40 enfants et leurs mères rapatriés de Syrie. Pas un seul enfant français ne doit rester dans des camps en Syrie 

Dessin d’un enfant français détenu dans un camp de prisonniers au Nord-est de la Syrie

Communiqué du 20 octobre 2022

40 enfants français et 15 femmes viennent d’être rapatriés de Syrie. Parmi eux, plusieurs orphelins. Ces enfants et ces femmes étaient détenus dans le camp de prisonniers Roj, dans le Nord-Est de la Syrie, certains depuis 5 ans. C’est le troisième rapatriement effectué par la France en 2022, après le retour en France de 35 enfants et 16 femmes début juillet et de 2 enfants et leur mère le 4 octobre. 

C’est bien évidemment une excellente nouvelle, qui semble sceller le renoncement à la politique du « cas par cas », qui consistait à rapatrier arbitrairement tel ou tel enfant, et à effectuer ainsi un tri abject parmi les enfants, en les séparant de leur mère laissée sur place et parfois de leur fratrie. Cette politique a permis le rapatriement de seulement 35 enfants entre 2019 et 2021, alors que dans le même temps plus de 2000 enfants et femmes étaient rapatriés des camps syriens par différents pays.

Depuis 2019, les condamnations de la France pour l’abandon de dizaines d’enfants français dans les camps syrien, ainsi que les appels au rapatriement des enfants se sont multipliés, de l’ONU au Conseil de l’Europe et au Parlement Européen, de l’UNICEF, la Croix-Rouge, et au plan national de la CNCDH (Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme) et de la Défenseure des droits. Les organisations de défense des droits humains (Ligue des Droits de l’Homme, Amesty International, Human Rights Watch…), comme les associations de victimes des attentats (13onze15, Life for Paris, FENVAC) ont appelé le Président de la République à rapatrier les enfants détenus en Syrie. L’administration kurde, qui détient ces enfants et leurs mères, appelle régulièrement les différents pays à rapatrier leurs ressortissants. En février dernier, c’est le Comité des Droits de l’enfant de l’ONU, garant de l’application de la Convention internationale des droits de l’enfant, dont la France est signataire, qui a estimé que la France violait les droits des enfants français détenus en Syrie, notamment leur droit à la vie et leur droit à ne pas subir des traitements inhumains et dégradants, en omettant de les rapatrier. En septembre, c’est la Cour Européenne des droits de l’homme qui a condamné la France, dont la politique en matière de rapatriement a été clairement qualifiée d’arbitraire.

Le gouvernement français a laissé croupir durant des années des enfants français dans des camps de prisonniers sordides au Kurdistan syrien, les abandonnant derrière des barbelés sans protection, sans soins, sans école, brisant leur enfance. Cette ignominie a duré des années, et on ne pourra pas rendre à ces enfants ces années d’enfance perdues dans l’horreur des camps. Il est grand temps de tourner la page de cette histoire odieuse, qui a vu des Etats de droit, garants de conventions internationales sur la protection de l’enfance, abandonner et maintenir des enfants innocents, citoyens de leurs propres pays, dans des camps de prisonniers d’un pays en guerre. Des pays européens ont déjà commencé à rapatrier leurs enfants. La France s’y décide enfin.

Le Collectif des Familles Unies, l’ensemble des familles, souhaitent la bienvenue à tous ceux qui rentrent. Que ces enfants, durement éprouvés par des années de captivité, se reconstruisent et soient heureux, qu’ils puissent enfin vivre une vie d’enfant et retrouver leur famille. 

Mais ce n’est pas fini : ceux qui restent attendent. Plus d’une centaine d’enfants français, dont certains sont détenus depuis 5 ans, sont toujours dans les camps. Ils ne doivent pas y vivre un hiver supplémentaire. La France a commencé à rapatrier de façon importante : il faut maintenant aller jusqu’au bout. Pas un seul enfant ne doit rester dans les camps : il faut les ramener tous, sans attendre.

Le 19 octobre 2022.

Le Collectif des Familles Unies