Nouvel appel au rapatriement des enfants français détenus en Syrie

LE TÉLÉPHONE SONNE (france-inter du25 mai 2022)

Pourquoi la France est-elle le seul pays à ne pas rapatrier les enfants de djihadistes français depuis la Syrie ? Des familles, des associations, des avocats interpellent à nouveau Emmanuel Macron pour rapatrier ces enfants français. 

Nouvel appel au rapatriement des enfants français détenus en Syrie. Ici un enfant au camp Roj, nord-est de la Syrie © AFP / DELIL SOULEIMAN

200 enfants français et leurs mères vivent encore dans des camps de rétention en Syrie. Certains y sont nés, d’autres sont arrivés très jeunes. 90% d’entre eux ont moins de 12 ans. Ils y vivent depuis des années, sans hygiène, sans nourriture suffisante, sans médecins, sans école… La France demeure le seul pays européen à refuser de rapatrier les enfants de femmes djihadistes, coincés dans les prisons syriennes.

Leurs familles réclament depuis des années leur rapatriement, n’ayant obtenu pour l’instant le retour d’une dizaine d’enfants seulement. Ils sont soutenus par des associations et avocats spécialisés sur le sujet, qui militent auprès de l’Etat français. Ils repartent à la charge pour que le second mandat d’Emmanuel Macron soit celui du retour de ces enfants ; cette fois-ci épaulés par des associations de victimes d’attentats.

Avec nous pour en parler ce soir :

Marie Dosé Avocate du collectif Familles Unies

Arthur Dénouveaux Rescapé du Bataclan, président de l’association de victimes Life for Paris

Sophie Parmentier Journaliste spécialiste Justice à France Inter

Marc, grand-père de quatre enfants détenus dans un camp syrien

Des associations de victimes du terrorisme plaident pour un rapatriement des enfants français détenus en Syrie

13onze15 et la Fenvac appuient la demande de rapatrier les quelque 200 enfants français et leurs mères suspectées de djihadisme détenus dans des camps administrés par les forces kurdes.

Des enfants de toutes nationalités (dont des français) jouent ensemble dans le camp de Roj 2, Kurdistan syrien, le 10 aout 2021.  LAURENCE GEAI POUR « LE MONDE »

Même président, nouveau gouvernement. La politique de non-rapatriement des 200 enfants français et de leurs mères, détenus dans des camps du nord-est de la Syrie sous le contrôle des forces autonomistes kurdes, se poursuivra-t-elle pendant le second quinquennat d’Emmanuel Macron ? Le Collectif des familles unies, qui rassemble les proches et les familles de ces femmes et enfants, a tenu à se rappeler au souvenir du président de la République en organisant, avec le soutien de plusieurs ONG (Amnesty International, la FIDH, la Ligue des droits de l’homme, Human Rights Watch) et associations, une conférence de presse lundi 23 mai à Paris. Parmi ces soutiens, l’association 13onze15, fondée par des proches et victimes des attentats du 13 novembre 2015, et la Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs (Fenvac) se sont associés à la démarche du Collectif des familles unies.

Sa volonté est clairement de mettre la pression sur les autorités françaises afin d’obtenir un rapatriement des 200 enfants et de la centaine de femmes détenus en Syrie en raison de leur séjour auprès de l’organisation Etat islamique (EI) jusqu’à la chute de son dernier bastion, en mars 2019 à Baghouz. La demande a toujours fait l’objet d’une fin de non-recevoir de la part de l’exécutif. La position officielle reste une politique de rapatriement « au cas par cas » réservée aux orphelins.

Dans les faits, 35 enfants ont été rapatriés en trois ans, dont une moitié d’orphelins seulement. Ceux ayant une mère ont été séparés de cette dernière, qui a dû signer à la va-vite une renonciation à ses droits parentaux. La dernière opération de rapatriement a eu lieu en janvier 2021, il y a seize mois. Depuis, plus rien, alors que huit opérations de rapatriement organisées par des pays européens (Allemagne, Pays-Bas, Belgique, etc.) ont eu lieu depuis janvier.

