capable d’adopter des enfants de nos ennemis en 1945, ces enfants qui étaient dans des orphelinats, des orphelinats allemands qui étaient là pour perpétuer et améliorer la race arienne, ces enfants là qui étaient les enfants de ceux qui avaient tués nos pères, nos frères on les a adoptés, nous les français. Et aujourd’hui on est en train de se poser la question : qui va juger des gosses de 2 mois, trois mois, 6 mois, 1 an…? Ces enfants au trois quart ont moins de 6 ans ! Je le rappelle, ont moins de 6 ans. Sur les femmes, il faut les rapatrier pourquoi?
– Maître Marie Dosé : Evidement !
– Patricia Martin : Même celles qui ne sont pas d’accord ?
– Patricia Martin : ce ne sont pas juste des femmes, ce sont des femmes de djihadistes, lesquels sont quelque fois en prison ou morts c’est ça ?
– Maître Marie Dosé : Exactement tout à fait. A Al Hol plus de 90 % des détenus qui sont 74 000 aujourd’hui sont des femmes et des enfants, d’accord. Les hommes, les combattants, sont en prison, soit au kurdistan syrien soit en Irak. Elles, elles sont détenues par les kurdes au kurdistan syrien. Elles ne peuvent pas être judiciarisées au kurdistan syrien puisque le kurdistan syrien ça n’existe pas. La justice kurde n’existe pas, donc à partir de là elles font toutes l’objet d’un mandat d’arrêt international en France. Les juges anti terroristes les attendent, ils ont tous une information judiciaire les concernant, c’est-à-dire que les femmes ne sont judiciarisées que dans un seul pays, en France. Au kurdistan syrien elles sont sans droit ni titre.
– Patricia Martin : Et c’est une bombe à retardement ça il faut bien le redire, c’est-à-dire que si on ne le fait pas, si on ne les rapatrie pas qu’est ce qui peut se passer ?
Maître Marie Dosé : Vous savez dans ces camps maintenant il y a deux camps. Il y a celles qui disent : « on a fait n’importe quoi, on veut rentrer, on va purger notre peine en France, on va sauver nos enfants et on va assumer nos actes » . Et puis y a celles qui disent « eh ben nous on va continuer » et celles qui disent « on va continuer » , qui sont sous l’emprise de cette idéologie mortifère et qui ne veulent pas démordre, sont en train de menacer les autres, sont en train de les empêcher de parler et celles-ci là, effectivement sont dangereuses; et c’est parce qu’elles sont dangereuses qui faut les rapatrier. Attendez, il le dit très bien Edouard Philippe avant ce sondage. Est-ce que l’on préfère qu’ils rejoignent les rangs de DAESH pour continuer à fomenter de tels attentats. En les laissant là-bas on fabrique sur mesure du terrorisme.
– Patricia Martin : C’est inédit Maître Marie Dosé pour un avocat de travailler de la sorte, parce qu’on se dit comment d’abord êtes vous entrée en contact avec ces femmes et quelques fois ces enfants qui sont assez grands pour vous parler ?
Maître Marie Dosé : Je défends des familles, les grands parents, les oncles, les tantes qui sont venus me voir en me disant : mes petits enfants, mon neveu, ma nièce sont détenus là-bas, aidez-nous à obtenir leur rapatriement ; donc, ce sont ces familles françaises que je défends, et oui c’est inédit. C’est inédit parce que je n’ai pas de contact direct, ou c’est extrêmement difficile avec ces femmes.
– Patricia Martin : Vous avez ces femmes par téléphone, ou par WhatsApp ?
– Maître Marie Dosé : Oui mais c’est très très compliqué ; de plus en plus, elles sont surveillées, elles ont peur, elles ont surtout peur de ce qu’elles peuvent être amenées à dire ; donc je suis surtout en lien moi avec ces familles qui sont en souffrance depuis des années parce qu’elles savent que leurs enfants sont exposés à un risque de mort.
– Patricia Martin : Si ces enfants et ces femmes sont rapatriées, évidemment y aura un procès pour ces femmes, elles iront probablement en prison et les enfants iront à l’aide sociale à l’enfance.
– Maître Marie Dosé : Certainement, elles iront assurément en prison et les enfants seront dans un premier temps placés à l’aide sociale à l’enfance puis confié à leurs grands-parents, oncles et tantes Patricia Martin : Alors justement qu’est-ce que vous répondez Maître Marie Dosé à ceux qui disent « ben ce n’est pas à nous de nous en occuper, c’est à la justice kurde » -comme s’il y avait la possibilité d’une justice kurde -« ou à justice anti terroriste irakienne ».
