Le 31 mars 2020, le journal Le Parisien et le directeur du Centre d’Analyse du Terrorisme (CAT) ont publié l’état civil complet et les photographies de 13 femmes françaises qui auraient fui le camp dans lequel elles et leurs enfants étaient arbitrairement détenus depuis des mois, voire des années. Ce faisant, les journalistes du Parisien et le Directeur du CAT ont délibérément exposé leurs parents, leurs frères, leurs sœurs et leurs proches à l’opprobre, la vindicte, et la menace publique.
Le départ de ces femmes a profondément marqué et traumatisé leurs familles restées en France qui n’ont de cesse, depuis la chute de l’Etat islamique, de réclamer le rapatriement de leurs petits- enfants et de leurs enfants. Ces femmes ne sont judiciarisées qu’en France et leurs enfants n’ont pas à payer les erreurs de leurs parents.
Ces familles sont marquées au fer rouge par la douleur de savoir leurs petits-enfants, leurs nièces et leurs neveux en proie à la famine et à la maladie en Syrie depuis trop longtemps déjà : était-il nécessaire de divulguer leurs patronymes pour mieux les figer dans le traumatisme de ces départs ?
En révélant l’identité de ces femmes, les journalistes du Parisien et le directeur du CAT dévoilent d’abord l’identité d’enfants innocents et participent ainsi, et en toute connaissance de cause, à leur stigmatisation en France. En Syrie, ils mettent directement en danger ces enfants-là où ils se trouvent, en zone de guerre, permettant ainsi à n’importe quelles milices syriennes, groupes mafieux ou proches du régime de les identifier immédiatement pour mieux les kidnapper.
Certaines de ces femmes sont parties lorsqu’elles étaient mineures, d’autres ont été contraintes de suivre leurs parents, d’autres encore ont demandé instamment à la France pendant deux ans que leurs enfants soient sauvés du risque de mort auquel ils étaient exposés dans le camp d’Al Hol.
Rendre publics leurs visages et leurs identités ne répond à aucune nécessité d’informer ni à aucun impératif d’intérêt général.
Les services de renseignement ont fait le choix de partager des informations confidentielles avec des journalistes et le CAT, en sachant pertinemment que la divulgation de telles informations mettrait en danger leurs familles. Ces familles, qui n’ont pourtant de cesse de coopérer avec les autorités, en prennent acte et le regrettent profondément. Les dégâts collatéraux incommensurables que de telles initiatives engendrent sur des enfants et des familles innocentes doivent être dénoncés.
Les évasions et les tentatives d’évasion de femmes françaises des camps du nord-est de la Syrie sont la conséquence directe du refus des autorités françaises de rapatrier ces femmes et leurs enfants. Les révoltes dans les prisons de Hassaké comme les évasions du camp de Al-Hol, provoquées par les conditions de vie inhumaines dans ces prisons et ces camps, démontrent la nécessité du rapatriement des ressortissants français emprisonnés, pour des raisons de sécurité et de justice, mais aussi pour des raisons humanitaires, pour ce qui concerne des enfants français maintenant détenus depuis plus d’un an, plus de deux ans pour certains.
Le 31 mai 2020.
Le Collectif des Familles Unies