« Prévention de la radicalisation »

Une mère est décédée en décembre 2021 des suites d’une longue maladie et dans des conditions épouvantables, laissant une enfant de 6 ans orpheline. Les enfants, dont 90 % ont moins de 12 ans et la moitié moins de 7 ans, grandissent dans le camp de toile de Roj, une prison à ciel ouvert, sans accès à l’éducation, à la santé ou à l’hygiène, sans manger assez, sans pouvoir se laver régulièrement et sans aucune occupation. Bénédicte Jeannerod, de Human Rights Watch, a souligné les violences et les abus sexuels auxquels sont exposés ces enfants comme leurs mères, dont certaines ont été détenues dans une prison et séparées de leurs enfants pour avoir manifesté contre leur sort. Dans d’autres cas, les enfants ont été détenus avec leurs mères.

François Zimeray, ancien ambassadeur aux droits de l’homme sous Nicolas Sarkozy puis ambassadeur de France au Danemark sous François Hollande, est venu apporter son soutien à la demande de rapatriement, en soulignant les contradictions de l’Etat français, qui a fait de la protection des enfants dans les conflits armés une priorité de sa diplomatie. Sauf pour ce cas qui la concerne directement. Il y va, pour lui, de « la crédibilité de la parole de la France ». Paris a été condamné devant le Comité international des droits de l’enfant et plusieurs plaintes sont en cours d’examen à la Cour européenne des droits de l’homme.

Alors que le procès des attentats du 13-Novembre est en cours, le président de 13onze15, Philippe Duperron, accompagné de son prédécesseur, Georges Salines, a tenu à marquer son soutien de sa présence : « Ces enfants sont des victimes des erreurs et des errements de leurs parents. Qu’est-ce qu’ils penseront plus tard de leur pays dont ils sauront qu’il n’a rien fait ? » Les rapatrier est, selon lui, faire œuvre de « prévention de la radicalisation ». Marie-Claude Desjeux, présidente de la Fenvac, est venue expliquer que les procès auxquels elle assiste depuis deux ans l’ont fait « évoluer » sur le sujet. Dans une tribune publiée par Le Monde en février, Arthur Dénouveaux et Jean-Marc Delas, président et avocat de Life for Paris, se prononçaient, eux aussi, pour un rapatriement des enfants et des djihadistes français, hommes comme femmes, afin de juger les adultes et d’élever les enfants dans un environnement plus sain.

Le soutien des principales associations de victimes des attentats du 13 novembre 2015 permettra-t-il un changement d’attitude de l’exécutif ? Le Collectif des familles unies a relancé sa demande d’un rendez-vous avec le président de la République.

Appel au rapatriement des enfants français et de leurs mères détenus dans les camps du nord-est syrien

Enfants détenus dans des camps au nord-est de la Syrie

Les 6 associations signataires : Collectif Familles Unies, 13onze15 Fraternité et vérité, Fédération Nationale des Victimes d’Attentats et d’Accidents Collectifs (FENVAC), Ligue des Droits de l’Homme, Human Rights Watch, Amnesty International

Depuis plus de trois ans désormais, 200 enfants français et leurs mères sont détenus dans le nord-est syrien par les autorités régionales kurdes dans les camps Roj et Al Hol. La plupart de ces enfants avait 2 ou 3 ans en entrant dans ces camps, et certains y sont nés. Depuis lors, ils grandissent entourés de barbelés, dans la boue ou la poussière, et dorment sous des tentes de fortune été comme hiver. Les conditions de vie dans ces camps sont désastreuses : les enfants manquent de soins adaptés, ne bénéficient d’aucun soutien psychologique, et ne sont pas scolarisés. Selon les Nations Unies, des centaines de personnes détenues à al-Hol et Roj -dont au moins la moitié sont des enfants- sont déjà mortes ces trois dernières années, notamment en raison du manque de soins médicaux, de l’insalubrité, d’accidents comme des incendies de tentes et de l’insécurité grandissante.

Le 8 février 2021, une vingtaine d’experts indépendants des droits de l’homme des Nations Unies ont exhorté 57 pays, dont la France, à rapatrier les enfants et les femmes bloqués dans « les camps sordides » du nord-est syrien.«Les conditions humanitaires désastreuses des camps mettent en évidence la nécessité d’une action collective, soutenue et immédiate pour prévenir des dommages irréparables aux personnes en situation vulnérable qui y sont détenues » estimaient les experts. Nombre de ces experts ont réitéré ces appels depuis, de même que la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet.