Alors d’abord les enfants, on ne les juge pas, on les protège, on les sauve, les enfants doivent être sauvés avec leurs mères lorsque les mères veulent rentrer en France et veulent être judiciarisées en France ; et puis, certains enfants doivent être sauvés de leurs mères, mais les enfants on ne les juge pas. On a été capable d’adopter des enfants de nos ennemis en 1945, ces enfants qui étaient dans des orphelinats, des orphelinats allemands qui étaient là pour perpétuer et améliorer la race arienne, ces enfants là qui étaient les enfants de ceux qui avaient tués nos pères, nos frères on les a adoptés, nous les français. Et aujourd’hui on est en train de se poser la question : qui va juger des gosses de 2 mois, trois mois, 6 mois, 1 an…? Ces enfants au trois quart ont moins de 6 ans ! Je le rappelle, ont moins de 6 ans. Sur les femmes, il faut les rapatrier pourquoi?
– Patricia Martin : Même celles qui ne sont pas d’accord ?
– Maître Marie Dosé : Evidement !
– Patricia Martin : Y’a celles qui sont d’accord et celles qui ne le sont pas.
– Maître Marie Dosé : Alors celles qui sont d’accord, elles le sont parfois depuis plus d’un an et elles veulent rentrer pour être judiciarisées
– Patricia Martin : Ce ne sont pas juste des femmes, ce sont des femmes de djihadistes, lesquels sont quelque fois en prison ou morts c’est ça ?
– Maître Marie Dosé : Exactement tout à fait. A Al Hol plus de 90 % des détenus qui sont 74 000 aujourd’hui sont des femmes et des enfants, d’accord. Les hommes, les combattants, sont en prison, soit au kurdistan syrien soit en Irak. Elles, elles sont détenues par les kurdes au kurdistan syrien. Elles ne peuvent pas être judiciarisées au kurdistan syrien puisque le kurdistan syrien ça n’existe pas. La justice kurde n’existe pas, donc à partir de là elles font toutes l’objet d’un mandat d’arrêt international en France. Les juges anti terroristes les attendent, ils ont tous une information judiciaire les concernant, c’est-à-dire que les femmes ne sont judiciarisées que dans un seul pays, en France. Au kurdistan syrien elles sont sans droit ni titre.
– Patricia Martin : Et c’est une bombe à retardement ça il faut bien le redire, c’est-à-dire que si on ne le fait pas, si on ne les rapatrie pas qu’est ce qui peut se passer ?
– Maître Marie Dosé : Vous savez dans ces camps maintenant il y a deux camps. Il y a celles qui disent : « on a fait n’importe quoi, on veut rentrer, on va purger notre peine en France, on va sauver nos enfants et on va assumer nos actes ». Et puis y a celles qui disent « eh ben… nous on va continuer » et celles qui disent « on va continuer », qui sont sous l’emprise de cette idéologie mortifère et qui ne veulent pas démordre, sont en train de menacer les autres, sont en train de les empêcher de parler et celles-ci là, effectivement sont dangereuses ; et c’est parce qu’elles sont dangereuses qu’il faut les rapatrier. Attendez, il le dit très bien Édouard Philippe avant ce sondage. Est-ce que l’on préfère qu’ils rejoignent les rangs de DAESH pour continuer à fomenter de tels attentats. En les laissant là-bas on fabrique sur mesure du terrorisme.
– Patricia Martin : C’est inédit Maître Marie Dosé pour un avocat de travailler de la sorte, parce qu’on se dit comment d’abord êtes vous entrée en contact avec ces femmes et quelques fois ces enfants qui sont assez grands pour vous parler ?
– Maître Marie Dosé : Je défends des familles, les grands parents, les oncles, les tantes qui sont venus me voir en me disant : mes petits enfants, mon neveu, ma nièce sont détenus là-bas, aidez-nous à obtenir leur rapatriement ; donc, ce sont ces familles françaises que je défends, et oui c’est inédit. C’est inédit parce que je n’ai pas de contact direct, ou c’est extrêmement difficile avec ces femmes.
– Patricia Martin : Vous avez ces femmes par téléphone, ou par whatsApp ?
– Maître Marie Dosé : Oui mais c’est très très compliqué ; de plus en plus, elles sont surveillées, elles ont peur, elles ont surtout peur de ce qu’elles peuvent être amenées à dire ; donc je suis surtout en lien moi avec ces familles qui sont en souffrance depuis des années parce qu’elles savent que leurs enfants sont exposés à un risque de mort.
– Patricia Martin : Si ces enfants et ces femmes sont rapatriées, évidemment y aura un procès pour ces femmes, elles iront probablement en prison et les enfants iront à l’aide sociale à l’enfance.
– Maître Marie Dosé : Certainement, elles iront assurément en prison et les enfants seront dans un premier temps placés à l’aide sociale à l’enfance puis confié à leur grand parents, oncle et tante.