Le Comité International de la Croix Rouge, la Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, le Haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, le directeur régional du CICR, les Défenseurs des droits, et la CNCDH ont tous appelé au rapatriement des enfants et de leurs mères détenus dans les camps. Le Parlement européen a voté une résolution en ce sens, et Monsieur David DE PAS, coordonnateur des juges d’instruction antiterroristes français, a publiquement affirmé que ces rapatriements étaient une priorité tant humanitaire que sécuritaire. Les autorités régionales dirigées par les Kurdes qui détiennent ces enfants et leurs mères exhortent quant à elles les pays concernés à prendre leur responsabilité et à les rapatrier au plus vite.

Parce que la France refuse de rapatrier ces enfants, les laissant dans des camps aux conditions dangereuses pour leur survie, le Comité des droits de l’enfant de l’ONU a considéré en février dernier que notre pays portait atteinte au droit à la vie de ces enfants, les exposait à des traitements inhumains et dégradants, et violait ainsi les dispositions de la Convention internationale des droits de l’enfant.

La détention arbitraire de ces enfants viole aussi les principes internationaux relatifs aux enfants associés à des groupes armés, qui doivent être considérés avant tout comme des victimes. Plusieurs pays européens, dont l’Allemagne, la Belgique, le Danemark, et la Suède, rapatrient de nombreux enfants et leurs mères. En 2021, 97 femmes et enfants européens sont rentrés dans leurs pays respectifs, dont 7 enfants français seulement. Plus aucune opération de rapatriement n’a été diligentée par la France depuis janvier 2021, et notre pays s’isole de plus en plus dans le choix du pire. La France refuse de rapatrier les orphelins restés dans le camp Roj et livrés à eux-mêmes, dont la petite Sara, 6 ans, qui a vu sa mère décéder dans le camp le 14 décembre 2021 après que la France a refusé son rapatriement sanitaire pendant trois ans.

Ces enfants ne sont coupables de rien : ils sont au contraire doublement victimes ; du choix de leurs parents d’abord, et de l’abandon de leur pays ensuite. Les laisser grandir et prendre le risque qu’ils périssent dans des camps sordides est indigne d’un pays comme la France. L’intérêt supérieur de ces enfants commande qu’ils soient rapatriés avec leurs mères – quand celles-ci sont encore vivantes. Il est à souligner que toutes les femmes de nationalité française sont sous le coup d’une information judiciaire criminelle française et d’un mandat d’arrêt international délivré par un juge antiterroriste français. Des procès seront organisés devant des cours d’assises spéciales et ces femmes seront jugées pour avoir rejoint l’organisation terroriste Daesh. Elles ne sont judiciarisées qu’en France, et ne peuvent être jugées qu’en France.

Nous appelons solennellement la France à rapatrier ces enfants et leurs mères dans les plus brefs délais. Les gouvernements qui contribuent activement à la détention de leurs citoyens sans procédure régulière et dans des conditions mettant leur vie en danger peuvent être complices de leur détention illégale et de leur punition collective.

La France risque également de contribuer à l’insécurité dans la région en augmentant les risques que Daech tente de recruter des enfants français pour faire partie de leur prochaine génération de combattants.  Les abandonner dans ces camps contribuera aussi à fabriquer de la radicalisation et de la défiance envers notre pays. Cette ignominie doit cesser, et vite. Les trois dernières années ont montré qu’en fermant les yeux sur ces détentions dans le nord-est de la Syrie, des pays comme la France n’ont fait qu’aggraver la crise et les risques sécuritaires.

Les associations signataires de cet appel demandent à être reçues dans les meilleurs délais par Monsieur Emmanuel Macron, Président de la République.

Collectif Familles Unies

13onze15 Fraternité et vérité 

Fédération Nationale des Victimes d’Attentats et d’Accidents Collectifs (FENVAC)

Ligue des Droits de l’Homme 

Human Rights Watch 

Amnesty International

Syrie : Un appel pour rapatrier les enfants français détenus en Syrie

TV5 MONDE 23 MAI 2022 Florent Crebessegues

Leur appel sonne comme un cri de détresse. Plusieurs associations françaises appellent solennellement la France à rapatrier les enfants français et leurs mères djihadistes détenus dans les camps du nord-est de la Syrie. Parmi ces associations la Ligue des droits de l’Homme, Amnesty International, et le « Collectif famille unies ».

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« Cinq ans c’est trop long » : des familles d’enfants détenus en Syrie appellent à leur rapatriement

franceinfo par Gaële Joly le 23 mai 2022

Dans le camp des femmes françaises et leurs enfants attendent un signe de l’Etat français, qui refuse de les rapatrier ensemble. (RAYMOND ALBOUY / RADIO FRANCE)

Quelque 200 enfants français et 80 femmes sont enfermés dans des prisons à ciel ouvert. Les familles réclament du courage politique pour ce second mandat du président Emmanuel Macron, qui a placé son quinquennat sous le signe de la protection de l’enfance.

C’est un appel lancé alors que le gouvernement a tenu son premier conseil des ministres lundi 23 mai : plusieurs associations dont celle des victimes du 13-Novembre, 13onze15 Fraternité et vérité, la Ligue des droits de l’Homme et Amnesty International, « appellent solennellement la France » « à rapatrier les enfants français et leurs mères détenus dans les camps du nord-est syrien dans les plus brefs délais ».

Aucun enfant n’a été rapatrié depuis seize mois

Selon eux, il y a urgence : certains de ces enfants français vivent dans ces prisons à ciel ouvert depuis maintenant cinq ans. En tout, ils sont 200 enfants français et 80 femmes enfermés dans ces camps. Depuis seize mois, la France n’a rapatrié personne, y compris les dix orphelins livrés à eux-mêmes. Les familles réclament un peu de courage politique pour ce second mandat du président Emmanuel Macron, qui a placé son quinquennat sous le signe de la protection de l’enfance.

>> Guerre en Syrie : « Nous voulons qu’ils oublient qu’ils sont des bombes en puissance », la délicate réhabilitation d’enfants de jihadistes

Suzanne a encore un peu d’espoir. Elle a ses quatre petits enfants, là-bas, en Syrie : « Nous espérons qu’avec ce nouveau quinquennat ce soit très rapide, explique-t-elle. Cinq ans c’est trop long, il faut arrêter ce carnage… » « Ces enfants ont perdu quatre ans de leur enfance et maintenant il faut leur rendre, il faut les reconstruire tout de suite », insiste-t-elle. Isma attend elle le retour de son neveu de six ans :

« C’est dur de leur donner des explications. Quand mon neveu demande quand l’avion va venir le chercher, et qu’il voit ses copains rentrer et pas lui, il comprend encore moins… »Isma à franceinfo

« La situation ne sera pas stable avant des décennies, avance Marie Dosé, l’avocate de l’association Collectif des familles unies, qui réclame le rapatriement de Syrie de ces enfants de jihadistes et de leurs mères. Faut-il donc attendre que ces enfants aient 30 ou 40 ans ? L’Allemagne, la Belgique ou encore la Suède n’attendent pas et la France s’isole de plus en plus. C’est le seul pays européen qui a été condamné en février par le comité des Droits de l’enfant de l’ONU mais cela n’a rien changé : il faut que la France respecte les engagements internationaux. Cette décision appartient à Emmanuel Macron… »

« Emmanuel Macron ne peut pas être celui qui va laisser périr 200 enfants français dans ces camps, comme il ne peut pas rester le président d’une France condamnée pour avoir violé la convention internationale des droits de l’enfant. Cela décrédibilise et ça salit notre pays. »Marie Dosé à franceinfo

Ce combat fédère de plus en plus de monde : Bruno Solo, des écrivains comme Marie Desplechin, l’humoriste Sophia Aram, les associations de victime du 13-Novembre, la Fenvac. Marie-Claude Desjeux, sa présidente, a dû, au départ, penser contre elle-même. « Ce qui est toujours difficile, c’est d’avoir des positions un peu politique, estime-t-elle. Ce sont des enfants, des victimes de guerre, ils sont otages, et notre pays ne respecte pas les engagements prix. On est un pays finalement qui ne respecte pas les engagements des conventions internationales. Ces 200 enfants doivent rentrer. «  Les associations demandent à être reçues par le président de la République et rappellent qu’ « abandonner » ces enfants dans les camps contribuera à « fabriquer de la radicalisation ».

Syrie : plusieurs associations lancent un appel au rapatriement des 200 enfants français et leurs mères

Par  La rédaction de France Bleu, France Bleu, France Bleu Paris le Lundi 24 mai 2022

Plusieurs associations appellent à l’État à rapatrier 200 enfants français et leurs mères détenus dans les camps du nord-est syrien (illustration) © Sipa – Delil SOULEIMAN

Dans une déclaration commune publiée ce lundi plusieurs associations dont 13onze15 Fraternité et vérité, la Ligue des droits de l’Homme et Amnesty International, appellent l’État « à rapatrier les enfants français et leurs mères détenus dans les camps du nord-est syrien les plus brefs délais ».Dans une déclaration commune publiée ce lundi plusieurs associations dont 13onze15 Fraternité et vérité, la Ligue des droits de l’Homme et Amnesty International, appellent l’État « à rapatrier les enfants français et leurs mères détenus dans les camps du nord-est syrien les plus brefs délais ».

13onze15 Fraternité et vérité, la Ligue des droits de l’Homme ou encore Amnesty International : plusieurs associations appellent le gouvernement « à rapatrier les enfants français et leurs mères détenus dans les camps du nord-est syrien dans les plus brefs délais ». Dans un communiqué commun, elles rappellent que « depuis plus de trois ans désormais, 200 enfants français et leurs mères sont détenus (…) par les autorités régionales kurdes dans les camps Roj et Al Hol ».Selon ces associations, « la plupart de ces enfants avaient 2 ou 3 ans en entrant dans ces camps, et certains y sont nés. Depuis lors, ils grandissent entourés de barbelés, dans la boue ou la poussière, et dorment sous des tentes de fortune été comme hiver ».

Fabriquer de la radicalisation

D’après les organisations associatives, « les conditions de vie désastreuses : les enfants manquent de soins adaptés, ne bénéficient d’aucun soutien psychologique, et ne sont pas scolarisés. Selon les Nations unies, des centaines de personnes détenues à al-Hol et Roj – dont au moins la moitié sont des enfants – sont déjà mortes ces trois dernières années, notamment en raison du manque de soins médicaux, de l’insalubrité, d’accidents comme des incendies de tentes et de l’insécurité grandissante ».

« Ces enfants ne sont coupables de rien » arguent les associations, « ils sont au contraire doublement victimes, du choix de leurs parents d’abord, et de l’abandon de leur pays ensuite ».« Les laisser grandir et prendre le risque qu’ils périssent dans des camps sordides est indigne d’un pays comme la France ». 

Les associations demandent à être reçues par le président de la République et rappellent qu’ « abandonner » ces enfants dans les camps « contribuera à fabriquer de la radicalisation et que la France » peut être « complice de leur détention illégale et de leur punition collective ». 

« On cherche à en faire des fantômes » : l’horreur du « Guantánamo » des enfants français en Syrie

L’OBS par Marie Vaton·Publié le 

Le camp d’Al-Hol, où depuis 2019 des milliers d’enfants vivent dans la misère. (DELIL SOULEIMAN / AFP)

Environ 200 enfants de djihadistes sont toujours détenus dans des camps syriens. Malgré de très nombreuses condamnations par les instances internationales, la France s’isole dans son obstination à ne pas les rapatrier, ainsi que leurs mères.

C’est la tache sur le premier mandat d’Emmanuel Macron. Une faute, au regard des textes internationaux de protection des droits de l’enfant. Un acte manqué qui coûte cher à la France et lui reviendra comme un boomerang à peine le nouveau gouvernement constitué. Le 24 février, le Comité des Droits de l’Enfant des Nations unies a en effet statué : « Le refus de la France de rapatrier des enfants français détenus dans des camps syriens dans des conditions mettant leur vie en danger depuis des années viole leur droit à la vie, ainsi que leur droit à ne pas subir de traitements inhumains et dégradants. »

Avant ça, la Ligue des Droits de l’Homme, les Nations unies, le Conseil de l’Europe, le Parlement européen, l’Unicef, la Croix-Rouge, la Commission nationale consultative des Droits de l’Homme (CNCDH), la Fédération internationale pour les Droits humains (FIDH), Human Rights Watch, Amnesty et, il y a trois semaines, la Défenseur des droits, tous ont fustigé l’obstination du gouvernement français à laisser pourrir l’épineux dossier du sort des enfants français prisonniers des camps syriens. Dans quelques semaines, ce sera au tour de la Cour européenne des Droits de l’Homme (CEDH), saisie du cas de trois enfants et de leur mère, de décider si la France sera condamnée pour traitements inhumains et violation du droit à la vie familiale.

……

[INVITATION PRESSE ] APPEL AU RAPATRIEMENT DES ENFANTS FRANÇAIS DÉTENUS AVEC LEURS MÈRES EN SYRIE

Amnesty Iternational du 19 mai 2022

Dessin d’un enfant français détenu dans les camps de Roj en Syrie

INVITATION PRESSE 

Enfants français détenus avec leurs mères en Syrie

APPEL AU RAPATRIEMENT

Depuis plus de trois ans, 200 enfants français et leurs mères sont détenus dans le nord-est syrien par les autorités régionales kurdes dans les camps Roj et Al Hol destinés aux familles des membres présumés de Daech.

Afin qu’ils soient rapatriés urgemment, Amnesty International France, l’Association 13onze15, la Fédération Nationale des Victimes d’Attentats et d’Accidents Collectifs (FENVAC), le Collectif Familles Unies, la Ligue des Droits de l’Homme & Human Rights Watch vous convient à la

CONFÉRENCE DE PRESSE

Ce lundi, 23 mai 2022 à 10h

Cinéma Luminor Hotel de Ville 

(20 Rue du Temple, 75004 Paris)

En présence de : François Zimeray, Ancien Ambassadeur de France pour les droits de l’Homme, De représentants des associations et ONG ci-dessus, Des parrains et marraines : Patrick Aeberhard, Sophia Aram, Marie Desplechin, Serge Hefez, Fabienne Servan-Schreiber

Association des Droits Humains de La Sorbonne ADHS a lancé cette pétition

L’Université se mobilise pour le rapatriement des enfants français détenus en Syrie

« Décembre 2019. Un troisième hiver dans les camps se profile pour ces femmes et leurs enfants. Certaines, conscientes que plus rien de ce qui les entoure n’est provisoire, commencent à cimenter le pourtour extérieur de leurs tentes ; d’autres creusent des fossés pour empêcher les inondations. « J’ai l’impression de creuser ma tombe et celle d’Aïssa », me confie l’une d’elles. La phobie du feu reprend de plus belle, tous les enfants étant traumatisés par les incendies : à Roj, au cours de l’hiver 2018 et en moins d’un mois, le hangar à gaz et cinq tentes ont pris feu, occasionnant des plaies qui ne cicatriseront jamais.

De tout cela et du reste, les autorités françaises sont informées dans les moindres détails. Juste avant l’été 2019 par exemple, j’avertis le Quai d’Orsay et la présidence de la République du danger que représentaient dans le camp d’Al-Hol les fosses à excréments à ciel ouvert, précisant que les mères s’inquiétaient de voir leurs enfants marcher ou courir à proximité, au risque d’y tomber ; aux mêmes, je transmis également des clichés, certes peu ragoûtants mais on ne peut plus explicites quant à la situation sanitaire dans le camp. Une semaine plus tard, jour pour jour, je me voyais obligée de leur écrire à nouveau : « J’ai attiré votre attention la semaine dernière sur la situation sanitaire qui n’en finit pas de se dégrader dans le camp d’Al-Hol. Je vous avais transmis des photographies des trous creusés à même le sol qui servent de poubelles et de latrines qui constituent un danger pour tous les enfants errant dans ces camps. Avant-hier soir, un enfant est tombé dans une de ces fosses emplies d’excréments et est mort, noyé dans les déjections. (…) Cet enfant avait deux ans. »

C’est ainsi que Marie Dosé, dans son livre « Les Victoires de Daech » paru en 2020, relate tant la monstruosité des conditions de vie de ces enfants détenus dans les camps syriens que l’inertie coupable du gouvernement pourtant informé de cette ignominie.

Chaque jour, les conditions de vie dans les camps du nord-est syrien se dégradent : un enfant a été tué dans le camp Al Hol par un garde kurde, des tentes ont été incendiées dans le camp Roj, la prison Al-Sinaa d’Hassaké a fait l’objet d’un assaut des combattants de Daech, et une femme française est décédée à l’âge de 28 ans dans le camp Roj, le 14 décembre dernier, laissant une petite fille de 6 ans orpheline qui n’a toujours pas été rapatriée…

L’actualité mortifère en Syrie a conduit une kyrielle de voix à s’élever. Ainsi, en quelques mois ont été publiées les tribunes du défenseur des droits, de Bernard Cazeneuve et François Zimeray, d’Arthur Dénouveaux et Me Jean-Marc Delas, et de Serge Hefez et quatre autres pédopsychiatres de renom. Rachid Benzine, islamologue et écrivain, a consacré son dernier livre « Voyage au bout de l’enfance » à ce drame. Un collectif de marraines et parrains a été créé réunissant artistes et intellectuels, et près de 200 parlementaires ont publiquement soutenu l’appel au rapatriement de ces enfants et de leurs mères.

� Et les étudiants alors ?

A l’approche des élections législatives, la voix étudiante est plus que jamais importante et peut faire bouger les choses. Parce que la décision de maintenir ces enfants dans des camps de prisonniers syriens est un choix politique assumé depuis 5 ans par la France.
     
⚫️ Pourquoi cette pétition ?

Pour que ces enfants puissent grandir et se reconstruire dignement, pour qu’ils puissent être accompagnés par leurs familles qui attendent depuis bien trop longtemps leur retour, pour qu’ils puissent apprendre et prétendre à un avenir meilleur, pour qu’ils puissent aimer et être aimés, pour que notre pays cesse de transformer ces enfants et leurs mères en martyrs et nourrir ainsi le discours mortifère de Daesh, et pour qu’enfin la France montre qu’elle peut encore être cette nation pétrie d’humanisme qui ne tourne pas le dos à ses enfants !

Pour que nous étudiants, nous montrons que nous sommes investis dans les sujets qui touchent la France, que nous sommes préoccupés par le sort réservé à ces enfants qui sont et auraient pu être nos frères et soeurs, nos cousins et cousines, nos neveux et nièces !

Pour que nous jouions un rôle dans cette élection en confrontant le gouvernement, les élus, ceux qui prétendent nous représenter, à leur inaction face à cette situation innommable !

Pour que nous soyons ceux qui s’engagent pour offrir une autre image de la France à ces enfants !

Pour que nous obligions la France, qui vient d’être condamnée pour avoir violé la Convention internationale des droits de l’enfant en maintenant ces enfants et leurs mères dans des « Guantanamo pour enfants », à respecter ses engagements internationaux !

Qui peut encore nous faire croire que ces enfants sont une menace pour notre pays ? La place de ces enfants n’est-elle pas sur des bancs d’école plutôt que dans des camps ?

Nous ne devons pas, nous ne pouvons pas rester muets face à une telle situation. Faisons entendre notre indignation face à la violation de leurs droits fondamentaux !

A travers nos voix, faisons enfin entendre la leur !

La dignité de ces familles qui se battent sans relâche depuis des années pour voir enfin le droit respecté et appliqué commande notre profond respect. Pour cela, l’Association des Droits Humains de la Sorbonne entend s’engager à leurs côtés, notamment par la diffusion de cette pétition.

Alors, si la situation de ces enfants vous révolte et que vous souhaitez faire entendre votre voix : SIGNEZ ET FAITES SIGNER !

Pourquoi faut-il rapatrier les enfants français de Syrie ?

L’Humanité par Latifa Madani le mardi 3 mai 2022

La Défenseure des droits, Claire Hédon, a demandé le 28 avril au gouvernement de rapatrier ces enfants, détenus dans les camps kurdes en Syrie depuis près de cinq ans.

AFP PHOTO / DELIL SOULEIMAN

Au nom des droits de l’enfant et de leur protection, la France a le devoir – et le pouvoir – de rapatrier ceux qui croupissent dans les camps du Nord-Est syrien.

Marie Dosé, avocate

Le 24 février 2022, le Comité des droits de l’enfant des Nations unies condamnait la France pour avoir violé la Convention internationale des droits de l’enfant en maintenant 200 enfants entre des barbelés et en les exposant directement à des traitements inhumains et dégradants. En substance, rappelle le comité onusien, notre pays est bel et bien responsable du maintien de ces enfants et de leurs mères dans ces « Guantanamo pour enfants » du Nord-Est syrien, puisque le président de la République a le pouvoir de les rapatrier et refuse de le faire. Notre pays choisit donc de faire payer à des enfants innocents la faute de leurs parents.

En 2019, Emmanuel Macron a participé en grande pompe au trentième anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant et son discours fut unanimement salué : « Fidèle à ses combats, la France a, il y a trente ans, élaboré, ratifié et appliqué la Convention internationale des droits de l’enfant. Elle se bat aujourd’hui encore pour que cette Convention soit ratifiée à travers le monde. »

Sagement assis aux côtés du président, 300 enfants l’ont écouté sans mot dire évoquer leur vulnérabilité et la nécessité…